En se qualifiant pour les demi‐finales du Masters 1000 de Montréal, Jo‐Wilfried Tsonga prouve que ses ambitions, « titiller les meilleurs », « se rapprocher du top 5 », demeurent légitimes. En attendant mieux.
Jo‐Wilfried Tsonga a effacé ses deux pénibles revers contre Ivo Karlovic à Wimbledon et John Isner à Washington. Frustré lors de ces défaites, le numéro 1 français a redressé la barre lors du Masters 1000 de Montréal. Le Manceau s’est qualifié pour les demi‐finales en sortant Roger Federer, 7–6(5), 1–6, 7–6(3), après avoir remonté un déficit de 5–1 dans la dernière manche. Au placard « l’impression de ne pas jouer » au troisième tour du Grand Chelem londonien, oubliés les ricanements après le deuxième tour de Washington. Le numéro 7 mondial vient de battre le dernier membre du Big Four qui manquait à son tableau de chasse.
En battant le numéro 1 mondial, Tsonga a rappelé au monde du tennis qu’il est l’un des joueurs les plus dangereux du circuit, une performance que l’on attendait depuis un moment. En effet, depuis l’Open d’Australie, ses derniers résultats face aux cadors de l’ATP dans les tournois majeurs s’étaient souvent soldés par des défaites. Seul Novak Djokovic semblait souffrir vraiment des coups de boutoir du Français. Le Serbe avait été vaincu en finale de Bangkok, à Bercy, et à Marseille. Mais il a gagné le dernier face‐à‐face en quarts de finale au Masters 1000 de Miami.
Cette fois‐ci, Tsonga a passé le cap face à Federer, qui restait sur 21 succès consécutifs. Fessé à Madrid l’année passée, le Manceau a échappé de justesse à la même déculottée lors des deux dernières manches. Son service retrouvé dans les moments cruciaux, et surtout, son slice de revers, une nouveauté technique à ce niveau du jeu, lui a permis de renverser la situation, aidé par un Federer passif et abandonné par son service.
Toujours est il que la technique plus complète de Tsonga a nourri ses ambitions lors de cette première partie du Masters 1000 de Montréal. Le final four montrera où en est le finaliste de l’Open d’Australie 2008 en ce qui concerne l’enchaînement des grandes performances. En effet, cela fait un moment qu’il n’a pas réalisé deux ou trois grands matchs consécutifs. Même sa victoire à Bercy, après des succès sur Stepanek, Djokovic, Roddick, Blake et Nalbandian n’est pas à la hauteur de son parcours australien. Les références sont Federer, Nadal, Murray et Djokovic.
Justement, l’Écossais se dresse sur la route du numéro 1 français. Présent en finale des trois derniers Masters 1000 joués sur dur américain, pour deux victoires, Andy Murray semble être le grand bonhomme de cet été américain avec l’US Open en point de mire. A égalité dans leur tête‐à‐tête, les deux joueurs proposeront une opposition de style, entre la force pure et brutale de Tsonga contre la variation et la main de Murray. Ce dernier peut même devenir numéro 2 mondial s’il gagne ce match. Tandis que le Français gagnerait en crédibilité pour la course aux Masters et sa place dans les plus hautes sphères du tennis mondial.
Un Masters 1000 réussi vaut bien plus que les tournois de Johannesburg et Marseille, qu’il a gagnés. Même si un titre est un titre, la valeur n’est pas comparable. Tsonga n’est qu’à l’orée de ce qu’il veut réaliser. Il se rapproche de ce fameux top 5. Après Federer, fera‐t‐il d’autres victimes de ce cercle réservé ? Réponse cette nuit.
Publié le samedi 15 août 2009 à 14:35