Suite à l’annonce du forfait de Rafael Nadal pour les quarts de finale du Rolex Paris Masters, Guy Forget est venu s’exprimer devant les médias et il n’a pas caché son agacement. Le directeur du tournoi a notamment évoqué le calendrier et les problèmes que peuvent poser des compétitions comme la Laver Cup.
Guy, quelle est votre réaction au forfait de Rafael Nadal ?
C’est un coup dur pour le directeur de tournoi que je suis, mais aussi pour tous les fans. Je veux quand même saluer sa démarche. Alors qu’il était convalescent et qu’il avait déclaré forfait pour Bâle, il s’est économisé pour venir jouer ici. Il a fait deux bons matchs où il s’est bagarré. Il voulait aussi montrer qu’il méritait son statut de numéro 1 mondial. C’est vraiment l’âme en peine qu’il a déclaré forfait.
Avez‐vous l’impression d’avoir la poisse ?
En 2012, on avait connu une édition très difficile avec la proximité du Masters qui se déroulait dès le lendemain de notre finale. On a récupéré une semaine off dans le calendrier. Malheureusement, les blessures successives contractées par Novak Djokovic, Andy Murray, Stan Wawrinka ou encore Kei Nishikori datent de plusieurs mois. Ils ont donc raté une grosse partie de la saison. Avec l’ATP, il est nécessaire de s’interroger sur l’avenir du circuit pour voir de quelles manières il faut préserver les joueurs et les promouvoir dans nos tournois qui méritent les meilleurs joueurs.
Comment expliquez‐vous cette hécatombe qui a frappé toute la saison ?
J’ai récemment lu des articles sur la longévité actuelle des joueurs. C’est paradoxale de se dire que les joueurs n’ont jamais joué aussi longtemps alors que le jeu n’a jamais été aussi physique. Il y a une multitude de tournois supplémentaires qui n’existaient pas dans le passé. A un moment donné, on va dans le mur. On a eu la naïveté de penser que ces joueurs étaient indestructibles. Non, ces joueurs sont fragiles et montrent des signes de faiblesse. Pour avoir parlé avec des joueurs comme Rafa ou Novak, ils vont avoir un regard différent dès l’année prochaine sur leur programmation.
Quel regard portez‐vous sur les tournois hors du circuit comme la Laver Cup et ses conséquences ?
Quand on est joueur de tennis professionnel, on doit effectuer des choix tout au long de sa carrière en fonction de son âge, de son classement, de son état de forme… Je sais que des joueurs, et je ne citerai pas de nom, qui ont joué cette compétition (la Laver Cup) n’y participeront pas l’année prochaine à Chicago. Ils ont vu les conséquences de cette compétition sur leurs organismes et je ne pense pas qu’ils souhaitent se reprendre un décalage horaire en retournant aux États‐Unis. Pour les autres, j’imagine qu’ils tireront les conséquences de cette épreuve. Très sincèrement sans vouloir la condamner, elle était belle, j’ai vu des beaux matchs dans une bonne ambiance et les joueurs ont joué le jeu, c’était bien pour la promotion du jeu. En revanche, cela a eu des impacts sur les tournois de Bâle ou du Rolex Paris Masters et peut‐être pour le Masters. Il y a des joueurs qui ont des avis très partagés sur cette compétition. Est‐ce qu’elle continuera d’exister le jour où Federer arrêtera de jouer ? L’avenir nous le dira. C’est sûr qu’une compétition non‐officielle dans un calendrier extrêmement chargé peut devenir problématique. Chris Kermode, patron de l’ATP, en est très conscient.
Guy Forget a évoqué la place dans le calendrier du Rolex Paris Masters…
De votre envoyé spécial à Bercy
Publié le vendredi 3 novembre 2017 à 19:08