AccueilATPATP - Monte CarloLe Rocher a tremblé et son Prince est tombé !

Le Rocher a tremblé et son Prince est tombé !

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Incroyable scénario à Monte‐Carlo ! David Ferrer bat Rafael Nadal, huit fois vain­queur du tournoi, en quarts de finale, 7–6(1) 6–4. Le Valencian affron­tera Stanislas Wawrinka pour une place en finale.

Il ne faut jamais dire jamais. David Ferrer a dû, toute la nuit durant, se répéter ce dicton popu­laire, les yeux perdus dans la Méditerranée, médi­tant sur son sort et prenant les étoiles à témoin perché sur un rocher. Car à l’heure d’af­fronter Rafael Nadal en quarts de finale de Monte‐Carlo, le Valencian ne partait effec­ti­ve­ment pas favori… C’est peu de le dire : le garçon avait perdu ses 17 dernières confron­ta­tions sur terre battue avec l’ac­tuel numéro un mondial. Catalogué impo­tent face à son cadet major­quin, David faisait partie de ces losers illustres qui ont subi, un jour, la claque psycho­lo­gique d’un rival imbattable. 

Mais depuis que David a renversé Goliath, l’on sait que rien n’est impos­sible aux outsi­ders. Il suffit juste de s’en rappeler au bon moment. Alors David, plein de cette volonté nouvelle, s’est peut‐être appuyé
sur ses perfor­mances passées de Madrid et de Rome, l’année dernière, pour oublier que le destin le consa­crait perdant avant même de jouer. Et il a joué, ce Ferrer… Il a joué, quand Rafael Nadal a déjoué. Le Valencian a démarré pied au plan­cher en prenant le service du Majorquin, mais n’a pas su confirmer son avance en un début de match très intense, aux échanges ultra‐longs. Faisant durer le plaisir à peine celui‐ci commencé – les trois premiers jeux ont duré 30 minutes -, les deux joueurs se rendaient alors coup pour coup, chacun aidé par les erreurs de l’autre au service. Au jeu du touche‐touche, c’est le tie‐break qui s’est progres­si­ve­ment – et lente­ment – profilé. Et là… Premier coup de semonce : David Ferrer, qui aurait dû caler dans ce money time, se détache faci­le­ment. Et prend l’avan­tage, 7–6(1). Etonnant.

44 fautes directes pour Nadal

Etonnant, car Nadal n’est clai­re­ment pas dans son assiette, lors même qu’il oeuvre dans un jardin de terre où il est prince huit fois couronné, seule­ment détrôné par Djokovic. Le numéro un mondial ne parvient à faire mal ni avec sa première balle, ni avec sa seconde. Pis, il se montre imprécis, jusqu’à commettre le fara­mi­neux total de 44 fautes directes dans ce match. Et tout à fait inca­pable de faire la diffé­rence sur les points impor­tants, ces 10 balles de break qu’il ne conver­ties qu’à trois reprises. Ferrer, lui, l’agresse en fond de court et se bat sur chaque point comme un mort qui verrait la lumière. Surtout, il adopte une stra­tégie que Rafa lui‐même a sur‐appliqué à sa riva­lité avec Roger Federer : il pilonne son revers. Ce n’est pas très varié, non, mais c’est souvent long et cela permet de trouver l’ou­ver­ture. Un schéma que Ferrer applique à la perfec­tion en tentant, lui‐même, de limiter ses erreurs. Un schéma qui lui permet de breaker à 2–1, puis de double‐breaker et de mener 5–2. On se dit que c’est fini, mais David est rattrapé par ses vieux démons à l’heure de conclure. Le bras trem­blant, il perd son service et laisse son compa­triote revenir à 5–4. Lui est alors offert une dernière chance d’en finir avec son statut d’agnelet sacrifié. Assurant son enga­ge­ment et encore un peu vacillant, il s’en sort, tape deux énormes coups droits… et s’im­pose 7–6(1) 6–4 en 2h13. 

Quand Rafa quitte le court, la tête un peu basse, tout plein de doutes, tout plein d’in­cer­ti­tudes face à ce début de saison éton­nam­ment fébrile, l’un de ses plus mauvais, qui l’a vu perdre face à Wawrinka, Dolgopolov, Ferrer et Djokovic, l’éternel numéro deux du tennis espa­gnol lève les bras discrè­te­ment. Aujourd’hui, David Ferrer peut être encore un peu plus fier de lui. S’il a contenu sa joie face à cet ami major­quin qui l’a si souvent laminé, il se dira sans doute, ce soir, en médi­tant du haut de son rocher, enroulé dans sa couver­ture d’étoiles médi­ter­ra­néennes : je l’ai fait, j’ai battu Rafael Nadal numéro un mondial sur terre battue, j’ai brisé le signe indien, je ne suis plus une victime. Je m’ap­pelle David Ferrer et je vous emm****. 

  • La raquette de David Ferrer, dispo­nible ici !