Pour bien comprendre la teneur du projet de l’académie de tennis fondée par Thierry Ascione, GrandChelem est allé à la rencontre de l’un de ses piliers : Nicolas Copin, directeur technique.
Nicolas, comment est née « All In Academy » ?
« Thierry Ascione est à l’origine du projet. Il avait envie de monter une structure privée. Il pensait qu’il y avait une place à prendre pour une académie de haut niveau à taille humaine. La structure est donc centrée sur le haut niveau. On cherchait quelque chose de compact afin d’être très réactif pour pouvoir s’adapter à n’importe quelle situation et répondre aux besoins des joueurs et joueuses. Selon nous, il faut être un groupe serré pour prendre des décisions rapidement. »
L’académie fête son premier anniversaire ?
« Oui mais cela fait un moment qu’on en parle ! A la fin de l’année 2014, on a commencé à y travailler sérieusement. Puis nous nous sommes installés au Club des Pyramides (Le Port Marly dans les Yvelines, ndlr) en mars pour mettre en place le projet de la rentrée 2015 avec le sport‐études. On a un groupe d’une dizaine de jeunes entre 12 et 14 ans qui sont tous classés 15⁄1 et 15. Ils ont des horaires aménagés. Ils commencent vers 16 heures avec un entraînement tennis et physique quotidien. C’est un groupe homogène qui se tire vers le haut avec déjà des petites perf’ (sourire). Cela créé une émulation et une bonne dynamique entre les joueurs. »
Le concept d’académie est assez nouveau en France et même en Europe…
« Tout à fait. Je connais bien Patrick (Mouratoglou) avec qui j’ai travaillé pendant huit ans. Son académie s’est très bien développée en s’installant dans le sud. Il a été un peu le précurseur. Il y a de la place pour des structures ciblant le très haut niveau. Même s’il est très efficace, le système fédéral n’est pas la seule voie. À la Fédération, les jeunes ne paient presque rien. Certains y arrivent et en profitent un maximum pour faire de très belles choses. A l’inverse, d’autres se laissent porter sans donner le maximum. Ici, il y a un investissement financier qui est important. Nos jeunes le savent, et cela influe sur leur attitude. En fait, je pense qu’il y a des jeunes qui sont faits pour le système féféral et d’autres non. Et notre organisation a un gros potentiel parce‐que nous visons l’excellence. »
Comment fonctionne l’académie ?
« Notre particularité, c’est que l’équipe est composée d’anciens joueurs du Top 100 mondial et d’entraineurs professionnels qui ont de nombreuses années d’expérience en coaching au plus haut niveau. Quant à la préparation physique, elle est assurée au quotidien par l’équipe de Xavier Moreau (préparateur des équipes de Fed Cup et Coupe Davis). Franchement, un tel niveau dans une académie c’est unique ! Thierry (Ascione) dirige la structure tout en étant aux côtés de Jo (Tsonga). Il est présent à l’académie dès qu’il n’est pas en déplacement. Il passe du temps sur les courts, aussi bien pour les pros que pour le sport‐études et les stages. En permanent sur place, il y a Marc Gicquel qui a arrêté sa carrière il y a peu (fin 2014). Il est présent au quotidien sur tous les sujets. Jérôme Haehnel se focalise sur le sport‐études. Je suis aussi présent la journée sur les entraînements avec les professionnels et nos jeunes. Gabi Urpi suit plus particulièrement Nicolas Mahut quand il n’entraîne pas l’équipe de Fed Cup. Quant à Nicolas Delvider, il sera à partir du printemps prochain parfois sur place, parfois en accompagnement sur les tournois. Et pour les stages de février, nous aurons aussi Nicolas Escudé. »
Ce sont donc des stages de haut niveau ?
« Les coachs sont de haut niveau, oui, mais les stages sont ouverts à tous, quels que soient l’âge et le niveau ! On fait tout simplement des groupes par niveau ! Chez nous, un joueur non classé est donc entraîné par un ancien joueur professionnel. En l’occurrence Nicolas (Escudé) pour les stages d’hiver. Vous voyez le tableau ? Vous êtes un joueur de club et vous avez la possibilité d’être entraîné pendant une semaine par un ancien Top 20 mondial, vainqueur de Coupe Davis, ancien capitaine de Fed Cup et qui a été aux côtés de Tsonga ! Je crois qu’aucune autre académie au monde ne propose ça. On le fait parce-qu’on éprouve du plaisir à être ensemble et à partager notre passion. »
Finalement, vous vous connaissez tous ! Est‐ce un avantage ?
