Julien, lorsque tu chutes au début du troisième, tu te fais mal aux genou, cela t’a handicapé par la suite ?
Non, je ne me suis pas fait mal mécaniquement, c’est juste une plaie. Il n’y a aucun souci.
Comment analyses‐tu ton match ?
C’était un match d’une qualité purement tennistique moyenne. Ce n’était pas évident. Il y avait beaucoup de vent. Au début, il faisait froid, je trouvais quand on est sorti du vestiaire. Il faisait frais, il y avait du vent. Pas évident pour les deux de mettre son jeu en place. Lui, de temps en temps, par sa puissance il a pu faire la différence dans ces conditions‐là. Je n’ai pas réussi à faire suffisamment la différence du fond du court. Il y avait des balles courtes parce qu’on ne jouait pas très bien. Cela tournait. Il aurait peut‐être fallu être plus près du rebond, mieux placé, plus fléchi. Je regrette mon premier break au premier. Je mène 40–0 sur ce jeux, on fait jeu égal. Même si je débreake derrière etc., à la fin il me manque. Au début du troisième, je suis mieux, je reviens dans la partie. Je l’inquiète un peu sur son jeu de service. Il fait une belle amortie à ce moment mais après, je me fais breaker trop facilement. Ce n’est pas que je lui donne mais… c’est dommage que je n’arrive pas à coller le score plus longtemps dans ce troisième set.
Tu avais un coup de barre physique après ?
Je ne suis pas fatigué, épuisé, courbaturé. J’ai vraiment bien récupéré par rapport à cela et à ma semaine à Kitzbühel. D’un point de vue musculaire, il n’y a pas de… Après peut‐être qu’il m’a manqué un peu… Je n’en sais rien… De l’extérieur, on voit mieux. Sur le terrain, j’essaie de tout donner… Il m’a manqué un peu d’énergie, de vitesse, de réactivité. C’est peut‐être lié à la fatigue mais je ne le ressens pas. J’ai eu une petite gêne à la cuisse qui traîne depuis cette finale de Kitzbühel, depuis 2 jours. Autrement, je me sentais bien. J’avais du mal quand j’étais contre le vent surtout, ce n’était pas évident pour moi. Lui avait le vent dans le dos etc., sa balle me gênait beaucoup quand même.
As‐tu l’impression que c’était un match peu bizarre avec les conditions et que la différence n’a pas été aussi nette que cela ?
C’était un match un peu décousu, je pense. Jo a plutôt pas mal servi sur la fin, les conditions étaient plus faciles et le vent tombait. A un moment donné, on ne voyait plus rien sur le court à cause de l’ombre, c’était hyper dur. A ce moment, il a mieux servi. C’était un match pas bizarre. C’est 4 sets, il n’y a qu’un break. C’est un match où l’on peut être à 2 sets partout… Il a été assez solide à certains moments.
Comment l’as-tu trouvé globalement ? Si tu devais nous dire là où il a été bon, où il a fait mal et les endroits où il y avait moyen de ?
Il est gênant avec son service kické. Après, il arrive quand même à prendre l’échange avec son coup droit. Il faut arriver à le faire jouer un peu plus, à le bloquer plus côté revers. Non, il ne faut pas faire cela ! Il faut lui donner des balles courtes en coup droit. Je n’ai pas à le juger, il m’a mis 4 sets. Il est peut‐être plus à l’aise sur d’autres surfaces. Il sait se déplacer et jouer quand même dessus.
On a l’impression que tu es frustré parce que tu n’es peut‐être pas passé si loin que cela et que tu n’as pas pu le faire douter. A un moment, il s’est énervé contre le vent, comme l’année dernière à Miami l’année passée. Est‐cela qui te frustre ?
Je ne suis pas frustré mais déçu parce que c’est Roland. C’est un match particulier. Le public au début est plus pour Jo. Après on sent que les gens encouragent un peu les deux en fonction du déroulement du match. C’était un match franco‐français. Ce n’est pas qu’il y avait de la retenue mais… J’ai déjà vu Jo faire des matches où il y avait plus d’ambiance. Moi j’ai fait des matches ici à Roland où l’ambiance était plus forte, mais c’était normal parce que deux Français… Et un peu décousu, les conditions n’étaient pas faciles. Ce n’est pas pareil que quand il fait 25 degrés et que tout le monde est t‑shirt. Il y a tout un contexte qui fait qu’il fallait jouer le match avec certaines armes. C’est ce que l’on a essayé de faire. Dans ces conditions, je n’ai pas réussi à être assez efficace, surtout quand j’étais contre le vent. Il y a un ou deux jeux que je joue moyen, qui m’échappent un peu trop vite. C’est mon premier break au premier et le troisième où je me fais breaker un peu bêtement.
