C’est le tournoi du Grand Chelem qui démarre l’année, et c’est souvent aussi celui qui en donne le tempo. Retour sur une quinzaine plutôt animée, où j’ai retenu cinq temps forts. Le choix est tout à fait personnel, il n’engage que moi.
I love Monfils
Tenu pour mort, enterré soit disant dans sa chambre de sa maison du bord du Lac Léman à broyer du noir, Gaël Monfils renait de ses cendres. Il glisse comme un patineur, enquille les aces et fait sursauter mon fils sur mon nouveau canapé. Bref, la Monf c’est quoi que l’on dise du spectacle, du show, du bouillant surtout quand avec ses grands compas, il va chercher l’amortie un peu trop courte de son adversaire. Toute la famille du tennis s’inquiétait pour lui, et le voila qui sort Dolgopolov en cinq manches avec une banane des plus beaux jours. On comprend alors pourquoi une grande marque a signé un gros chèque pour en faire son ambassadeur textile et ce même si le jeune homme gravite au delà de la 85e place mondiale. Par la suite, son duel tronqué face à Gille Simon me laisse forcément sur ma faim, mais je me dis que ce garçon a une telle générosité couplée à une folie douce que ce sport serait encore plus merveilleux s’il y avait plus de Gaël Monfils sur le circuit.
Six heures du mat, c’est Nesquik time
Nouvelle année, nouvelle version de l’histoire, et nouvelles résolutions, fini le café place au Nesquik, boisson pour les enfants, très salutaire quand il s’agit de résumer la nuit souvent pleine de rebondissements. Sensation plus qu’étrange qu’attendre l’aube en voyant à des millliers de kilomètres nos joueurs préférés taper la balle avec force et énergie. Le meilleur réveil de la quinzaine est celui qui a suivi la victoire de Jérémy Chardy, bluffant, voir terrifiant avec une gifle en coup droit semblable à celle d’un certain Soderling.
Tsonga, version Roger..Rasheed
Ce n’est pas le plus beau match de la quinzaine mais cela restera un point de passage pour le tricolore à moins que l’on suive l’analyse d’un ami, coach, qui y voit un peu de bluff : « Même si Jo a bien joué, il a encore perdu. On a beau me dire ce que l’on veut, sa déconcentration au début du 5ème set confirme qu’il est encore loin, que le travail de concentration n’est pas suffisant, c’est bien de soulever de la fonte, cela te permet d’aller plus vite. Mais, à un moment face aux plus grands, ce n’est pas cela qui fait la différence. Je suis content de l’entendre dire qu’il a passé un cran mais j’ai envie de dire que jouer Federer en quart de finale alors que tu es en forme physiquement et qu’au final tu n’as rien à perdre c’est plutôt facile » Je reste bouché bée mais je prends note.
Un dimanche et les vêpres
Ca commence à l’heure de l’eucharistie, cela finit au début des vêpres. Wawrinka‐Djokovic reste un moment d’anthologie où la frappe de balle sèche du Suisse m’a transpercé. Comme le dit Novak, ressuscité, Stan méritait également de l’emporter. Mais au final, c’est le numéro mondial qui le crucifie, 12 à 10 lors d’une ultime manche, complètement dingue qui se termine par une balle de match stratosphérique. Quand le tennis se transforme en un miracle permanent, il faut savoir ouvrir ses yeux, savourer l’instant. Avec un certain recul, on peut même dire que c’est ce duel qui a lancé véritablement le tournoi du Serbe. Par la suite, on ne le reverra plus trembler.
Polémique inutile ?
Oui Azarenka a commis une petite boulette lors de son interview sur le court après son match face à Stephens, oui on peut la critiquer là dessus. En revanche, concernant le time‐out, il suffit de lire le réglement pour comprendre la situation. C’est le docteur qui a choisi de l’amener aux vestiaires. Il se souvenait peut‐être d’un certain US Open où la Biélorusse s’était évanouie. Après, que Patrick McEnroe, le responsable du haut niveau à l’USTA, consultant chez ESPN, profite de ça pour détourner l’attention sur un tennis américain à l’agonie, c’est presque une grosse blague, un peu comme l’histoire de l’anthrax.
Publié le mardi 29 janvier 2013 à 16:42