Impressionnant vainqueur de Rafael Nadal en quarts de finale de Roland Garros, Novak Djokovic est revenu sur cette première victoire face à l’Espagnol sur la terre battue parisienne en conférence de presse. Le numéro 1 mondial parle de la tactique employée aujourd’hui pour battre le maître des lieux et se projette également sur sa demi‐finale à venir face à Andy Murray. Interview.
Novak, pouvez‐vous nous décrire les émotions par lesquelles vous êtes passé du début à la fin de ce match ?
Déjà, avant que le match commence, il vous passe beaucoup plus de choses par la tête qu’avant tous les autres matchs. Vous allez affronter Rafa, à Roland Garros, sur un court où il n’a perdu qu’une fois… C’est forcément très spécial. C’est dur de s’y préparer et j’ai essayé de le faire du mieux possible, tant mentalement que tactiquement. Une fois sur le court, c’est dur d’exécuter le plan de jeu qui a été préparé. Mais aujourd’hui, j’ai réussi à bien le faire, avec notamment un excellent début, sauf dans la deuxième partie du premier set et dans la première partie du second set. Pour le reste, c’est un super match pour moi, c’est même clairement une grande victoire dont je me souviendrai toujours.
Vous attendiez‐vous à un tel scénario ?
J’espérais bien sûr gagner en 3 sets mais je ne savais pas si ce serait possible. Vous savez, même quand je menais 5–1 au 3e set, je ne voulais surtout pas me relâcher ou penser que la victoire était proche parce que Nadal peut facilement revenir dans le match. Il l’a montré à 4–0 contre lui dans le premier set. Mais aujourd’hui, j’ai été très solide, je ne lui ai pas laissé d’espaces, je l’ai privé de la possibilité de dominer les rallies. C’est moi qui frappais et qui m’engouffrais dans la partie ouverte du court sur la plupart des points. Voilà, tout s’est bien passé !
Pouvez‐vous revenir sur ce scénario un peu particulier du 1er set où vous menez 4–0 avant de vous faire rejoindre…
Dans un match, vous avez toujours des hauts et des bas, encore plus contre Rafa. Voilà, je commence par 4 jeux parfaits. Puis dans le 5e jeu, il fait un super passing qui le relance un peu. Derrière, il a joué quelques bons jeux alors que de mon côté, je commettais quelques fautes. Et voilà, il était de retour dans le match. Ensuite, je me suis procuré beaucoup de balles de set avant de finalement réussir à conclure. Je trouvais que je méritais de gagner cette manche et j’étais soulagé d’y parvenir. Derrière, je me suis un peu détendu car c’est toujours plus facile quand on mène. Il faut aussi savoir que lorsqu’on affronte Rafa, on s’attend toujours à avoir une balle de plus à jouer. C’est notamment pour ça que c’est difficile de continuer à faire des points gagnants, point après point. On fait aussi des erreurs et il s’agit donc de faire attention à limiter ces périodes de « crise » où on part trop souvent à la faute.
Qu’est-ce qui a fait la différence aujourd’hui ? Le mental ? La tactique ?
Mon plan était de me focaliser uniquement sur moi, sur les choses sur lesquelles je peux moi‐même avoir une influence. Après, tactiquement, mon but était de le sortir de sa zone de confort, de faire en sorte qu’il ne se sente pas à l’aise sur le court et de ne pas lui laisser d’opportunités de dicter le jeu. J’ai donc beaucoup varié en faisant des balles hautes, des balles tendues, des amorties, des montées au filet… Je voulais toujours lui proposer quelque chose de différent. Ensuite, il est vrai qu’il n’a pas très bien servi et qu’il a fait des fautes inhabituelles pour lui, notamment côté coup droit. Mais c’est aussi ce qui se passe lorsqu’on n’est pas très à l’aise sur le court parce que l’adversaire nous a sorti de notre zone de confort. C’est ce que je m’appliquais à faire aussi en lui jouant vite et fort sur son coup droit.
A quel point cette victoire que vous attendiez depuis tant d’années booste‐t‐elle votre confiance ?
Si ce match avait été la finale, cela aurait été le scénario idéal. Mais ça ne l’est pas. C’est une grande victoire, mais je n’oublie pas que c’était seulement un quart de finale. Je dois passer à autre chose et me battre maintenant pour aller chercher le titre. Je suis venu ici pour ça. Je vais donc désormais me focaliser sur ma demi‐finale à venir.
Justement, votre adversaire en demi‐finales sera Andy Murray, qui a beaucoup progressé sur terre battue…
Oui, il a progressé sur cette surface, il n’y a aucun doute là‐dessus. Je l’ai un peu regardé à Madrid, à Rome et ici. Il joue du très bon tennis, c’est clair. Je trouve aussi qu’il se déplace mieux sur terre battue. Pour le reste, il sert très bien, a du toucher et possède un super jeu de fond de court. C’est quelqu’un de très talentueux, un grand combattant qui a de plus beaucoup d’expérience des grands matchs. Il a disputé et perdu des demi‐finales contre Rafa ici deux fois, alors je suis sûr que cette année, il sera très motivé pour aller encore plus loin. Nous entrerons donc tous les deux sur le court avec l’intention de gagner. Voilà, je connais bien son jeu. Je vais essayer de bien me préparer.
De votre envoyée spéciale à Roland Garros
Publié le mercredi 3 juin 2015 à 20:21