En gros, tu aurais préféré jouer un joueur qui te laisse plus t’installer dans ton jeu et pas jouer un Français.
Ce n’est jamais facile de jouer un Français à Roland. J’aurais préféré jouer autre chose qu’un deuxième mondial au premier tour. C’est le tirage au sort. L’écart qu’il y a entre nous au classement, c’était sur le papier. Sur le terrain, c’est différent : c’est Roland, la terre battue, le premier tour. Je croyais vraiment à mes chances. Avec quelques points un peu mieux négociés à certains moments, cela aurait pu être plus serré.
Au niveau de ton plan de jeu, as‐tu hésité parfois entre défendre et le bloquer sur son revers et on t’a vu aussi très offensif au deuxième. As‐tu eu parfois cette hésitation ?
Non, je savais, c’était assez clair dans ma tête. J’ai fait un peu moins de service‐volée sur la fin parce que cela devenait plus efficace. Pendant les deux premiers sets, c’était assez efficace. Au premier, même si je le perds, c’était assez efficace. Après il retournait mieux, il s’y attendait plus. J’ai un peu varié. J’ai essayé d’aller au filet, de le provoquer, de le faire passer en revers. J’ai gagné pas mal de points là‐dessus. Au premier set, il y a des balles que je n’ai pas assez négociées parce que je ne me retrouvais pas bien placé, ce n’était pas évident de lâcher ces coups. Même pour lui, il n’a pas mis autant de coups droits gagnants que d’habitude. Il fallait un peu composer avec le vent tourbillonnant qui était gênant.
Au‐delà du vent, y avait‐il aussi une tension particulière au premier tour sur le Central de Roland Garros ?
Oui, un peu forcément. C’était un peu contracté au début. J’ai eu du mal, en plus de tout cela, à lâcher mes coups, à bien rentrer dans la balle. Après, c’est passé au fil du match.
L’année dernière huitième de finale. Là ‚premier tour, tu vas perdre beaucoup. Tu as déjà regardé ce que cela allait de coûter ? Comment vas‐tu vivre cela ?
Je vais adapter mon programme. Je vais certainement jouer un challenger après Wimbledon. Cela veut dire certainement qualif de Cincinatti et de Montréal. On va voir comment on va gérer cela avec Thierry. Je perds une trentaine de places, je crois. J’ai sauvé pas mal la mise la semaine dernière, autrement j’aurais été très loin. C’est le tennis, cela arrive. Cela ne m’inquiète pas plus que cela parce que depuis Rome, j’ai retrouvé un bon état d’esprit. Tous mes matches étaient à la bagarre. J’ai loupé 2 ou 3 occasions dans certains tournois. Quel que soit le niveau de mes adversaires, je pouvais jouer un mec qui était 130 ou 140. Avec un mec comme Karlovic ou Melzer, c’était très accroché. Cela ne tournait pas. Cela a tourné en ma faveur la semaine dernière. En continuant dans cette voie, avec cet état d’esprit, je vais recommencer à gagner des matches comme je l’ai fait la semaine dernière et comme j’ai joué aussi aujourd’hui. Parfois, ce n’est pas évident quand on est dans les tableaux. On n’a pas beaucoup de matches dans les pattes.
C’est à double tranchant.
Oui. Normalement, je devrais faire un challenger après Wimbledon, Stuttgart ou Bastad sur terre. Après, il y a Hambourg, mais je pense que je ne vais pas rentrer. Ensuite, un autre tournoi sur terre. Après on va voir pour la tournée aux Etats‐Unis comment on va faire. Cela ne me fait pas peur de faire un ou deux challengers.
As‐tu beaucoup à défendre jusqu’à Lyon ?
Non, je n’ai rien du tout. C’est passager. J’ai regardé le classement à la race, je suis dans les 40. Après ce tournoi, je vais peut‐être être entre à 45 ou 50. Au classement technique, cela ne se traduit pas encore parce qu’avec ce système de points… C’est en train de s’équilibrer peu à peu. Au début de l’année, il fallait 940 points pour être centième. Cette semaine, il en faut 780 et à la fin de l’année, il en faudra à peu près 600. Avec ce système de classement, il y aura des écarts de points énormes dans les passages à niveau, entre 100 et 60, 60 et 30. Paul‐Henri Mathieu qui était 35ème, perd un paquet de points. Il se retrouve avec 40, 50 parce qu’il y a des écarts de classement et de points.
En direct de Roland‐Garros.
Publié le mardi 26 mai 2009 à 21:31