AccueilFernando Verdasco, année au goût d'inachevé

Fernando Verdasco, année au goût d’inachevé

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C’est l’histoire d’un gars bourré de talent. Bourré de talent mais terri­ble­ment incons­tant. Fernando Verdasco termine la saison dans le Top 10 pour la deuxième année d’affilée. Pourtant, les perfor­mances de l’Espagnol cru 2010 laissent un petit goût d’inachevé. Après une première partie de saison canon, le Madrilène a fini l’année à bout de souffle.

Flashback. Nous sommes en janvier 2010, Verdasco va devoir défendre les 720 points de sa demi‐finale à Melbourne. « Physiquement, avec le rythme des matches, je serai à 100% pendant le tournoi. Techniquement, je suis bien aussi, mes coups droits, mes revers, tout le reste, ça roule. » Comme sur des roulettes, « Fer » atteint les huitièmes de finale où l’attend Nikolay Davydenko, 6e mondial. Le défi est trop relevé, le Madrilène s’incline en 4 sets. 

L’Australie derrière lui, Verdasco remporte à San Jose son premier titre de la saison. Les semaines suivantes restent pour­tant sans saveur. Premier tour à Memphis, quart à Acapulco, seizième à Indian Wells et quart à Miami pour finir. Entre absences et pétages de plomb, Fernando Verdasco piétine. Mais la dyna­mique va s’inverser.

Monte Carlo, Barcelone, Rome, l’état de grâce

Arrive la terre battue, ses grandes glis­sades, son exigence physique et surtout, surtout, ses gros lifts. Sur l’ocre, le coup droit bourré d’effet du Madrilène fait exploser les défenses adverses. Il n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de son éternel supé­rieur Rafa, prince de Monaco. C’est juste­ment à Monte Carlo que Verdasco refait surface. L’Espagnol retrouve du liant dans son jeu, de la puis­sance dans ses frappes et de la cohé­rence dans ses coups. Les effets sont immé­diats, Benneteau, Montanes, Berdych et Djokovic sont croqués sur le Rocher. La finale est sèche­ment perdue face à Nadal mais l’essentiel est ailleurs. Verdasco et son coup droit font de nouveau peur. 

La démons­tra­tion de force se pour­suit la semaine suivante à Barcelone où l’Espagnol remporte le titre le plus impor­tant de sa carrière. Gasquet, Ferrer, Gulbis, Melzer et Soderling passent tous à la mouli­nette, le doute n’est plus permis, le Fernando des grands jours est de retour. L’état de grâce se pour­suit d’ailleurs à Rome où le Madrilène domine une nouvelle fois Djokovic avant de céder, épuisé, en demi‐finale. Ce fantas­tique mois d’avril 2010 achevé, Verdasco fait office de favori aux premiers rôles à Roland Garros. Et poutant… En l’espace de quelques jours, la dyna­mique s’inverse, les démons verdas­quiens refont surface.


Madrid, Nice, Roland Garros, le dérapage

Au lieu de prendre un repos bien mérité avant Madrid, « Fer » s’envole pour New York histoire d’aller flâner à l’inauguration d’une expo­si­tion de mode. Une traversée –fort utile – de l’Atlantique dans les pattes, revoilà notre Fernando sur les courts. Comme par hasard, les choses se passent moins bien qu’à Monte Carl’. Lessivé, le Madrilène se fait surprendre par Melzer dès les huitièmes. La semaine suivante, à Nice, le numéro 9 mondial réalise une belle semaine avant de laisser trans­pa­raitre une facette obscure de sa person­na­lité. Menant 4–1, balles de 5–1 dans le 3e set de sa finale face à Richard Gasquet, le Madrilène voit petit à petit son adver­saire revenir dans le match. Le public fran­çais pousse son joueur, Gasquet ne loupe plus grand‐chose et Verdasco bouillonne. Sifflé par l’assistance pour un geste de frus­tra­tion, l’Espagnol explose et prononce quelques douceurs à l’intention du public fran­çais. La finale sera fina­le­ment perdue 6357 7/6[5], le fâcheux épisode regretté. Le lende­main, Verdasco présente, gent­leman, ses excuses. « Je souhaite demander pardon. Jamais je n’aurai dû entrer dans ce jeu ». L’affaire close, Fernando entre en lice Porte d’Auteuil. Sa route s’arrête en huitième de finale, battu par un excellent Almagro. Cette saison sur terre, démarrée pied au plan­cher, aura fina­le­ment tourné en eau de boudin.

Wimbledon est un bide (défaite au premier tour face à Fognini), le quart de finale de Coupe Davis face à la France tourne au four (5–0…). La confiance, denrée tant utile au jeu de Verdasco, semble envolée, les résul­tats déçoivent, semaine après semaine. 2e tour à Toronto, 1er tour à Cincinnati, l’US Open s’annonce plutôt mal. Mais, contre toute attente, Verdasco se réveille. L’Espagnol sort Nalbandian en seizièmes avant de gagner un formi­dable match face à David Ferrer en huitièmes (5−7, 6–7(8), 6–3, 6–3, 7–6(4)). Un quart à Flushing Meadows, somme toute excellent résultat pour un homme en manque de confiance, voilà de quoi virer à l’optimisme avant le sprint final vers le Masters. 

A nouveau, Fernando surprend. Dans le mauvais sens cette fois. 3 premiers tours d’affilée en Asie, une raclée contre Gilles Simon à Valence puis une défaite après avoir eu balle de match face à Monfils à Bercy. De Masters il n’y aura point, de toni­truant finish non plus. Cette saison, si bien enclen­chée, aura fina­le­ment accouché d’un terne remake de 2009. Parole à l’intéressé : « Si je devais faire un bilan, je dirai que ne suis pas déçu de ma saison. J’ai atteint le 3e rang mondial (Ndlr, à la race) après le tournoi de Monte‐Carlo et je n’ai pas su confirmer par la suite avec trop d’ir­ré­gu­la­rité dans mes résultats. »

Fernando Verdasco, éternel espoir du tennis mondial n’a, selon Agassi, « le droit de perdre que face à Nadal ou Federer ». « C’est un super joueur » confirme Roger himself. « Il s’est énor­mé­ment amélioré depuis sa victoire en Coupe Davis en 2008. Il a toujours été dange­reux. C’est un poten­tiel qu’il a toujours eu. Mais à présent, il est beau­coup plus stable et constant dans son jeu, dans son esprit, dans tout. » Cette constance, c’est bel et bien ce qui manque à Verdasco pour passer le cap supé­rieur. Le tennis, le poten­tiel, sont là. Seules la conti­nuité dans les résul­tats, la régu­la­rité au plus haut niveau, bref la constance font encore défaut au surdoué madri­lène. S’il travaille sur ce point, parvient à jouer son meilleur tennis plus de 6 ou 7 semaines par an, l’Espagnol peut rêver aux plus belles victoires. Même en Grand Chelem ? Car c’est bien là l’objectif du play boy du circuit, 27 ans, qui décla­rait il y a un mois vouloir remporter l’Open d’Australie 2011. D’ici là il y a encore du boulot, mais après tout, lorsqu’on jouit d’un tel talent, tout est permis, même les espoirs les plus fous !

La finale de Monte Carlo 2010 Nadal – Verdasco :