AccueilPHM : "Une grande fierté"

PHM : « Une grande fierté »

-


Après l’émo­tion de la fin du match, Paul Henri Mathieu est arrivé en confé­rence de presse surtout très fatigué. Encore proche de passer à côté d’un nouvel exploit, le Français était déçu de la défaite, mais surtout très fier d’avoir pu rejouer en Grand Chelem, fier d’avoir joué à un tel niveau dans des matchs en cinq sets. Paulo peut regarder vers l’avenir serei­ne­ment. La deuxième carrière est en marche.

Que ressens tu après avoir disputé 15 sets à Roland Garros ?
Je suis un peu fatigué, je suis content d’avoir pu jouer ces 15 sets. Il y a deux semaines, si on m’avait dit cela, j’au­rais signé tout de suite.

Comment tu ressors d’un tel match ? C’est surtout de la déception ?
On est tous des compé­ti­teurs. On est forcé­ment déçu parce qu’on voudrait sortir du court et pouvoir faire encore un match. Il faut quand même rela­ti­viser. Je suis content d’avoir pu faire 3 matches ici. Même si on veut toujours plus, à un moment donné, il ne faut pas exagérer.

Tu aurais imaginé pouvoir une fois dire cela dans ta carrière ?
Non. Mais bon, après, je ne me dis pas que je me contente d’un troi­sième tour en Grand Chelem. Pour moi, c’est déjà une fierté de pouvoir rejouer un Grand Chelem, d’avoir pu enchaîner des matches en 5 sets. C’est complè­te­ment autre chose. J’ai tourné une page de ma première carrière, je vois les choses complè­te­ment diffé­rem­ment main­te­nant. Je suis content, je suis fier. Cela m’en­cou­rage pour la suite. Je me suis battu pour revenir, faire des matches en Grand Chelem. Cela montre, qu’à force de me persuader que je pouvais revenir, j’ai le niveau pour réaliser de belles perfor­mances en Grand Chelem.

Henri Leconte a dit que tu as joué un tennis de rêve à la fin. Avez‐vous la sensa­tion d’avoir de bien joué sur cette rencontre là y compris ?
J’ai eu des bons passages, je pense que si j’avais été plus frais, la physio­nomie du match aurait été diffé­rente. Je manquais un peu de jus. Je sentais bien la balle. Mais, je ne pouvais pas faire tout ce que je voulais. Il y a quand même beau­coup de positif.

Parlons physique. Dans le cinquième set, il y a un moment où tu n’as plus d’énergie.
Au début, j’avais les jambes lourdes, je n’ar­ri­vais pas à me déplacer comme je voulais. Je faisais quelques fautes sur les attaques et parfois des mauvais choix. À force de me dire que ça allait venir, que j’al­lais me sentir plus léger, je me suis senti beau­coup mieux dans le troi­sième. Je ne sentais prati­que­ment plus mes jambes, je me sentais léger. Malheureusement, au début du cinquième, j’ai commencé à avoir mal un peu partout. Ensuite, on ne peut pas refaire le match. Peut‐être que si j’avais fait le premier jeu du cinquième, je serais resté dans cette euphorie là. Si j’avais pu faire 50 dans le quatrième, l’en­foncer, lui garder la tête sous l’eau… On ne va pas refaire le match.

Tu tiens au mental sur ce match ?
Oui, sinon j’au­rais pris 6–4 6–4 6–2. Quand j’étais mené 2 sets 0, j’ai pensé aux moments diffi­ciles, aux mois passés, je me disais que j’avais beau­coup de chance d’être là. Je me suis dit : « Bats‐toi, vas jusqu’au bout ». Il fallait que je trouve une solu­tion de toute façon. J’ai réussi à me persuader que je ne sentais plus la fatigue. J’ai réussi à me relâ­cher. C’est dommage de ne pas avoir réussi à faire cela après un set. 

Tu as beau­coup d’ex­pé­rience, mais qu’as‐tu appris cette semaine ?
Je me suis rendu compte que je pouvais refaire des matches en Grand Chelem. C’était une incer­ti­tude pour moi, il y a quelques jours. Pour moi, c’est très impor­tant de pouvoir arriver en Grand Chelem avec de nouveaux objec­tifs et de me dire que je peux gagner des matches, que je peux faire une percée. Je suis arrivé sur ce tournoi sans m’en­traîner comme je l’au­rais souhaité. J’ai tenu des longs matches. C’est positif.

Même si tu perds au troi­sième tour, pour toi, cela restera le plus grand Roland de ta carrière ?
Je pense que chaque Roland Garros est unique. On rêve de jouer ici chaque année. Demain, c’est fini. Lundi, si ça se trouve, je vais penser au Roland Garros de l’année prochaine. C’est ce qui me motive aussi. Ce Roland Garros est le premier de ma deuxième carrière. J’espère qu’il y en aura d’autres.

Hier, tu disais que tu étais prêt à perdre, tu avais ce même état d’es­prit aujourd’hui ?
Oui… non, j’étais prêt à accepter de perdre. Je pense que c’est impor­tant. Il faut toujours essayer de donner le maximum le jour même. Même si j’avais pu faire 2 ou 3 choses de mieux, je ne pouvais pas donner plus je pense. Je suis fier de cela. A chaque fois, le match peut se goupiller un peu diffé­rem­ment sur un ou deux points qui auraient pu tourner à mon avan­tage. C’est le tennis, on ne peut rien y faire. 

Quelle est la suite pour toi ? Tu vas demander une wild card pour Wimbledon ?
Non, j’ai utilisé mon clas­se­ment protégé pour Wimbledon. Il y a quelques semaines, je ne savais même pas si j’al­lais tenir. Je me deman­dais si j’ar­ri­ve­rais à tenir un match ici. Je voulais jouer sur terre battue, mais je ne savais pas si j’al­lais pouvoir enchaîner avec Wimbledon. Il fallait d’abord que je me prouve que je puisse rejouer sur terre. J’ai montré que j’en étais capable, tout en étant bien physi­que­ment. C’est un point positif. Wimbledon, c’est un tournoi que j’aime beau­coup, j’ai déjà joué là bas. Je vais d’abord essayer de jouer un tournoi sur gazon pour voir comment ça se passe. Mais je ne sais pas encore lequel.