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Federer, la raquette et la manière ?

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C’est aujourd’hui que Roger Federer entre en lice à Gstaad. Un tournoi de cœur au carre­four de sa saison, dont l’im­por­tance ne réside pas tant sur la victoire finale que sur les moyens mis en œuvre pour y parvenir. Comme à Hambourg, il affronte l’Allemand Daniel Brands au deuxième tour. L’occasion d’éva­luer l’état de santé du jeu du Suisse, forcé­ment lié à sa nouvelle raquette.

Gstaad, ses montagnes, sa neige, son domaine skiable et ses stars l’hiver ; Gstaad, ses montagnes, ses vaches, son tournoi de tennis et Roger‐Federer‐le‐grand‐vainqueur‐de‐Wimbledon l’été. Nous n’avions plus vu une telle carte postale depuis 2004, année de son deuxième titre consé­cutif sur le gazon londo­nien. Vainqueur de son seul tournoi dans la ville suisse cette année‐là, Federer n’y était plus retourné depuis, préfé­rant faire un long break entre Londres et le Canada. Oui, mais, voilà, un chan­ge­ment majeur est inter­venu ces dernières semaines dans la vie du tennisman suisse. Oui, un chan­ge­ment de raquette. Un chan­ge­ment qui l’a incité à ne pas sauter dans l’in­connu sur dur au mois d’août, mais à privi­lé­gier une prépa­ra­tion gran­deur nature dans deux tour­nois esti­vaux. Ce qui n’est sûre­ment pas pour déplaire à ses compa­triotes de fans – et forcé­ment, aux orga­ni­sa­teurs. Accueilli chaleu­reu­se­ment par les premiers et chou­chouté par les derniers – se voyant même offrir une (nouvelle) vache ! – le numéro cinq mondial n’a sûre­ment pas oublié qu’il est à Gstaad pour travailler. Et du travail il y a, et il y aura. Sorti en demi‐finales à Hambourg, Roger a livré une semaine mi‐figue mi‐raisin en Allemagne, s’ap­puyant avant tout sur son expé­rience. Mais celle‐ci ne lui a évidem­ment pas confié une immu­nité salva­trice. L’arrivée face à lui du trans­cendé Federico Delbonis a mis fin au labo­rieux parcours hambour­geois. Son jeu, lui, a été parfois sublime, parfois inquié­tant. Rouillé par le poids des années et du dernier échec à Wim’ ? Ou bien désta­bi­lisé par la nouvelle raquette ? Vraisemblablement un peu des deux. Mais quoi­qu’il arrive, l’homme aux 17 titres du Grand Chelem est prêt à relever ce nouveau chal­lenge qui s’offre à lui. Voici ce qu’il décla­rait la semaine dernière suite à son échec face à Delbonis : « Si je devais arriver à un point où j’en aurais assez de voyager, où je devrais me forcer à m’en­traîner et à jouer, je me pose­rais sérieu­se­ment des ques­tions. Mais ce n’est pas le cas pour le moment. Au contraire. Après Wimbledon, je brûle encore plus de jouer. »

Motivé, le Suisse se montre égale­ment lucide et concentré : « Aujourd’hui, mon clas­se­ment ne m’im­porte plus tant que ça. Je dois d’abord retrouver un bon niveau et jouer avec régu­la­rité. C’est pour­quoi il est impor­tant de repousser ses limites, à l’en­traî­ne­ment aussi. Il ne suffit pas d’être à 95 %. » Face à la concur­rence venue le faire vaciller et tomber de son trône, Federer n’a pas abdiqué et sait perti­nem­ment que la barre est haute. Travailler, construire, mettre de côté – voire même encaisser de nouveau pour mieux repartir. Telles seront ses missions à Gstaad. Alors, certes, décro­cher le trophée sera un bon objectif, mais prendre une déci­sion concer­nant sa raquette en est un autre, avec d’au­tant plus d’im­por­tance. Ce qui ne l’empêche pas de remplir les deux, bien au contraire. Cette reprise anti­cipée en guise de période d’essai lui permet déjà de tirer quelques conclu­sions sur sa raquette : « Je suis satis­fait, mais j’ai besoin de voir si c’est la bonne déci­sion. Je ne sais pas encore si je l’uti­li­serai pour l’US Open. Je dois encore y réflé­chir. Il y a des joueurs qui ont connu des problèmes en chan­geant de raquette, comme Fernando Verdasco et, dans une certaine mesure, Novak Djokovic. » Le tournoi de la semaine lui permettra de dresser un nouveau bilan, lié à son parcours raquette en main. A Gstaad, contrai­re­ment à Hambourg, son tableau s’an­nonce légè­re­ment plus ardu, puis­qu’il ne pour­rait affronter jusqu’en finale que des membres compris entre la 30e et la 60e place mondiale : Brands, puis Bautista‐Agut ou Hanescu, puis Monaco ou Youzhny. De quoi lui permettre d’aug­menter la diffi­culté des tests, avant pour­quoi pas, de défier Stan Wawrinka pour le titre. Mais s’il veut parvenir à prendre le meilleur de cette semaine, il va d’abord lui falloir passer une deuxième fois en huit jours sur le corps de Daniel Brands. La semaine dernière, l’Allemand l’avait titillé pendant la moitié de son premier match avec son nouveau joujou. Face à un adver­saire et avec une raquette qu’il connait mieux, ce premier check­point suisse sera d’au­tant plus inté­res­sant à l’heure de prendre le pouls du cinquième mondial. Une auscul­ta­tion dont les résul­tats ne seront pas les seuls motifs de bilan, mais dont le patient lui‐même peut rendre plus facile. A condi­tion de mettre l’art et la manière. Alors, hormis la raquette, quoi de neuf Roger ?

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