« Complètement, c’est un vrai avantage. On travaille plus vite et on peut compter les uns sur les autres sans aucun problème. Cela donne un fonctionnement plus fluide. Comme on sait comment chacun travaille avec ses joueurs, on peut facilement prendre le relai. D’autant que nous travaillons sur des courts côte à côte, alors on ne se quitte pas des yeux ! Cette proximité est non seulement agréable à vivre, mais aussi une source d’efficacité. »
Justement, en parlant des structures. L’académie est implantée dans un club, les Pyramides (Le Port Marly). Comment se passe la cohabitation ?
« Notre convention avec les Pyramides, c’est une chance. On s’entend super bien avec les équipes du club. Et puis nous bénéficions d’un cadre exceptionnel de 10 hectares avec 28 courts dont 9 couverts et 4 chauffés, et un accès total à la salle de gym. Les conditions de travail sont optimales. »
Finalement, quel est le projet de développement ?
« On a un projet à long terme avec les Pyramides, avec nos équipementiers Head et Adidas, et avec notre partenaire DLSI. En premier lieu, on se doit de fidéliser nos joueurs car on a beaucoup de jeunes. Par exemple, on a quatre jeunes garçons entre 18 et 22 ans, deux qui viennent d’obtenir leur Bac, et deux qui reviennent d’universités américaines. On veut faire un bout de chemin avec eux et les accompagner le plus haut possible. Ce sont de très beaux projets comme celui de deux jeunes filles de 1999 : Juliette Loliée (−2÷6) et Carla Hassaine (-15). »
Le but est plus de former ou d’accueillir des professionnels ?
« On a un devoir de formation. Quand on coache, c’est la partie du boulot la plus gratifiante. On a encore un impact fort sur le joueur ou la joueuse. On voit le développement et l’évolution. On participe vraiment à la formation et à l’envol du projet. Mais on aime bien les « pros » aussi ! On coache Nicolas Mahut et les jumelles Lyudmyla et Nadiia Kichenok. Et puis on a aussi un beau projet avec Mathilde Johansson, qui a 30 ans. Elle a connu des difficultés. Elle cherchait de l’aide car elle était un peu perdue. Elle est remontée 150 et veut réintégrer les 100. Elle sait qu’elle a encore 3 ou 4 ans et elle veut se faire plaisir. Ces différents cas de figures nous font vibrer. Si dans 3 ou 4 ans, des jeunes du sport‐études vont sur le circuit, ce sera génial… »
A vous entendre, on vous sent très enthousiaste !
« Il y a une vraie bonne ambiance entre les différents groupes. L’émulation est saine. C’est un vrai plaisir de travailler sur place. J’ai eu la chance de beaucoup voyager et j’avais peur de rentrer dans une certaine routine. Pas du tout ! L’avantage de travailler dans une telle structure est que l’on peut avoir différents profils pendant la journée : un garçon qui se lance sur l’ATP, un jeune de 12–14 ans, des jeunes filles de 16 ans qui sont sur le circuit juniors et qui veulent se lancer, ou se retrouver sur le court avec Mathilde Johansson… »
Dans votre parcours, vous avez coaché pas mal de filles. Qu’est-ce qui change ?
« Ce n’est pas le même boulot ! Sur les tournois, si on fait une petite erreur, tout peut être remis en cause. Elles sont plus sensibles. Les filles sont très performantes à l’entraînement. En compétition, le stress et l’émotionnel prennent une ampleur très surprenante. Si on n’arrive pas à adapter notre discours, ça ne passera pas. La psychologie est essentielle. Je n’étais pas préparé à ça mais je l’ai appris sur le terrain, par l’expérience. Il faut une formation adaptée, et on est là pour ça ! »
All In Academy c’est…
Créée par Thierry Ascione
Entraîneurs : Marc Gicquel, Jérôme Haehnel, Nicolas Copin, Gabi Urpi, Nicolas Devilder, Nicolas Escudé (pour les stages d’hiver)
Joueurs professionnels : Nicolas Mahut, Mathilde Johansson, Lyudmyla et Nadiia Kichenok (Ukraine)
Joueurs : 20
Préparateurs physique : Florent Taupy et Jean‐Michel Levêque (encadrés par Xavier Moreau)
Ostéopathe : Grégory Delente
Assistante : Anna Bouttard
Communication : Stéphane Barbat
Nicolas Copin…
50 ans
1998 à 2006 : académie Mouratoglou
2006 à 2009 : Team Lagardère, coach de Thierry Ascione et Edouard Roger‐Vasselin
2009 à 2014 : FFT (groupe féminin)
Depuis 2014 : All In Academy
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Publié le dimanche 28 février 2016 à 12:30