Fabrice, peux‐tu nous dire, dans ta carrière, quel(le) est, ou quel(le) a été …
… le match où tu as le plus pris ton pied ?
Contre Federer à l’US Open, en 2005 (1er tour, ndlr)… 23 000 personnes, New York, la nuit, le n°1 en face… Sur ce match, j’ai vraiment joué mon meilleur tennis, et je m’incline au final 7–5 7–5 7–6 (2).
… celui que tu as le plus « balancé », si cela t’est déjà arrivé ?
J’ai souvenir d’un tournoi à côté de New York, où j’étais arrivé en famille‐ avec ma compagne et ma fille‐ mais je n’aimais pas du tout le tournoi et ne nous y sentais absolument pas en sécurité, donc je leur ai dit « Je pense que l’on ne va pas rester longtemps ici»…
… le match le plus éprouvant ?
Certainement celui contre Gaston Gaudio à l’Open d’Australie en 2006 (3e tour, ndlr). Il faisait 40‐ 45°C, Gaudio jouait très bien, me faisait courir dans tous les sens. Le match a duré quatre heures, j’ai cru que j’allais mourir ! (victoire de Santoro 63 62 57 16 64, ndlr) J’étais au bout du rouleau, vraiment. Des matches comme ça, où j’ai énormément souffert sur le plan physique, j’en ai joué pas mal.
… ta plus grosse déception sur le terrain ?
1993, Roland‐Garros. Je jouais très bien, j’étais quasiment à mon meilleur classement à l’époque (20e mondial). Je joue au 1er tour contre le japonais Matsuoka et je perds en quatre sets (76 36 63 63, ndlr) en faisant un très mauvais match…
… ton plus gros coup de gueule sur le court
?
Je n’ai pas de match en particulier qui me vienne en tête, en revanche je peux dire que j’ai eu deux années‐ 2005 et 2006‐ où je m’en prenais régulièrement aux arbitres… chose que je regrettais systématiquement le soir en regagnant ma chambre d’hôtel !
… ton point le plus magique ?
L’année dernière, à, j’ai fait un passing, entre les jambes, lobé… Voilà (sourire). Je l’ai tenté, avais très peu de chances de réussir, et il est passé : j’étais très, très, très content.
… l’abandon que tu aurais pu éviter ?
A vrai dire, j’ai très rarement abandonné. Quand il m’est arrivé d’avoir des douleurs à droite à gauche, sur le haut ou sur le bas du corps, j’ai toujours essayé de terminer mes matches. Pour des problèmes physiques, en général, je n’abandonne pas.
… ta meilleure wildcard ?
J’espère que ce sera à la fin de cette année… à Bercy, pour mon dernier tournoi (sourire).
… l’entraînement où tu en as le plus bavé ?
A une période (il y a dix ans), je commençais l’entraînement à 6h30 du matin, dans le sauna, à jeun. Je me mettais accroupi, et restais accroupi dans le sauna pendant une demi‐heure. Ça, c’était pour débuter la journée. Après, j’avais droit à une douche à 5°C, quasiment glacée… C’était assez douloureux. Ce type d’entraînement fait, en revanche, beaucoup de bien sur le plan mental.
… l’arbitre le plus fun sur le circuit ?
Pascal Maria. Il est très pro, sérieux et compétent, sans pour autant se prendre la tête sur sa chaise. Et il est fun aussi en dehors du terrain.
… celui le plus chiant ?
Norm Chryst (un Américain).
As‐tu déjà eu un ramasseur de balles étourdi ou farfelu ?
Jamais. Les ramasseurs sont des gamins passionnés de tennis, très fiers et heureux d’être là. Ils prennent leur travail avec le plus grand sérieux qui soit, et ont énormément de pression, on ne s’en rend pas toujours compte.
… ta victime préférée sur le circuit ?
Marat Safin.
… a contrario, ta « bête noire » ?
Yevgeny Kafelnikov.
…. le champion qui t’a le plus inspiré ?
John McEnroe.
… l’adversaire le plus fair‐play ?
Stefan Edberg.
… l’adversaire le plus « mauvais joueur » ?
Guillermo Coria.
… le joueur le plus cool avant d’entrer sur le court ?
