AccueilActualitéTarik Benhabiles: « J'ai un peu une âme d'aventurier »

Tarik Benhabiles : « J’ai un peu une âme d’aventurier »

-

Ancien joueur fran­çais au revers chopé mythique mais surtout coach émérite qui a déjà emmené Andy Roddick jusqu’à la 2ème place mondiale, Tarik Benhabiles s’est depuis long­temps extrait du cocon franco‐français pour aller voir d’autres cultures, écouter d’autres discours, expé­ri­menter d’autres méthodes. Il met désor­mais son expé­rience de globe‐trotter au service du jeune Gaël Monfils et prône une passion du tennis fait d’ici et d’ailleurs.

Est‐ce que tu as l’im­pres­sion d’être mis en marge du système ?

Je n’aime pas trop tous ces juge­ments que les gens font, surtout pour la plupart sans vrai­ment me connaître. Moi je ne juge personne. Tout le monde a le droit au haut‐niveau. Moi, je ne me sens pas du tout en marge. Là on est à Roland (NDLR : l’in­ter­view a été réalisée en mai dernier), je me sens à la maison. J’ai passé toute ma vie ici, j’ai même habité ici. Après certains me reprochent d’être parti à l’étranger, mais j’aime ma liberté, le climat tropical et la mer, tous ces éléments que j’ai en Floride. J’ai un peu une âme d’aven­tu­rier. Chaque année je pars décou­vrir un nouveau pays, une nouvelle culture, pour apprendre, décou­vrir de nouvelles méthodes. Mais je ne suis pas en marge. Moi j’ac­cepte tout le monde. 

Tu as été le coach de Tatiana Golovin, de Richard Gasquet, main­te­nant de Gaël Monfils. En France on a un peu l’im­pres­sion que tu es le coach sauveur qu’on appelle quand il y a des problèmes.

J’ai commencé avec Richard, c’était pas évident. Avec lui, il y avait beau­coup de choses à faire, mais malheu­reu­se­ment c’était trop tôt pour lui. Il était encore trop jeune. Moi je fais un job, je le fais à 200%. Je me mets d’ac­cord avec mes joueurs et on se respecte ainsi que nos engagements. 

Est‐ce que c’est diffi­cile d’être dur dans ce métier ?

Non, ça dépend à qui vous avez à faire. Vous ne pouvez pas coacher de la même manière. Il n’y a pas une vérité. Chaque coach à sa propre méthode, sa propre péda­gogie. Et puis il faut adapter son discours en fonc­tion des joueurs. Chaque joueur a son propre bagage. 

Quand tu bosses avec Gaël, ça vient de toi ? De lui ? Des deux ?

Gaël, ça fait quatre ans qu’il bosse et qu’il colla­bore avec diffé­rentes personnes et struc­tures. Moi je ne fais que prendre la succes­sion, de pour­suivre le travail qui a déjà été effectué. J’essaie seule­ment de rajouter un peu ma touche person­nelle. Quand je me lève le matin, mon but est de passer la meilleure journée possible, d’ap­porter aux joueurs tout ce que je peux, d’être perfor­mant et de ramener des résul­tats. En général ça se passe bien. Après, comme partout, il y a des échecs et des réussites. 

Gaël a déclaré qu’il y avait une osmose entre vous. Il aime bien quand tu lui parles.

Je l’ai envoyé seul en Autriche et en Croatie, pour qu’il se retrouve, qu’il fasse le point avec lui‐même. Il est jeune, il me regarde, il est dans l’at­tente de mes paroles, de mes conseils. Donc c’est presque normal pour moi de lui parler beau­coup. Il est demandeur. 

Tu veux dire que le mental est plus impor­tant que tout le reste ?

Complètement, c’est le mental qui fait tout. Pour réussir des choses il faut un état d’es­prit, une menta­lité, une atti­tude. Et tout ça, tu l’ob­tiens, tu le déve­loppes avec le mental. On a beau­coup travaillé ça avec Gaël. 

Tu veux dire que tu détiens des clés que d’autres coaches n’ont pas ?

Non. Simplement je fais mon travail du mieux que je peux. Il y a des entraî­neurs qui font des meilleures choses que moi, ou qui ont de meilleurs résul­tats. Pour moi la ques­tion n’est pas là. Je me lève le matin avec l’envie de faire du mieux possible, de me donner à 100%. 

Tu vas beau­coup à l’étranger. Cela t’ap­porte beau­coup ? En terme de métho­do­logie, de culture ?

Il y a telle­ment de belles choses sur terre que c’est une chance de pouvoir voyager. Découvrir toutes ces cultures est un cadeau du ciel, un véri­table luxe que j’ai. Ca m’ap­porte un regard diffé­rent d’un point de vue sportif, mais égale­ment social, humain, et même business. 

T’as le temps encore aujourd’hui de t’évader à travers d’autres passions ?

Bien sûr. Avec un minimum d’or­ga­ni­sa­tion, il n’y a pas de problème. Et pour décou­vrir de si jolies choses, le temps on le trouve toujours.