Tsonga, l’interview décalée, c’est ici ! Si vous en avez marre de parler tennis et p’tite balle jaune, si le circuit ne vous manque pas, si vous êtes ravis de ne plus être suspendus à votre téléphone en attente de résultats en plein milieu d’une soirée… Ce qui suit est pour vous ! Le jeudi 24 octobre sur les coups de 19h, nous avons rencontré Jo‐Wilfried Tsonga, au Park Hyatt Paris‐Vendôme. Cadre très classe, Emmanuelle Béart et Eric Judor dans les parages, et un Jo ravi de pouvoir parler shopping, bonne bouffe et loisirs. L’occasion de se livrer sur des sujets dont il parle peu avec un plaisir… qui nous a fait plaisir ! Un entretien à retrouver dans le numéro un de ClubHouse, disponible ci‐dessous.
Jo, est‐ce que le look est important pour un joueur de tennis ? D’ailleurs, tu y fais attention en‐dehors du court ?
Comment dire… J’aime plutôt ça, mais ma profession complique un peu la chose, car je voyage tout le temps. Quand je pars, je ne peux pas emmener toute ma garde‐robe (rires) ! Je prends l’essentiel. Du coup, sur le court, j’avoue que je ne suis pas vraiment à cheval là‐dessus. Mais, dans ma vie personnelle, j’aime bien faire attention à ce que je porte.
L’essentiel dans la valise d’un joueur de tennis qui part en tournoi, c’est un jean, une veste et une paire de baskets ?
Bien vu (rires) ! En gros, oui, c’est ça. Un jean et une ou deux chemises, car on est amené à participer à des présentations où il faut être habillé un peu smart.
« Smart »… On pense forcément à la fameuse séquence en costume, au Masters. Qui s’occupe de vous habiller pour cette cérémonie ?
En fait, une équipe vient prendre nos mesures à Bercy. Si on se qualifie pour la compétition, on récupère le costume sur mesure dans notre chambre en arrivant à Londres. Et, quel que soit notre résultat là‐bas, on peut le garder (rires).
Pour le premier numéro de Club House, on a choisi New‐York comme destination mode. Qu’en penses‐tu ?
C’est un très bon choix ! C’est une ville que j’adore parce qu’elle est éclectique. On y trouve de tout. Tous les genres se côtoient dans la rue. On s’y mélange énormément et, ça, c’est quelque chose qui n’est pas vraiment dans les mœurs en France. Ici, les gens ne se mélangent pas trop. Si vous allez dans un endroit, vous verrez des gens habillés smart. Dans un autre endroit, tous les gars seront habillés un peu plus street. Ailleurs encore, ce sera baba cool. Ces différents styles se mixent rarement au même endroit. Aux Etats‐Unis, c’est l’inverse, les codes sont moins marqués et des personnes très différentes peuvent se retrouver en un même lieu. Je trouve ça assez chouette.
Tu es un pro du shopping ? Tu y prends du plaisir ?
J’aime ça, oui, mais je ne suis pas accroc. J’ai mes périodes (sourire).
Quelles sont les villes que tu préfères pour le shopping ?
Toutes les villes sont assez différentes sur ce plan‐là. Elles ne proposent pas les mêmes choses, mais je reste persuadé que, Paris, c’est le top…
Et New‐York ?
Oui, New York, c’est super aussi, mais rien ne remplace Paris…
Tu es plutôt shopping chic ou sportswear ?
Un peu de tout. J’aime la variété et je pense que chaque situation mérite son look. S’habiller, pour moi, c’est un peu comme écouter de la musique. Chaque situation nécessite son traitement particulier. Si l’on va dans un endroit classe, on s’habille classe. Si l’on va dans un endroit qui l’est un peu moins, on peut s’habiller plus street et moins formel…
La faute de goût ultime, pour toi, c’est quoi ?
Il n’y en a pas. Chacun fait comme il veut. S’habiller, c’est d’abord se sentir bien dans ses fringues. Le regard des autres ne m’importe pas, c’est le mien qui compte. Regarde, Morgan, mon agent (il le désigne)… Je ne lui dis rien (rires) ! Son style british, avec un peu de violet, de bleu, de rouge, c’est parfait (éclat de rires général) !
« Je n’ai pas besoin que ça brille. Mes racines, c’est Le Mans, la nature, la pêche… »
Il y a des accessoires qui font la différence ?
