Training gris, tee‐shirt rouge, Roger Federer est arrivé en toute décontraction, en conférence de presse. Avec même – c’est le luxe du roi – quelques minutes de retard. Il s’est attardé sur son match, les JO, le top 3… Du Roger à déguster sans modération, comme d’habitude !
Roger, avec le temps, ce type de rencontre, au deuxième tour d’un Grand Chelem, face à un inconnu, c’est plus compliqué qu’avant ?
Non, non, c’est plus facile qu’au début. Même si je ne démarre pas bien, je sais que je peux reprendre le contrôle du match. A l’inverse, plus jeune, je me rappelle avoir mené deux sets zéros, avant de perdre le match en cinq. Aujourd’hui, la seule chose qui est plus dure qu’à mes débuts, ce sont les conférences de presse (rires), qui sont beaucoup plus longues qu’avant !
Qu’est‐ce qui s’est passé dans ce troisième set ?
J’ai eu deux balles de break au début du troisième, j’ai fait deux mauvais choix. Au lieu de jouer simple, j’ai fait deux fois la même connerie. Je trouve que je suis même chanceux d’arriver au tie‐break. Dans ce tie‐break, lui, il a fait deux jolis coups, moi, j’ai mal joué et j’ai laissé filer la manche. Néanmoins, je me sens mieux qu’au premier tour. C’était un test intéressant face à un adversaire plutôt terrien, à l’inverse de mon premier tour. C’est une rencontre positive, je n’ai pas perdu mon service.
Tu ne connaissais pas Adrian Ungur avant de l’affronter. Que penses‐tu de lui désormais ?
Je trouve que c’est un très bon joueur. Il a un très joli revers. Il fallait m’habituer à lui, vu que je ne le connaissais pas. Il donne l’impression d’avoir beaucoup d’options, à chaque fois. Il arrive à croiser de manière très particulière, en donnant, avec son poignet, un dernier coup de main intéressant. Il comprend aussi très bien la géométrie du terrain et l’utilise à bon escient, il sait où et quand jouer. Il est bon dans le terrain, en fond de court également. C’est un terrien, il peut donc encore progresser au service, mais il est clairement talentueux.
Sur le plan physique, pas de bobos ?
Oui, physiquement, tout va bien. Je me sens bien.
Toi qui a réalisé tant de grandes et belles choses, ne manque‐t‐il pas cette victoire en simple aux Jeux Olympiques…
Une victoire en simple, aux JO, non, ça ne manque pas à mon palmarès, je trouve. C’est vous, les journalistes, qui voyez les choses comme ça. Mais, moi, je ne regarde pas ce qui manque, je suis plus positif. J’ai déjà gagné les JO en double, c’est ma quatrième participation à cette compétition. Je suis beaucoup plus détendu que lors de mes précédentes. Je ne me dis pas : « Tu dois accrocher une médaille. » Pas du tout. Avant, j’avais une chance légitime de l’emporter, donc c’était parfois délicat. Là, je vais jouer pour le plaisir. Et, bien entendu, viser l’or, puisque c’est ce pour quoi je me bats. Mais, le plus important, ce sera le plaisir.
Tu as affronté des générations différentes, de très grands champions, comme des jeunes pousses. Qu’en as‐tu retiré à travers le temps ?
(Rires) Je pourrais vous répondre pendant des heures et des heures. Je pourrais même écrire un livre ! J’ai beaucoup apprécié de jouer contre mes grands héros. C’était passionnant et même, quelques fois, assez irréel. J’ai ensuite eu la chance d’affronter la génération Rafa‐Novak, c’était vraiment super. Et, désormais, c’est une encore plus jeune, qui est également intéressante, même si la perspective est différente.
Quel joueur du top 3 a le meilleur jeu de retour, selon toi ?
Dans le top 3, on a des retours de différents types. Je trouve que le retour revers à deux mains est un vrai avantage. Moi, mon jeu est fait de variations. Rafa, lui, sur terre, c’est un grand crack, il a une façon de relancer bien à lui. Novak, de son côté, a un très bon timing en retour et est aussi très dangeureux.
Votre envoyé spécial, en direct de Roland Garros.
- Federer, oui mais en 4 sets
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Publié le mercredi 30 mai 2012 à 16:24