Depuis le début de la saison sur terre‐battue, on entend, logiquement, beaucoup parler des membres du Top 3, Djokovic, Nadal et Federer. Mais un quatrième joueur brille sur cette surface depuis quelques semaines : Tomas Berdych. Éliminé prématurément au premier tour, l’année dernière, à Roland Garros, le Tchèque peut‐il se glisser parmi la – courte – liste des favoris à la victoire finale du deuxième Grand Chelem de la saison ?
Oui, évidemment.
« Ca a été une grande semaine, j’ai battu de très bons joueurs. » C’est ce que disait Tomas Berdych après sa finale à Madrid. On y avait trouvé un Berdych en confiance et, plus de deux semaines plus tard, force est de constater qu’il l’est encore. En 2012, c’est 13 victoires (en comptant celles de cette semaine à Dusseldorf et celles en Coupe Davis) et 3 défaites sur terre‐battue pour le numéro 7 mondial. Seul Nadal fait mieux, avec une seule défaite en quatre tournois, quand Federer, de son côté, a aussi perdu qu’à une reprise, mais en seulement deux tournois. Le Tchèque fait même mieux que le numéro 1 mondial, Novak Djokovic, qui a un ratio de 10 victoires pour 3 défaites. Ses quelques matches perdus sur terre ne sont, de surcroit, que face aux trois premiers mondiaux : 6–4 3–6 2–6 contre Djokovic, en demi‐finale de Monte Carlo, 6–3 5–7 5–7 contre Federer, en finale de Madrid, et 4–6 5–7 contre Nadal, en quarts de Rome. Autant dire que ce sont loin d’être les roustes que certains avaient annoncées. S’appuyant sur ses qualités au service et en coup droit, notamment, au zénith de leur efficacité, Berdych est dans la forme de sa carrière, surtout au niveau physique. Un paramètre primordial dans un tournoi en cinq sets, quand on voit que d’autres joueurs se rendront Porte d’Auteuil avec une incertitude concernant leur capacité à jouer pendant plusieurs heures. Le Tchèque semble être taillé pour aller loin. D’autant plus s’il continue de prendre la bonne habitude de s’économiser dans les premiers tours, comme il l’a fait à Madrid où il a atteint la finale avec 1h20 par match en moyenne. Enfin, au niveau mental, Berdych ne devrait pas avoir besoin de beaucoup pour se motiver. Battu au premier tour l’année dernière, il n’a donc pas le moindre point à défendre et la perspective de faire un sacré bond au classement – la cinquième place de Tsonga risquant d’être en danger – pourrait lui donner un sacré appétit…
Pas favori, mais outsider.
Certes, il a perdu contre chaque membre du Top 3 mondial, mais il n’a pas non plus gagné face à ces joueurs. Ses victoires références sont face à Murray, Del Potro et aux Espagnols Almagro et Verdasco. Pas si mal, malgré tout. Il faut aussi rappeler que sur ses 13 victoires, deux le sont lors d’un tournoi à la limite de l’exhibition, et deux autres en Coupe Davis. Mais, là aussi, il fallait être présent pour battre Troïcki – qui avait donné la victoire à son pays sur terre‐battue, face à la France, en 2010 – et Tipsarevic. Celui qui « pense que la meilleure façon d’être prêt pour Roland‐Garros, c’est de jouer des matchs et de gagner des matches » parait donc légitimement être un possible demi‐finaliste du tournoi, surtout s’il tombe dans la partie de tableau d’Andy Murray, le moins à l’aise des joueurs du Top 4 sur ocre. Difficile cependant d’imaginer le voir aller plus loin. Entre un Novak Djokovic qui s’est préparé depuis le début de l’année afin de réussir son « Djoko Slam » (un Grand Chelem réalisé sur deux années), un Rafael Nadal qui visera un septième titre Porte d’Auteuil et un Roger Federer qui n’a jamais caché que gagner à nouveau à Paris faisait partie de ses objectifs, même une finale relèverait de l’exploit pour le Tchèque. Malgré tout, le souvenir Robin Soderling reste gravé dans les mémoires. Car même si ce dernier a, semble‐t‐il, profité d’une petite blessure de Nadal pour le battre en quarts, en 2009, il a démontré qu’en étant au maximum de ses moyens, tout est possible. Et Tomas Berdych a plusieurs similitudes avec le Soderling 2009 : la puissance, la forme et le physique. Ce qu’il a en plus, c’est l’expérience. Le Tchèque a, en effet, déjà joué plusieurs finales, dont Wimbledon 2010 ou Madrid de cette année. De tels matches « dépucellent » et pourraient l’aider à réussir ce que le Suédois a failli faire : gagner Roland Garros. Ou, comment l’outsider bat‐il le favori.
Publié le mercredi 23 mai 2012 à 16:30