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Marie‐Claire Noah : « Arretez de criti­quer votre pays, changez le »

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« Arrêtez de criti­quer votre pays, changez‐le » 
Le Brésil vouait un culte à Dona Celeste, la mère de Pelé. Les Etats‐Unis souriaient de voir les gesti­cu­la­tions en tribune de Kay McEnroe, la maman du petit John. En France nous avons aussi notre mamy la gagne, c’est Marie‐Claire Noah, femme de Zacharie, mère de Yannick et grand‐mère de Joakim. Même occupée par son Association des Enfants de la Terre, Madame Noah continue de porter un regard incisif sur l’édu­ca­tion spor­tive française. 

Marie‐Claire, est‐ce que vous trouvez que la place du sport a changé en France depuis 40 ans et la victoire de votre mari avec l’équipe de Sedan ?

Ah non ça n’a pas bougé. Moi je suis ensei­gnante et l’en­sei­gne­ment du sport à l’école reste catas­tro­phique. C’est assez incroyable d’au­tant que sur tout le reste, j’ai la possi­bi­lité de comparer avec mes enfants et mes petits enfants qui vivent aux Etats‐Unis : on n’est pas du tout en retard. Mais sur le sport, il y a un blocage. 

Mais d’où ça vient ?

Il faut demander ça à nos poli­ti­ciens. Pourtant le sport est plutôt apprécié en France mais juste en tant que télé­spec­ta­teur. C’est du sport passif. Là encore, comparé aux Etats‐Unis, on manque de moyens. Regardez la surface consa­crée au sport sur un campus améri­cain comparée à l’uni­ver­sité fran­çaise. On a encore une image néga­tive du sport. 

Parce qu’on est trop intellectuel ?

Je ne sais pas, mais regardez le nombre d’en­fants qui, quand ils arrivent en 6ème, sortent leurs certi­fi­cats médi­caux pour être dispensé de sport. Comme si le sport ça ne servait à rien. 

Mais est‐ce que la compé­ti­tion c’est si bon que ça pour les enfants ?

Ecoutez, je ne suis pas toujours d’ac­cord avec notre sélec­tion­neur national de rugby, Bernard Laporte, mais je trouve qu’il touche juste sur le sport qui apporte « des grandes joies et des grandes douleurs ». C’est ça le sport, c’est l’ap­pré­hen­sion de la passion. On gagne, on perd aussi, et le gros problème à ce moment‐là c’est de dire « Bien joué ». Personne ne peut être content d’avoir perdu mais il faut savoir dire cette phrase‐là. 

Dans son livre, Patrick Mouratoglou insiste sur le triangle enfant‐parents‐entraineur comme clé du plus haut niveau, comment percevez‐vous cela en réfé­rence à l’aven­ture de Yannick ?

Yannick est parti en France tout seul. Il s’est donc élevé tout seul. Il y avait un critère très impor­tant, c’est que Yannick joue de la même façon sans ou avec ses parents dans la tribune. Hier je voyais jouer Dementieva, et elle a raconté la même chose. Elle a été élevée par sa mère, mais sur le terrain, elle vit le match toute seule. La mère doit être là mais ne pas se mêler de sa vie professionnelle. 

Mais elle doit être là quand même. Vous n’étiez pas avec Yannick mais il savait que vous étiez d’ac­cord avec son projet sportif.

Oui et ça je dirais que c’est quasi­ment physique, c’est les tripes qui parlent. On est dans les tribunes et on encou­rage tout le temps. Les gens ne comprennent pas le fameux « Allez !» que balancent les parents. Ca les fait rire mais c’est impos­sible autre­ment. « Allez ! Allez !». 

Puisqu’on parle de Yannick ou de Joakim, est‐ce que le sport ce n’est pas avant tout la notion de voyage, l’obli­ga­tion d’aller voir ailleurs.

Bien sûr. A part pour ceux qui n’ont pas finan­ciè­re­ment la possi­bi­lité de voyager, il faut aller voir ailleurs. Quand on a ses enfants qui sont aux Etats‐Unis, on va forcé­ment pouvoir comparer les systèmes et c’est le moment où on doit se rendre compte que la France, c’est pas si mal que ça. Nous sommes critiques, c’est notre côté latin, mais après tout la France ce n’est pas si mal. Au moins on peut s’enor­gueillir de ne pas être des légumes. Quand on revient de l’étranger, on comprend que la France est un beau pays. Il n’y a pas que Paris, le mauvais carac­tère des taxis pari­siens. En province on tient encore la porte et on sourit dans le véhi­cule. Moi je dis toujours aux gens : « Arrêtez de criti­quer votre pays, changez‐le !». 

Est‐ce que vous jouez encore au tennis ?

Non, je marche, je voyage, je parcours les volcans (Sourire)

Et votre mari

Non, il ne joue plus, il s’est mis au golf (Rires)