Un accessoire, ça peut être n’importe quoi : une casquette, un bonnet, un bracelet, une bague, un pendentif. Je n’en ai pas un en particulier. De toute façon, comme je te l’ai dit, je ne me fixe jamais sur une chose en affirmant : « Ca, c’est mon style. » J’aime surprendre. Quand les gens me voient en costard, ils me disent souvent que ça leur fait bizarre. Moi, je leur réponds : « Oui, mais j’aime bien ! » Parfois, quand ils me voient dans un style plus street, ils m’interpellent : « Toi, tu viens de la rue ! » En fait, pour résumer, ce que j’aime, c’est changer. Et, surtout, m’adapter aux circonstances.
Une sorte de caméléon…
Oui, voilà, c’est ça, je suis un caméléon, et j’adore ça !
Parfois, tes choix peuvent étonner, non ? On l’a constaté à Vienne, par exemple, lors d’une opération de promotion du tournoi. Tu jouais sur un mini‐terrain installé en plein centre ville avec Fabio Fognini. Lui était en jogging, toi en costard…
Moi, je pense que le look, c’est une plus‐value pour notre sport. Notre objectif, c’est aussi de faire rêver les gens. Si, à chaque opération, tu arrives en tenue de sport, ce n’est pas super « bandant ». Certes, au lieu de mettre une veste, j’aurais pu enfiler un sweat et des baskets, mais, non, je voulais casser un peu les habitudes ! Visiblement, ça a marché…
Dans l Eurostar direction le Queens et Wimbledon. Merci pour votre soutien durant ce Roland Garros ! #loveyou pic.twitter.com/T9CLTyRwcR
— Jo‐Wilfried Tsonga (@tsonga7) 9 Juin 2013
Justement, tu te lasses de cette tenue sportswear que tu dois porter au quotidien ?
C’est mon uniforme de travail (rires). Alors, oui, forcément, on s’en lasse. C’est pour ça que j’aime autant changer de style vestimentaire. Il faut s’adapter. S’adapter, mais, attention, il ne faut pas oublier d’où l’on vient. Moi, je suis d’un milieu rural avec des valeurs fortes et, pourtant, ce soir, je me retrouve ici, dans un hôtel ultra‐luxueux. A moi de savoir faire la part des choses.
Ca veut dire que tu ne prends pas de plaisir à être dans un endroit comme celui‐ci ?
Non, ce serait hypocrite de l’affirmer. Evidemment, c’est confortable, c’est chouette. Tout à l’heure, en arrivant, j’ai vu des acteurs… des actrices, surtout (rires), qu’on voit habituellement au cinéma. C’est sûr que c’est sympa, c’est drôle ! Mais, d’une certaine manière, j’ai conscience que, mes racines, ce n’est pas ça. Mes racines, c’est Le Mans, c’est la nature… Ce que j’aime profondément : la pêche, une balade en 4×4… Je n’ai pas besoin que ça brille.
C’est aussi une forme d’épicurisme, non ? D’ailleurs, tu aimes la gastronomie ?
Ca dépend de ce que tu appelles « gastronomie ». J’aime la bonne bouffe, mais, il y a des trucs que je trouve bizarre en France. Par exemple, quand tu es invité chez des gens et que tu viens avec un ami qui n’était pas prévu, on te dit : « Oh, mince, on ne savait pas que vous étiez deux ! On n’a que quatre steaks… Comment on va faire ? » Et c’est la panique ! Alors qu’en Afrique, tu peux venir avec trois potes, ça ne pose aucun problème (rires). La personne qui reçoit a cuisiné beaucoup plus qu’il ne faut, dans l’idée qu’on soit nombreux et qu’on mange tous ensemble dans une atmosphère conviviale… En France, du coup, j’anticipe ! Je mange avant de partir, on ne sait jamais (sourire).
« Sur le circuit, on mange bien et, l’avantage, c’est qu’on touche à une culture différente dans chaque pays visité »
Tu aimes recevoir des amis, prendre le temps de leur préparer un bon repas ?
J’ai tendance à cuisiner des plats africains que les gens ne connaissent pas. Mais j’habite aussi au pied des montagnes (NDLR : en Suisse), donc ça m’arrive d’inviter des copains et de faire simplement une bonne raclette à la maison, tranquille.
Et le vin, dans tout ça ?