Ça doit être moi ! (sourire)
… celui le plus stressé ?
A une certaine époque, je t’aurais répondu Paul‐Henri Mathieu. Mais il a beaucoup mûri.
… le plus bizarre ?
Rafael Nadal, quand on ne le connaît pas, peut être un peu surprenant dans le vestiaire. Il essaye d’impressionner l’adversaire. Mais c’est tout de même un gars drôlement sympa sitôt le match terminé.
… la poignée de main la plus hallucinante ?
Contre Tomas Berdych à Wimbledon en 2006… Je n’ai pas eu de poignée de main.
… celle la plus sympa ?
Roger Federer, à l’Open d’Australie, en 2008. Il a passé le filet pour me féliciter, car, en disputant mon 62e Grand Chelem, je venais de battre le record d’André Agassi.
… le joueur avec qui tu as formé la meilleure paire de double ?
Michael Llodra.
Une anecdote à ses côtés ?
Il m’a poussé à faire un strip‐tease quand on a gagné l’Open d’Australie ! (rires)
… le discours d’après-match le plus drôle que tu aies entendu ?
C’était souvent Goran Ivanisevic le plus drôle.
… le discours que tu as été le plus ému de prononcer, jusqu’à présent ?
Je pense cette année à l’Open d’Australie, après ma défaite au 3e tour contre Andy Roddick (63 64 62, ndlr). Je ne m’attendais pas à toute cette cérémonie.
… le meilleur comédien auquel tu aies eu affaire sur le terrain ?
Coria aussi je pense.
… le modèle de raquette que tu as le plus utilisée ?
La Radical, de Head.
… la tenue que tu as préférée ?
Une tenue bariolée, il y a deux ans (sourire)
Celle avec les rayures multicolores ?
Exactement. J’adore celle‐là !
Ce polo bariolé n’était en effet pas passé inaperçu. Est‐ce la raison pour laquelle c’est ta tenue préférée ?
Je ne sais pas. Mais je l’aimais beaucoup.
… la tenue que tu aurais, en revanche, préféré ne jamais porter ?
Il n’y en a pas.
… le public le plus chaleureux ?
Celui de Roland‐Garros.
… celui le plus hostile ?
Je n’ai pas joué de rencontre de Coupe Davis en Amérique du Sud ou quoi que ce soit, donc je n’ai jamais eu affaire à un public hyper désagréable.
… ton tournoi préféré ?
French Open ! (sourire)
… le tournoi le plus galère ?
Tachkent, en 1994. On se tape un Stockholm‐ Moscou, puis un vol intérieur pour aller de Russie en Ouzbékistan. Ensuite : pas de bagages… Grosse galère… Hôtel plus que limite… La totale quoi !
… le plus beau stade ?
Monte‐Carlo est complètement magique. C’est un stade exceptionnel.
… le plus bel hôtel ?
Il y a beaucoup d’hôtels sympas. Mais, bizarrement, quitte à être longtemps dans une ville, je préfère louer un petit appartement, où j’aurais à recréer une atmosphère familiale. Donc le plus bel hôtel, je dirais que c’est lorsque j’arrive à louer un petit appart’ sympa avec ma famille.
… l’hôtel le plus étrange ?
A Madrid, le Silken Puerta America. Il y a quinze étages, et un architecte par étage. Quinze architectes différents… Qui en ont fait quinze délires. Chaque étage est complètement fou, et très, très surprenant, étonnant. J’avais eu droit à une chambre complètement « open » : on voyait tout, de partout !
… le tournoi où l’on mange le mieux ?
Monte‐Carlo.
… le cadeau le plus inutile que tu aies reçu sur un tournoi ?
On m’a offert un jour‐ même si cela partait d’un très bon sentiment) un polo de la marque la plus concurrente de Lacoste… L’intention était bonne, mais je ne pourrai malheureusement jamais le porter !
En bref, quel est le pire du pire dans ta carrière ?…
Je ne m’en souviens plus, parce qu’il est très loin…
… Et enfin, le meilleur du meilleur ?…
… reste à venir ! (sourire)
Interview réalisée par Krystel Roche.
Publié le vendredi 24 avril 2009 à 09:49