Samantha, lorsqu’il y avait 2⁄5, il y a eu un gros changement au tie‐break, que s’est‐il passé au troisième set ?
Au début, on servait bien toutes les deux. Après, j’ai eu cette balle de break, à 40⁄30. J’aurais dû peut‐être me concentrer et ne pas prendre la balle en revers, elle a très bien servi et ensuite elle a perdu son engagement. Je pensais que tout pouvait changer. Il y avait 4⁄2 en sa faveur, j’ai essayé de me battre jusqu’au dernier point. Ce n’est pas facile dans un tie‐break de revenir sur une joueuse comme elle.
Comment se prépare‐t‐on en tant que professionnelle pour cette situation ? C’est la première fois que tu arrives à ce niveau.
Il n’y a rien de spécial. C’est la première fois que je suis en demi‐finale. On ne sait pas comment on va se préparer. J’ai joué de grands matches avant ce tournoi, en quarts de finale et hier notamment, des finales en double, double mixte, etc. On ne sait pas à quoi s’attendre. J’ai bien géré cette occasion, ce moment. Je me sentais bien physiquement et mentalement. J’ai tiré mes meilleurs coups, je les ai lâchés. J’ai peut‐être été submergée par l’événement.
Combien de temps cela va‐t‐il te prendre pour surmonter cette déception, pour te rendre compte de ta réussite dans le tournoi ?
J’ai perdu, je suis déçue. Mais il y a tellement d’aspects positifs cette semaine et notamment dans ce match§ Je sais que j’ai passé deux très bonnes semaines ici. Je vais attendre avec impatience la prochaine fois. Il y a plus d’aspects positifs que négatifs aujourd’hui.
Tes proches ont forcément suivi ton fabuleux parcours
Ma mère m’a envoyé un e‑mail et m’a dit : « Je t’ai soutenue, j’ai crié ». Ils ont tous aimé cela dans ma famille. J’ai reçu beaucoup de texto, d’e‐mails. Ma famille, mes amis et tous les autres de mon clan m’ont soutenue.
Que vas‐tu garder de ce tournoi en vue de Wimbledon ?
Je n’ai pas pensé à Wimbledon, c’est encore trop tôt. Je dirais que cela va me donner encore plus de confiance. Je peux dire que la surface est complètement différente. Il faudra adapter mon jeu au gazon. J’attends cela avec impatience un autre Grand Chelem. J’espère que je pourrais trouver le même genre de tennis, de jeu et me trouver en même position, en demi‐finale.
Tu n’avais plus joué aussi bien depuis 5 ans, tu as dit que c’était très important. Pourrais‐tu nous parler de Svetlana sur le court et hors court ? Quel genre de personne est‐ce ?
Je m’attendais à de la musique hip pop dans les vestiaires. C’est assez surprenant, mais lorsque Kuzy est là, il y a du hip pop dans les vestiaires. On s’entend très bien lorsqu’on n’est pas sur les courts. Elle est sympa et cool. Sur le terrain, parfois on ne sait pas à quoi s’attendre, le style du match qui peut tourner. Est‐ce qu’elle va frapper comme une cogneuse ou faire des deuxièmes plus lents ? Il faut vraiment se préparer dans chaque jeu et être prêt à quoi que ce soit.
Lorsque tu es arrivée à Paris, pensais‐tu aller aussi loin dans le tournoi ? Tu t’es toi‐même surprise ?
Je ne m’attendais pas à cela. Je suis arrivée là avec des attentes énormes : bien jouer par exemple. Cela m’a permis de gagner 5 matches. Je ne m’étais pas fixée d’objectifs précis, c’est‐à‐dire le tour où je voulais arriver. Je voulais juste bien jouer, ce que j’ai fait. Jusque là, je n’avais pas joué de mauvais matches. Je suis déçue de ce dernier match, mais contente d’être arrivée là.
Tu as fait des matches fantastiques avant celui‐ci. Mais un Grand Chelem est toujours un tournoi particulier. Quelle est la différence entre ce match et les autres ?
Je crois que j’étais plus tendue, plus nerveuse hier qu’aujourd’hui. Je ne peux pas dire que j’aurais voulu gérer les choses différemment. J’étais présente sur le court, je me sentais bien physiquement et mentalement. Il fallait que j’essaie à partir du début notamment dans le premier jeu si l’on peut passer son premier service, c’est ce que j’ai fait, j’avais réussi. Après, je ne sais pas. C’est un moment incroyable. J’essayais d’en profiter de a à z.
Svetlana a peut‐être montré un peu de faiblesse mentale. Changes‐tu ton opinion sur elle concernant son mental ?
Non, je l’ai vue jouer plusieurs matches, elle a déjà atteint les demi‐finales et finales d’un Grand Chelem avant. Parfois, on ne sait pas à quoi s’attendre. Elle a gagné hier contre Serena, et contre moi aujourd’hui. Rien ne va mal de son côté mentalement. La finale sera intéressante. Vous allez voir, elle sera en pleine forme.
Quelle est la favorite en finale ?
Je ne sais pas. Je crois que Kuzy a déjà battu Safina cette année sur terre battue. Elle va peut‐être se sentir mieux. Elle a eu deux bons matches qu’elle a joués. C’est peut‐être Safina, je ne sais pas. Cela ne me surprendrai pas si Svetlana gagnait.
Tu es dans le top 20 désormais Que cela change t‑il pour toi ? Tu peux maintenant être sur un pied d’égalité avec les meilleures joueuses du monde.
J’ai prouvé que je pouvais atteindre le top 20. Quel que soit le match, je peux être présente. Cela ne va pas vraiment me changer. Personnellement, je voulais être dans le top 20, et je vais y être. Je vais regarder à l’avenir et me fixer des objectifs encore plus ambitieux. Je vais continuer à me mettre une forme de pression.
Ton objectif était, justement, d’intégrer le top 20. Maintenant qu’il est atteint, quel est ton prochain objectif ?
Je n’y ai pas encore pensé. Je vais voir quel est mon classement lundi.
Qu’en est‐il des cris sur le court ? Qu’en penses‐tu ? Est‐ce un problème ? Cela peut‐il faire craquer quelqu’un mentalement ? Cela a‑t‐il joué aujourd’hui ?
Non, je ne pense pas. J’ai joué quelques filles sur le terrain, je n’ai rien remarqué. Cela ne me gêne pas. Je les entends simplement quand je les regarde jouer. Cela ne m’a jamais gênée sur le terrain. C’est comme cela, il faut faire avec.
Ta réussite ici était très bonne jusque là. Jelena Dokic réussissait bien jusqu’à ce qu’elle se fasse mal au dos, Casey Dellacqua réussissait aussi avant de se blesser. Que signifie la réussite féminine pour les Australiennes ?
Je ne sais pas. Le tennis féminin depuis quelques années se porte très bien. Nous allons dans le bon sens. A Melbourne, ici, ailleurs, toutes les joueuses ont changé. Maintenant, les gens essayent de suivre les matches féminins. Isabella Olivia regardait mon match aujourd’hui. Je joue avec les autres filles. Les jeunes se rendent compte que c’est possible pour les femmes. Des jeunes sont en train d’émerger, c’est une bonne chose.
Publié le jeudi 4 juin 2009 à 20:32