Je ne suis pas assez connaisseur pour te dire que je préfère tel cru à tel autre, mais j’aime ça. D’ailleurs, Mika Llodra est un vrai professeur en la matière. Mais, comme je ne suis pas à fond dans l’œnologie, je ne retiens pas forcément les noms, les cépages, les millésimes. Enfin, je pense quand même savoir différencier un bon vin d’une piquette (rires).
On mange bien sur le circuit ?
Oui, on mange bien et, l’avantage, c’est qu’on touche à une culture différente dans chaque pays visité. Evidemment, avec les années, quand on joue un tournoi, on a ses habitudes. On mange souvent dans les mêmes restaurants.
Il y en a un que tu aimes particulièrement sur le circuit ?
Oui, à Shanghai, il y en a un que j’adore. C’est un resto thaï où je vais souvent avec Michel, mon ostéo. Mais, en fait, j’ai mes adresses dans toutes les villes (rires).
Et la pêche ? On est bien obligé d’en parler… Rafael Nadal, comme Miloslav Mecir par le passé, est aussi un adepte. C’est une spécialité du joueur de tennis performant (rires) ?
(Rires) Non, c’est une grosse bêtise d’affirmer cela !
Qu’est-ce que tu aimes, dans la pêche ?
La nature et la convivialité. Moi, je fais un peu de pêche à la mouche, ce qui est un peu compliqué pour la convivialité, car, en général, il vaut mieux être tout seul au bord de la rivière. A deux, on fait trop de bruit. En revanche, je pêche aussi le carnassier en mer… De temps en temps, je prends le temps d’en faire. Ca reste des moments privilégiés dans l’année. Si j’arrive à y aller deux fois par an, c’est top.
Qui t’y a initié ?
Mon père et mes voisins, quand j’étais petit. La première fois que j’y suis allé, je devais avoir quatre ans.
Et tu as vu le fameux film sur la pêche à la mouche « Et au milieu coule une rivière » ?
Non, malheureusement ! Et, pourtant, on m’en a parlé une bonne vingtaine de fois (rires) !
Tu es cinéphile ?
Non, pas vraiment. Pourtant, beaucoup de joueurs le sont sur le circuit, car on a pas mal de temps à tuer. Eux le passent à regarder des films. Mais, moi, j’ai du mal à me poser derrière mon écran pour regarder un film. Quand j’ai du temps, je préfère appeler mes copains, discuter avec la famille. J’écoute beaucoup de musique aussi, c’est quelque chose que j’aime bien.
Quel style de musique ?
C’est comme les vêtements, ça dépend de mon humeur !
Il y a des styles que tu n’écouteras jamais ?
Oui, le hard rock, par exemple. Même si j’aime le rock, là, ce n’est pas possible (rires) ! Ce qui est dommage, c’est que je n’ai pas trop le temps d’aller à des concerts quand je voyage, c’est un vrai regret.
Jo, pour finir cet entretien, on t’a amené une relique (on lui présente son tee‐shirt Adidas de l’Open d’Australie 2008)…
Je le reconnais, mais ce n’est pas le vrai, moi, j’avais un zip. Ce polo, j’y tiens vraiment. Il me rappelle beaucoup de choses et j’adorais ce style. Ca me ressemblait vraiment ! En plus, c’est avec lui que tout a commencé. Bon, allez, même si ce n’est pas l’authentique, je vais quand même le signer (sourire).
- Ace de Cœur : rendez‐vous le 16 décembre au Mans
- C’est la deuxième fois que Jo convie ses amis pour une exhibition au profit de l’association Ace de Cœur. Cette année, cette fête du tennis aura lieu le 16 décembre au Mans. Jo‐Wilfried Tsonga nous explique son initiative.
- « Ce n’est jamais facile de monter un tel événement, parce qu’il faut trouver des dates, une salle qui veut bien nous accueillir… C’est toute une organisation, ça prend beaucoup de temps. J’avais bien aimé la première édition, à Rouen, parce que ça me ressemblait. C’était simple, super cool. On était vraiment là pour aider les gamins. C’était très bien. L’objectif, au Mans, c’est de garder cet état d’esprit. Comme c’est dans ma ville, il y a aura une ambiance particulière, c’est certain. Mais il ne faut pas oublier que ça reste une manifestation caritative. J’y tiens vraiment, il ne faut pas que ça se transforme en Tsonga show. »
Publié le vendredi 22 novembre 2013 à 18:07