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Ferrer : « Perdre pour gagner »

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On n’en­tend pas beau­coup parler David Ferrer dans les médias – en ce moment, on « en » entend parler. Plutôt discret, l’Espagnol se signale bien plus pour ses talents de tennisman sur terre battue que pour ses sorties média­tiques et ses prises de posi­tion. Pourtant récem­ment, le cinquième au clas­se­ment ATP s’est livré, à Valence – où il va jouer -, devant plusieurs étudiants, à propos de son expé­rience de joueur. Présent, Juan Carlos Ferrero a aussi apporté son point de vue, les deux hommes se rejoi­gnant sur beau­coup de sujets. Extraits.

David Ferrer, mais qui est‐il ? Sur un court, on le connaît bien. Très bien même. L’Espagnol est globa­le­ment craint par tout le monde, et ce même par les plus grands. Surtout sur terre battue. Comme une bonne partie de ses compa­triotes (vous avez dit Nadal ?). Raquette en main, Ferrer devient un boule­dogue. Un joueur acharné, doté d’une endu­rance incroyable et d’un jeu de fond de court redou­table. Un joueur qu’on ne déborde pas comme ça, en claquant quelques coups. Non… Ce n’est pas pour rien que depuis plusieurs mois il est le seul joueur capable de tenir le rythme infernal du Big Four, surfant entre la cinquième et la sixième place depuis prati­que­ment un an et demi. Une perfor­mance remar­quable. Cette année, David Ferrer, c’est deux quarts et deux demi‐finales joués en Grand Chelem. Cinq titres. A part Federer, Murray, Djokovic ou Nadal, dur de faire aussi bien.

Mais derrière ce joueur inte­nable, cette « moby­lette », se cache aussi une person­na­lité ration­nelle. Un être avec un regard parti­cu­lier sur le tennis et ce qu’il a enduré pour arriver à ce niveau. « Le tennis, c’est comme une course pour sa survie, avec de nombreux obstacles à fran­chir. Maintenant nous vivons dans un monde irréel, dans des hôtels de grande classe et nous ne manquons plus de rien, mais avant cela nous étions dans des hôtels miteux, nous n’avions pas d’argent et on allait là où on pouvait afin de conti­nuer. ». Pour évoquer ces parcours si compli­qués propres à la majo­rité des joueurs, c’est Juan Carlos Ferrero qui cite du McEnroe ! « Le tennis est un sport pour perdants. Beaucoup de gens ne gagnent pas un seul tournoi dans leur carrière. ».

Comme Ferrero l’ajoute, « l’équipe qui t’en­toure est très impor­tante. Ils te font garder les pieds sur terre, parce que c’est facile de perdre rapi­de­ment la tête. » Une chose que David Ferrer a très bien comprise de son côté. Surtout quand il a commencé à se frotter aux meilleurs dans ses plus jeunes années. « Lorsque vous commencez à jouer contre des personnes plus âgées, c’est plus diffi­cile de gagner des matchs et de se préparer menta­le­ment pour cela. Pour gagner, vous devez d’abord savoir perdre. ». Face aux quelques 200 étudiants présents, le numéro cinq mondial a aussi déve­loppé la néces­sité de pour­suivre ses études en paral­lèle. « Si j’ai un fils qui veut jouer au tennis, il étudiera beau­coup plus que moi. La tête doit toujours passer avant la raquette ou tout autre sport. » Un message impor­tant qui fait écho aux désirs récents de Novak Djokovic. Le Serbe avait déclaré rêver de pouvoir faire des études.

Qui dit joueurs espa­gnols parlant en leur pays dit aussi crise. Aux ques­tions de savoir s’il était encore possible d’or­ga­niser un tournoi ATP 500 à Valence dans ces condi­tions, Ferrer répond sans détour. « C’est une période compli­quée pour le pays et ça affecte aussi le sport. Il y a déjà eu beau­coup de sacri­fices mais il faut pouvoir trouver les solu­tions et des spon­sors. Pour beau­coup de pays c’est compliqué d’avoir un tournoi 500 et nous ne voulons pas que ça s’ar­rête, il faut aller de l’avant malgré tous ces obstacles ».

Ou comme l’a si bien dit l’Espagnol, il faut savoir perdre pour pouvoir gagner.