Et crotte alors ! Apolline va encore passer pour une triste sire, la fille aux yeux de laquelle rien ne fait autorité. Mathieu gagne et au lieu de le féliciter, Apolline va écrire qu’il a déjà perdu. Non pas parce qu’il hausse les épaules et dodeline de la tête en conférence de presse mais parce qu’il joue les point en huit coups au lieu de quatre.
A Welovetennis, on aime Paul‐Henri Mathieu. Parce qu’il aime le tennis. Ca se sent. Il tombe, il se relève. Il retombe, il se re‐relève. C’est un vaillant gaillard. En général l’Alsacien est gaillard. Il y a également ce geste de frapper son coeur qu’il se met désormais à partager avec son coach, Mats Wilander. C’est beau un coeur comme symbole d’union dans le tennis. Tiens on devrait créer un site rien que sur ce logo‐là.
Trêve de plaisanterie. Vous pensez que Mathieu vient de signer son retour à la vie après avoir été mené 2 sets à 0 ? Peut‐être. Mais tout aussi sûrement son arrêt de mort dans quelques jours. Parce qu’il n’aurait pas la caisse physique pour enchainer trois matches commes ça ? Si, si, il a la caisse. Parce qu’il aurait un problème de timing ? Non, Mathieu a un rythme de frappe et un timing qui en fait un véritable top player. Du lourd de chez lourd.
Vous n’y êtes pas. Si Mathieu tombera un moment sur un os, c’est qu’il y a au moins un coup sur deux tiré du fond du court qui lui permettrait de venir au filet en smili charentaises, mais Mathieu n’y vient pas. Faites le calcul vous‐même, huit coups minimum et quatre possibilités de monter par point. Bilan : quatre coups de trop pour chaque point et au final, 12 sets plus loin, autant de coups de pioche dans son capital tennistique.
Mais surtout autant de coups où Mathieu continue de n’apporter aucune autre variation que badaboum à droite et badaboum à gauche. Pas une amortie. Pas une seule amortie en quatre heures et demi de jeu ! Pas un chop. Pas une attaque au centre. Pas un service volée (à part à 40–0). Non, juste cette entreprise de démolition du fond du court. Car oui, les coups de Mathieu font mal et mettent l’adversaire en danger quasiment sur chaque frappe (lire l’interview de Nadal dans l’Equipe d’il y a deux jours pour le comprendre) mais ils font surtout du mal à Paulo. Encore plus quand il gagne les matches, car ce système le confirme dans une forme de jeu à l’usure qui l’use lui‐même. Bien sûr, on peut rentrer dans le top 5 en jouant comme ça. Davydenko fut bien 3ème avec la même patate à droite et à gauche. Et après ? Ce jeu‐là est condamné face à des Federer, Nadal, Djokovic, parce qu’eux justement vont rentrer dans le terrain et finir au filet dès que l’occasion se présente. Et ils vont quelque part se préserver physiquement et mentalement. Car ce système est surtout condamné en ce qu’il laboure la tête du joueur. Ne cherchez pas ailleurs les raisons des fins de match de Mathieu. S’il a toutes les peines du monde à boucler une partie, c’est qu’une balle de match ne se joue pas comme un autre point, et Mathieu continue de les jouer pareil qu’au point précédent : badaboum à droite, badaboum à gauche. Mais si tout à coup, il grippe, il n’y a plus de plan B à disposition.
On sait que Wilander est en train de bosser là‐dessus. On sait qu’il doit sûrement passer ses journées à démontrer à son joueur que ce dernier a une volée honorable. On sent que Paulo a besoin d’être convaincu. Mais il faudrait surtout qu’il accepte une règle de ce tennis‐là : c’est de se faire passer. Aujourd’hui en plein milieu du 3ème set, le Français monte deux fois sur deux attaques de coup droit croisé, profondes, bien placées et il prend deux missiles dans les gencives. Deux passings croisés, bien tirés, rien à dire. Matthieu devrait se dire que ça le Hernandez, il ne le sortira pas quarante fois dans le match. N’empêche qu’on ne l’a plus revu au filet de tout le match à part pour venir poser des volées faciles sur une défense espagnole en bout de raquette et pour serrer la main de son adversaire après lui avoir balancé 726 coups droits dans les gencives.
Le chantier est ouvert. Wilander parviendra‐t‐il à convaincre son poulain d’une métamorphose qu’il a lui‐même enclenchée après sa défaite contre Noah en 1983 ? Au regard de la complicité qui se dégage entre les deux et qui est la vraie bonne nouvelle de ce 2nd tour, tout devient possible.
Tiens, c’est bon comme slogan ça aussi. Penser à voir ce que ça donnerait avec un coeur. PS : Bienvenu aux nouveaux arrivants sur notre site. Qu’il ne s’inquiète pas sur les prises de position des chroniques d’Apolline et cette façon de parler d’elle à la 3ème personne, c’est juste un coup à prendre. Dans quelques jours vous commencerez à apprécier. Dans dix jours, vous ne pourrez plus vous en passer.
Publié le jeudi 29 mai 2008 à 00:48