Pour fêter les 33 ans de Novak Djokovic, voici l’intégralité de l’entretien que le Serbe nous avait accordé et qui avait été publié dans le numéro 54 de GrandChelem en septembre 2016.
Novak, comment avez‐vous participé à l’élaboration de la nouvelle raquette Speed ?
« J’ai la chance d’avoir une très longue relation avec Head (son équipementier raquette, ndlr). Cela fait maintenant plusieurs années que je joue avec leurs raquettes. D’ailleurs, dès le circuit juniors j’en avais une ! J’ai joué avec différents modèles avant de trouver celui qui me correspond vraiment et avec lequel j’évolue aujourd’hui. Les différentes spécificités ont été établies en 2010. Depuis, la raquette a évolué avec un nouveau look, un nouveau design, un matériel nouveau que l’on testé. À chaque fois, je peux les essayer, les tester en amont afin de donner mon retour. Par la suite, les équipes techniques d’Head font des ajustements. C’est un véritable travail d’équipe. »
Vous souvenez‐vous de la fameuse vidéo sur l’avion ? Ne pensez‐vous pas que cette vidéo symbolise le début d’une nouvelle ère en termes de communication pour les marques et les joueurs ?
»(Rires) Head a toujours eu de telles idées, ils sont innovants, précurseurs. Ils sont créatifs pour le marketing et pour leurs différents besoins commerciaux. Comme j’aime aussi m’amuser, découvrir de nouvelles choses, je pense être un bon « client » pour eux. Ils savent donc qu’ils peuvent me fixer des challenges un peu fous et sans aucun doute, l’avion est la chose la plus dingue que j’ai réalisée (rires) ! C’était incroyable ! Bien sûr je ne suis pas allé dans le ciel, car c’était un vrai risque quand même pour ma carrière (rires) ! Mais je peux vous dire que même sur la piste, mes jambes tremblaient presque davantage que lors d’une balle de match dans un tournoi du Grand Chelem ! Il y avait tellement d’excitation et d’adrénaline. C’est un souvenir incroyable, c’est sympa de me rappeler ce moment. C’était si excitant et évidemment vraiment novateur. Donc pour répondre à votre question, cette vidéo est effectivement le point de départ d’une nouvelle forme de communication pour la marque Head et peut‐être pour les autres équipementiers du tennis. Je sais en tout cas qu’elle a été beaucoup vue et qu’elle a fait parler aussi. »
En général, on sent que vous prenez du plaisir à effectuer ces vidéos de promotion ?
« Oui totalement, j’en prends beaucoup ! Je suis ravi car ils font tout pour que je me sente à l’aise et pour créer des choses nouvelles qui restent en rapport avec ma personnalité. Ils essaient de toujours m’associer. J’en suis très reconnaissant. J’ai aussi mon mot à dire en amont, c’est très agréable de savoir que je ne vais pas être contraint de faire quelque chose qui ne me ressemble pas ou ne me plaît pas. »
On sait que vous avez lancé un programme avec la marque Head pour trouver un nouveau talent. Est‐ce le début d’une reconversion ?
« Un peu oui car je sais que je ne vais pas pouvoir jouer au tennis pour toujours (rires) ! Les joueurs de ma génération ont conscience que les choses évoluent vite dans la vie et qu’il est nécessaire de prévoir la suite assez tôt. Une nouvelle génération de joueurs commence à arriver. C’est un fait. Je m’en réjouis. D’ailleurs, je suis très impliqué dans ce projet afin de trouver de nouveaux talents, des futurs champions ! J’essaie d’y contribuer à ma manière en apportant mon expérience aussi bien sur le plan mental, en jouant avec eux ou en leur donnant des conseils. En tout cas c’est intéressant, et j’essaie d’y consacrer du temps malgré mon emploi du temps souvent très chargé. »
« J’espère que les gens m’observent avant tout comme un être humain, qu’ils m’aiment pour qui je suis avant le joueur de tennis »
Vous êtes l’une des plus grandes stars dans le monde. Qu’est-ce que cela signifie pour vous, pensez‐vous avoir des devoirs, des responsabilités ?
« C’est un privilège. Vous savez c’est un véritable honneur d’avoir un telle place dans le monde du sport. Je suis conscient de ce que j’ai réalisé et je sais que mes exploits m’ont apporté ce statut. Mais j’espère que les gens m’observent avant tout comme un être humain, qu’ils m’aiment pour qui je suis avant le joueur de tennis. C’est vraiment la chose la plus importante pour moi. Évidemment, je suis fier et heureux de recevoir autant d’amour et de reconnaissance partout dans le monde. Mais je ne prends pas ça pour acquis, bien au contraire et c’est aussi pour cela que j’essaie de beaucoup donner aux fans. J’essaie vraiment de faire le maximum. »
Pensez‐vous être un exemple ?
« Je ne peux parler que de mon point de vue. Les athlètes restent des personnes, il faut toujours se souvenir de cela. J’espère simplement être assez responsable pour assumer le statut que j’ai. J’espère que la plupart des gens pensent que j’effectue un bon travail, que je suis naturel. Tout le monde a une approche différente de la vie, moi j’essaie de suivre mon chemin. Et si je peux rendre certaines personnes heureuses, c’est vraiment gratifiant. »
Vous êtes si fort mentalement, presque imperméable à toute pression. Comment travaillez‐vous cet aspect ?
« J’ai travaillé avec un psychologue du sport dans le passé. Mais il faut savoir aussi que c’est un long processus d’apprentissage et d’évolution. L’idée c’est de chercher à mieux se connaître, de savoir ce qui est le mieux pour soi. Quel travail est nécessaire, qu’est-ce que cela peut t’apporter. L’idée c’est de parvenir à maintenir le bon état d’esprit, afin de pouvoir dans toutes les circonstances tenter de donner le meilleur de soi même. Pour y parvenir, j’ai différentes techniques comme avec des exercices de yoga, sur la respiration ou encore la méditation. Mais ce qui reste essentiel, c’est le mode de vie : la manière de penser, les gens qui vous entourent, l’hygiène de vie, savoir profiter de l’instant présent. »
Vos défaites à Wimbledon, aux Jeux Olympiques puis à l’US Open ont été difficiles. Mais n’est-ce pas la meilleure manière de repartir et de viser encore plus haut pour 2017 ?
« Pour être honnête, tout ça est derrière moi. Je pense seulement à ce qui se passe à l’instant présent. On se parle et j’apprécie ce moment ! Ensuite, je verrai ce qui arrive. C’est tout, vraiment. Je suis excité de débuter avec ma nouvelle raquette. Toutes mes expériences m’aident sur le court. J’apprends beaucoup de ces défaites car je peux grandir mentalement et être plus mature. C’est ce que j’essaie de faire à chaque fois. »
Vous sentez‐vous toujours proche de la France ?
« Il y a beaucoup de choses que j’aime en France ! Je vis presque dans votre pays à Monaco. Je passe beaucoup de temps à Nice ou sur la Côte d’Azur. Mais je dois continuer à progresser en français, je n’ai pas encore un très bon niveau. Je comprends mais je dois encore plus pratiquer. Je tiens d’ailleurs à remercier les fans qui regardent le tennis et qui le soutiennent, pas seulement moi, mais aussi tous les autres joueurs. Alors merci beaucoup je vous aime (sourire) ! »
Publié le vendredi 22 mai 2020 à 12:19