Notre bloggeur, revient sur sa première saison en tant que coach d’Anastasia Pavlyuchenkova.
Ta joueuse a vraiment réalisé une superbe année, cela doit être une vraie satisfaction…
Anastasia a effectivement connu une progression très importante cette année puisqu’elle est passée de la 286ème à la 45ème place à la WTA. Elle a même conclu l’année en trombe en enchaînant des victoires dans deux 100 000 d’affilée. Certes, c’est une très belle progression, la plus importante de toutes les joueuses du Top 100 cette année, et je pense que c’est rassurant. En effet, lorsque les choses se mettent en place rapidement, et que la joueuse est jeune (c’est le cas avec Anastasia qui a tout juste 17 ans), c’est encourageant pour la suite. Mais nous devons garder la tête froide : nous sommes loin du but encore, et effectivement, la route est encore longue. Son potentiel pour aller beaucoup plus haut est là, mais elle doit encore progresser dans de nombreux domaines. Elle en est consciente, la dynamique est positive, et elle est prête à faire le travail.
Est‐ce que tu t’attendais à un tel niveau de performance ?
Je pense que tout était réuni pour que le talent d’Anastasia puisse s’exprimer. Elle a un état d’esprit de championne, elle est très déterminée, elle n’a peur de personne, et est très ambitieuse. Ensuite, je pense que nous avons une bonne relation. Je sens qu’elle a confiance en moi, et s’investit totalement dans le travail que je lui propose. Enfin, tout est très clair à tout instant : où elle en est et ce que j’attends d’elle. Elle sait ce vers quoi son jeu doit évoluer, ce que l’on travaille, comment elle doit s’investir. Avant chaque match, elle a un plan précis, des objectifs et elle sait que nous ferons un débriefing après. Elle a donc une lisibilité totale à tout instant, et je pense que le fait d’avoir des choses claires en tête est un réel atout pour avancer.
Vos objectifs doivent être élevés pour 2009 ?
Nous avions fixé comme objectif 2008 d’atteindre le top 100. En juillet, elle était 80ème. Nous avons donc revu l’objectif à la hausse : intégrer le top 50. C’est désormais chose faite. Pour 2009, je pense qu’elle peut atteindre le Top 20, mais au fond de moi, je serai vraiment satisfait si elle intégrait le top 10. Cela paraît très ambitieux, mais je pense que c’est réalisable. Nous n’en avons pas encore parlé parce que je voulais la laisser savourer son année. Dès son retour de vacances, nous devrons en discuter.
C’était ta première année sur le circuit, tes impressions !
Comme tu le signales, c’est la première année que je voyage full time sur le circuit. J’ai souvent entraîné et suivi des joueurs (Baghdatis / Vakulenko notamment), mais j’ai toujours voyagé avec eux à mi‐temps car je voulais rester à l’Academy pour m’occuper également des autres. C’est donc une grande première. Si j’ai accepté de le faire, c’est aussi parce que je crois beaucoup en les capacités d’Anastasia. J’ai pris beaucoup de plaisir cette année, d’autant plus que les résultats ont été au rendez‐vous. Mon meilleur souvenir ce sont ces quelques moments privilégiés que ce sport nous fait vivre : Anastasia gagne Poitiers 100 000 , puis enchaîne sur Bratislava un autre 100 000 . Avant même le début du tournoi, elle est très fatiguée. En quart de finale, elle dispute un match d’anthologie face à Kvitova où elle s’impose en sauvant 5 balles de matchs. Lorsqu’elle gagne finalement le tournoi enchaînant deux semaines exceptionnelles, l’émotion est énorme. Elle est sur le court, elle vient de serrer la main de son adversaire, et je sais ce qu’elle vit intérieurement. Elle me regarde et a envie de partager ce moment avec moi. Alors elle me fait signe de venir : ”Nous savons ce que nous avons fait pour en arriver là” semble‐t‐elle me dire. Alors cette accolade sur le terrain, c’est aussi pour ça que nous faisons ce métier. Des mauvais souvenirs, il n’y en a pas, ou plutôt si, chaque défaite est un mauvais souvenir, mais il est vite éclipsé car aussitôt, nous l’utilisons pour apprendre et être meilleur la fois suivante.
Publié le jeudi 13 novembre 2008 à 20:48