AccueilActualité"Le tennis collabore difficilement" pour Michel Rieu

« Le tennis colla­bore diffi­ci­le­ment » pour Michel Rieu

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Publié à 13h55. Reproposé à 17h00.

Excellent entre­tien sur le dopage, mis en avant par Efty, WLTer de la vieille école. Le Nouvel Obs’ est allé rencon­trer le profes­seur Michel Rieu, ex‐conseiller scien­ti­fique pour l’Agence Française de Lutte contre le Dopage. Ce dernier évoque notam­ment le tennis à deux reprises : il rela­ti­vise l’uti­lité du passe­port biolo­gique, d’une part ; et confirme que notre sport ne colla­bore que diffi­ci­le­ment avec les orga­nismes de lutte anti­do­page. A lire sans hési­ta­tion, ici ! Extraits.

Le passe­port biolo­gique, utilisé dans le cyclisme, l’ath­lé­tisme, le ski, la nata­tion et bientôt le tennis, sert‐il à quelque chose ?

L’autotransfusion, c’est la seule chose pour laquelle le profi­lage sanguin est utile. Et encore, il est utile à condi­tion qu’on tombe vrai­ment au moment où il y a eu un prélè­ve­ment de sang : on voit un effon­dre­ment des globules rouges puis une remontée rapide, surtout qu’elle est aidée par l’uti­li­sa­tion d’EPO. Les profils sont très travaillés par les dopeurs et quand vous faites un suivi biolo­gique, si vous voyez une anomalie, il faut répéter les contrôles très vite. C’est la limite du système. Avant, il y avait de véri­tables ruptures dans les courbes. On préle­vait par exemple 500 ml de sang, l’hé­mo­glo­bine s’ef­fon­drait, et au moment venu on remet­tait 500 ml : l’hé­mo­glo­bine faisait un pic. Maintenant, les dopés sont beau­coup plus prudents. D’abord, ils prélèvent de petites masses de sang et ensuite ils font de petites trans­fu­sions, de façon à ce que ça lisse la courbe, qu’on ne puisse avoir aucune certi­tude. Le problème, c’est que beau­coup savent très bien qu’un certain nombre de détec­tions ne sont plus utili­sées. Par exemple, un repenti, bon cycliste amateur, nous a dit : « L’homotransfusion, on sait que vous ne la recher­chez plus donc ça se refait. » On avait arrêté car ça se faisait plus et ça coûtait cher ! Même chose pour la Cera [EPO de troi­sième géné­ra­tion, ndlr]. Les spor­tifs savent très bien à quel période les labo­ra­toires recherchent telle substance, telle méthode dopante.

Avec quel sport avez‐vous le plus de diffi­cultés à collaborer ?
En numéro 1, c’est clair, c’est le tennis. Ils ne s’en cachent même pas, d’ailleurs. Ensuite : le foot, il n’y a rien. On fait beau­coup de prélè­ve­ments mais nous n’avons aucune infor­ma­tion. Sinon celle que dans le foot, personne ne se dope…S’il y a du dopage, c’est un dopage bien fait. Mais je ne peux pas dire qu’il y en ait, car on n’en trouve pas. Actuellement, quand on a affaire à de vrais profes­sion­nels, qui font appel eux‐mêmes à de vrais profes­sion­nels du dopage, on ne peut rien faire. Moi, je peux parfai­te­ment vous manager une équipe avec la certi­tude qu’il n’y aura pas de positif.