Zeljko Franulovic, directeur du Rolex Monte‐Carlo Masters, a présenté l’édition 2019 (13 au 21 avril) à Paris. L’occasion de faire le point avec lui sur le plateau et les forces en présence.
Zeljko, êtes‐vous satisfait du plateau de l’édition 2019 ?
Nadal, Djokovic, Zverev, Thiem, Nishikori, Anderson, soit presque l’intégralité du Top 10 est présent. Del Potro est blessé, il ne joue pas depuis longtemps et je crains qu’il doive être opéré. Pour Federer, on savait depuis longtemps qu’il hésitait à jouer sur terre battue. On a été en contact à plusieurs reprises, notamment après l’US Open l’année dernière. Il a pris la décision de disputer Roland‐Garros et il n’a pas besoin de jouer huit tournois pour arriver en forme. Il a choisi Madrid car la date lui convient mieux avant Roland‐Garros. On entretient des bonnes relations avec Roger, alors on espère l’avoir l’année prochaine.
Avez‐vous une idée pour l’attribution des wild‐cards ?
On a énormément de demandes (rires) ! On va décider au dernier moment, il y a de très bons joueurs français comme internationaux avec beaucoup d’Italiens. On peut opter pour un jeune joueur ou un ancien qui a été blessé et qui a besoin d’une wild‐card pour rentrer dans le tableau.
S’il n’est pas blessé, Nadal peut‐il être battu ?
Tout le monde peut être détrôné, y compris Rafael Nadal après ses 11 victoires. La nouvelle génération pousse et montre ses dents. Rafa a gagné 11 fois, mais ça ne veut pas dire que ce sera la même histoire cette année. Il faut compter sur les jeunes. Je suis catégorique, un jeune joueur peut gagner un tournoi comme Monte‐Carlo. Nadal l’a fait en 2005. C’est le début de la saison, tout le monde n’est pas encore à 100% ou prêt.
A quels jeunes joueurs pensez‐vous ?
Zverev et Thiem ne sont plus considérés comme des jeunes joueurs, ils sont déjà bien chevronnés (sourire) avec des victoires dans les grands tournois. Je pense surtout à Khachanov et Tsitsipas. Il y a aussi Félix Auger‐Aliassime qui a seulement 18 ans. Il était encore à l’école primaire l’année dernière (rire). Cette année, il était tout proche de gagner un ATP 500 à Rio. Ça peut aller vite. Il a un jeu complet et possède la capacité pour gagner un Masters 1000.
« La terre est devenue une surface comme les autres »
Gaël Monfils peut aussi animer le tournoi…
Complètement, Monfils peut être considéré comme un des favoris. Il a le jeu pour s’imposer ici et il est en bonne forme. Maintenant, avec Gaël, le seul problème c’est son état physique. Il a enchaîné beaucoup de victoires et il a abandonné à Indian Wells. Il peut entrer dans une bonne période à Monte‐Carlo et pourquoi pas viser la victoire.
Thiem peut‐il être le successeur de Nadal sur terre battue ?
Il n’y aura jamais un héritier de Nadal, comme joueur ou personnage. C’est aussi impossible de trouver un successeur de Nadal sur terre battue. La terre est devenue une surface comme les autres et il y a de moins en moins de spécialistes de terre battue comme on pouvait le voir auparavant avec les Espagnols ou les Italiens. Le circuit actuel fait qu’il faut être polyvalent. Djokovic joue bien sur terre comme sur dur ou gazon, c’est aussi le cas de Zverev et même de Thiem qui vient de gagner à Indian Wells.
Vous avez évoqué les jeunes joueurs et le circuit vit une période assez inédite avec 19 tournois pour 19 vainqueurs… Est‐ce une période de transition ?
C’est absolument incroyable, c’est sans doute une exception. Ce n’est presque pas normal, à la grande époque du « Big Four », c’était impossible. C’est le signe d’un changement dans le tennis. Cela devait arriver, Federer a 37 ans, Nadal et Djokovic ont 32 et 31 ans. Les jeunes loups montrent leurs dents.
Propos recueillis à Paris
Publié le jeudi 21 mars 2019 à 18:35