On nous avait prévenu. Mais on voulait le voir de nos propres yeux. C’est donc caméra au point, stylos dégainés, prêts comme jamais que nous avons passé une petite demi‐heure avec le grand Stefan. Bercés par les cris d’Henri Leconte qui se démenait sur le central du Trophée Lagardère face à Guy Forget on a pu passer en revue une carrière marquée par l’offensive, le talent, la prise de risque mais aussi le fair‐play. En quelques mots, une carrière synonyme de classe ponctuée mais faut‐il le rappeler par 6 titres du Grand Chelem et une place de numéro mondiale en 1990.
Quand Apolline a présenté le dernier numéro de Grand Chelem à Stefan pour qu’il comprenne à qui il avait à faire, le Suédois a esquissé un petit sourire en voyant la une et les fausses épaules de Roger.
Un sourire posé, tranquille, un sourire comme pour nous dire : les gars, je vous ai compris. Ce sourire, Stephan nous l’a constamment servi à chaque fin de réponse lors de cet entretien signifiant ainsi qu’au final redevenir l’espace d’un long week‐end une star de la petite balle jaune était un moment plutôt amusant. « Vous savez à l’inverse de Mats, je ne suis pas l’actualité du tennis régulièrement » nous répondait d’emblée l’homme au coup droit recouvert. « Mais même si je ne regarde pas tous les matchs, je peux vous dire que le niveau n’a jamais atteint de tels sommets, j’en suis bluffé, je suis admiratif, vraiment ». Admiratif de Nadal « He is like a tiger », élogieux et fan de Roger « Quelle légèreté, pas un seul geste de trop ». Elogieux mais aussi critique : « Je ne comprends pas son idée de rester au fond du court notamment à Wimbledon où il est venu une seule fois au filet. De plus pour gagner en montant au filet, il faut le faire dès le premier tour et ne pas improviser cela en finale par exemple » soulignait Stefan.
De tous les champions croisés ce jeudi au 5ème Trophée Lagardère, Stefan donnait quelques fois l’impression d’être ailleurs, car ce circuit il ne le goûte pas souvent. « Oui, ça me fait plaisir d’être ici de taper la balle mais vous savez je suis très occupé par mon travail dans la finance en Suède ». C’est sûrement pour cela qu’il est venu avec toute sa famille.
En somme, un week‐end prolongé avec ses filles qui ne l’avaient jamais vraiment vu jouer. « C’est vrai elles ont pris une caméra » dit‐il espiègle avant que l’on revienne obligatoirement sur cette fameuse finale perdue face à Michaël Chang. « J’ai eu des regrets mais je vous rassure pas pendant dix ans, je pense que cela s’est joué sur les balles de break que j’ai eu au 4ème set, mais de toute façon cette édition était spéciale, j’avais battu Becker en demi et Chang était dans un autre monde ».
Rencontrer une star qui a bercé son enfance est toujours un moment délicat sauf quand justement la star ne feint rien. Quand la star est presque aussi sculpturale qu’à « l’époque », quand elle ressemble encore physiquement à l’image du champion qui soulevait les trophées.
Stefan Edberg était de passage à Paris cette semaine, comme pour rappeler en un enchaînement service‐volée que le tennis restera un sport de haute‐voltige !
PS : L’intégralité de son interview vous sera offerte dans le prochain numéro de Grand Chelem, le numéro 10, début Décembre !
Publié le vendredi 19 septembre 2008 à 21:14