Difficile de rester insensible à la déroute d’une équipe de France. Difficile aussi de ne pas rappeler certaines règles qui permettent à un sélectionneur, un capitaine, d’être efficace et surtout en phase avec son groupe. Si le football et le tennis se ressemblent peu, l’idée du mentor n’a pas de frontières sportives.
« Il faut arrêter cette théatralisation, aller à l’essentiel, parler franc, c’est cela que veulent entendre les joueurs, rien d’autres, c’est évident » voila comme Bernard Lama commentait le désastre français en faisant référence à Raymond Domenech. Il faut dire que l’ex‐arrière droit de Strasbourg est un comédien de tout premier ordre. Sa demande en mariage à la fin du match, en direct sur M6, confirme bien que quelques fois, la lucidité s’envole, et le début du cataclysme médiatique commence. Dans un temps plus révolu, et avec une balle nettement plus petite, l’un des joueurs les plus doués de sa génération a eu également une sortie de piste mémorable avant de redorer son blason de façon remarquable et mémorable. Etrillé en finale à Roland Garros par un Wilander qui avait pilonné son revers, Henri Leconte, encore enfant, avait tenté au micro le : « j’espère que vous avez compris mon jeu ». Cela n’avait rien d’une déclaration d’amour, le gamin ayant simplement voulu s’excuser d’avoir raté une finale après une quinzaine remarquable. D’ailleurs, si Henri l’avait emporté ce jour là, il se peut que le tennis français aurait une autre gueule aujourd’hui comme l’expliquait avec un certain humour Yannick Noah dans le documentaire signé de sa 3ème femme récemment rediffusé sur France 2 : « Il y a beaucoup de gens qui me disent que c’est logique que j’ai réussi dans la chanson parce que j’ai gagné gagné Roland Garros, mais putain depuis 25 ans y’a personne qui a encore gagné Roland Garros pire un tournoi du Grand Chelem , donc cela ne doit pas être aussi évident ».
Fin de la parenthèse, et revenons sur Raymond Domenech. Hier, il s’est dégagé un profond malaise d’être pris à témoin d’un moment aussi personnel qu’une demande en mariage. C’était totalement indécent, inaproprié, déplacé. Mais pas si suprenant, cela complètait la gestion d’une image basé sur le contre pied perpétuel, une image aujourd’hui totalement brouillée par une réalité criante : celle de l’incompétence, d’une incompétence jamais reconnue en plus, c’est encore ce qu’il y a de pire.
Exemple : « Tu verras Laurent, Thierry Champion est un super coach » m’a expliqué il y a un an un spécialiste du circuit après que très critique envers le Français, suite à une longue interview, je mettais en doute ces capacités d’entraineur performant. C’est pour cela que quand j’ai appris qu’il avait lâché PHM pour Gaël, j’en ai perdu mon latin. Mais force est de constater que la mayonnaise semble prendre entre lui et Gaël, que j’avait fait preuve de suffisance et surtout d’incompétence.
Coach est donc un métier difficile, sélectionneur l’ait encore d’avantage, surtout quand les performances ne sont pas au rendez‐vous. Cela dépend évidemment des connaissances techniques, tactiques mais aussi d’un univer impalpable : l’humain : « Moi en technique, je suis nul, en revanche au niveau de l’approche mental dans certaines conditions, je suis le meilleur » commentait Yannick Noah à propos de l’exploit face aux Etats‐Unis en 1991. Super technicien ou super pro du mental, il existera donc en revanche toujours un principe pour parvenir à des résultats : il faut que le joueur respecte son coach et inversement, qu’un climat de confiance soit établi constamment : « Yannick quand il nous disait de manger que des céréales, on le faisait, quand il nous disait de courir 20 km aussi, tout simplement parce que l’on lui faisait confiance » commentait Forget toujours dans le même documentaire. Tout Raymond ne l’a pas, ne l’a jamais eu, et ne l’aura jamais. Pour terminer cet euro, on finira aussi par une dernière image, celle de Thierry Henry relevant Karim Benzema. Là aussi, l’image est une pirouette, elle ne ressemble en rien à celle de Yannick relevant Guy ou portant Henri en 1991. Certes à Lyon, il y avait la victoire, mais il y avait aussi une vraie amitié : « Quand on se revoit on sait, on a rien à dire de plus, on sait » expliquait encore Yannick alors que juste avant le début de l’Euro, Emmanuel Petit avait eu cette phrase assassine : « On a parlé de Génération 1998, mais depuis la Coupe du Monde, je n’ai jamais parlé à Zinedine Zidane, de toute façon on a rien à se dire ». C’est peut‐être pour tout cela qu’à WLT on préfère la petite balle jaune au cirque médiatique du ballon rond.
Publié le mercredi 18 juin 2008 à 18:05