AccueilActualitéPascal Julian: «L'éducation nationale devrait nous permettre d'aller voir ailleurs »

Pascal Julian : « L’éducation natio­nale devrait nous permettre d’aller voir ailleurs »

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Responsable de sports etudes concept qui assure toute la struc­ture scolaire des talents précoces qui tel richard gasquet veulent mener de front études et sport de haut niveau, pascal julian a accepté de rebondir sur l’essai de patrick moura­to­glou, et passer en revue le cas de jan silva, de gaël monfils et de notre richie natio­nale. inter­view à la gloire de l’école buissonière. 

Partons de Jan Silva, le petit prodige, il y a un projet qui est avant tout parental puis­qu’il n’a que 5 ans. A quel moment ce projet deviendra celui de l’enfant ?

Ca c’est vrai­ment un problème que je vis au quoti­dien. C’est vrai qu’il n’y a pas de projet de l’en­fant sans projet fort des parents. C’est frap­pant dans l’exemple de Jan Silva mais je peux vous parler tout autant des gamins qui font HEC : c’est que petit, ils sont poussés par les familles. Quand vous entendez les parents dire : « Mon gamin, il est le premier ou le deuxième de la classe », ce n’est pas par hasard ! C’est qu’ils poussent les gamins. A quel âge, l’en­fant reprend le projet, c’est diffi­cile de le dire… 

Patrick Mouratoglou va dire « Qu’importe, le père de Mozart l’a bien fait ! »

Oui c’est vrai. Mais je dirais que ce n’est pas Mozart qui m’in­té­resse, ce sont aussi tous les apprentis Mozart qui n’ont pas réussi à être Mozart. Si on prend 100 gamins à 5 ans, il en ressor­tira un bon joueur. Mon boulot c’est d’aider égale­ment les 99 qui sont sur la touche à s’épa­nouir aussi. 

Quel est votre regard sur deux façons diffé­rentes d’ap­pré­hender l’édu­ca­tion : le bon élève Richard Gasquet et l’élève dissipé Gaël Monfils ?

D’abord ils ont tous les deux du talent. Pour en arriver là, il faut avoir des capa­cités hors pair, mais ce sont deux états d’es­prit. Richard a l’image du premier de la classe qui suit toutes les consignes, Gaël celle de rebelle. Peu importe ! 

Mais vous savez comme moi, qu’en tant que profes­seur, le rebelle est toujours chiant à tenir en classe ?

Oui, mais on est des gens intel­li­gents et on sait que c’est impor­tant pour un gamin de se rebeller, de se rebeller contre ses parents et aussi contre ses profes­seurs. Il est impor­tant que des enfants qui se posent des ques­tion, qui tapent des pieds sous la table puissent avoir un profes­seur qui leur explique le bien fondé de sa pédagogie. 

Parlons de Richard Gasquet, comment êtes­vous rentré en contact avec lui ?

On l’a rencontré avec ses parents à la fin de la 5ème. Le projet sportif était déjà très abouti. La famille était très inté­res­sante avec un réel projet pour Richard. Les choses se sont faits natu­rel­le­ment, on a mis en place une équipe scolaire spéci­fique pour l’ac­com­pa­gner depuis la 4ème jusqu’au moment où il irait sur Paris. Ca a toujours été très facile avec Richard parce que c’est un élève studieux, très encadré par ses parents. 

C’est‐à‐dire qu’à partir de la 4ème, il n’est plus allé à l’école

Non, il n’avait plus du tout le temps. Mais il a poussé ses études jusqu’à la fin de la 1ère. Après, ce n’était plus tenable en terme de calendrier. 

On a égale­ment l’im­pres­sion que l’édu­ca­tion natio­nale n’in­tègre pas cette culture du moment sabba­tique ou du chemin de traverse pour aller voir autre chose, aller se brûler, faire ses conneries ?

Oui c’est drôle parce que j’ai retrouvé un ancien élève de Patrick Mouratoglou qui était – 26, qui est parti aux Etats‐Unis et qui au bout de 4 ans, ne sachant pas ce qu’il allait faire est allé voir le direc­teur de l’uni­ver­sité – ce qui serait diffi­ci­le­ment faisable en France – et il lui a demandé ce qui était bon pour lui. Le direc­teur lui a répondu : « Faites un break d’un an, voyagez, prenez un petit boulot, voyez des choses et revenez‐nous voir ». Voilà ça je trouve ça inté­res­sant. En France, on devrait nous permettre de faire autre chose, de la poésie, décou­vrir des musées plutôt que de leur bourrer le crâne comme on le fait actuellement.