Gaël Monfils continue d’impressionner. Revenu à la compétition avec près de quatre mois d’indisponibilité, le Parisien ne perd pas de temps. Avec une demi‐finale à Metz et un quart de finale pour l’instant à Bangkok, il fait mieux que recouvrer des sensations : il a déjà trouvé ses marques. Alors, docteur, cette blessure, c’était si grave ?
Gaël Monfils avait demandé du temps avant qu’on le juge. Revenu il y a quinze jours à la compétition après de quatre mois, c’est le Français lui‐même qui ne nous en a pas laissé. Il s’est montré extrêmement solide et surtout, il est apparu en jambes. Une chose impensable pour une si longue indisponibilité. Invité à se remettre en jambes à Metz, le tricolore a déjà fait bien mieux que ça. Il a franchi tour à tour les obstacles que constituaient Olivier Rochus, Nicolas Mahut et Philipp Kohlschreiber avant de tomber dans un combat de longue haleine face à Andreas Seppi en demi‐finale. « Je m’adapte à ma douleur, j’essaye d’éviter des courses inutiles même si j’ai une fâcheuse envie d’aller chercher une balle impossible. Mais c’est mon personnage. Dans l’ensemble, je peux courir et c’est le principal. Je suis surpris parce qu’il y a deux ou trois semaines j’étais un peu dans le rouge mais j’ai confiance en moi. Je suis un guerrier. J’ai changé mon alimentation. J’ai fait un sacré travail physique et ça m’a aidé… ». C’est ce que déclarait Gaël après sa victoire face à Mahut.
Une déclaration qui fait étrangement écho à une précédente, émise avant son entrée en lice dans le tournoi. Le 46e joueur mondial y évoquait notamment la difficulté de rester physiquement au top. « Je me suis entretenu mais je n’ai pas pu jouer trop longtemps. Le tennis reste un sport spécial. On a beau courir, faire de la musculation, on perd énormément ». Pas tant que ça au final… Rappelons que l’indisponibilité de la Monf’ était due à une blessure contractée au flanc gauche. Plus précisément une lésion myo‐aponévrotique de l’oblique interne gauche. Un terme barbare inquiétant qui laissait présager peut être une fin de saison 2012 menacée. Mais aujourd’hui il n’en est rien. Gaël Monfils a même débuté son second tournoi d’affilée, à Bangkok. Le décalage horaire, la fatigue… rien de tout cela ne l’a pour l’instant entamé au regard de ses matchs. Certes il a du bagarrer face à Kevin Anderson et Viktor Troicki, tous deux mieux classés que lui. Mais l’aéroglisseur tennistique n’a pas flanché et ira lutter face à son compatriote Gilles Simon pour poursuivre l’aventure thaïlandaise.
Comme l’a fait remarquer très justement un internaute de WeLoveTennis, Monfils souffle le chaud et le froid. Il avait livré ses sensations en conférence d’après‐match face à Kohlschreiber où dans la même interview il expliquait être « bien physiquement », puis « épuisé » et vouloir « imposer sa cadence physique » à Andreas Seppi. Bref, on ne sait vraiment pas sur quel pied danser avec Gaël. Sa blessure était‐elle si grave ? Parce qu’à défaut de tennis, le joueur français a bien profité de son temps libre cet été. Plus qu’un problème physique, peut‐être s’agissait‐il aussi d’une blessure morale qu’il cherchait à guérir. Introspection et questionnement. Avant de revenir et, pourquoi pas, un peu plus fort qu’avant, voire un p’tit peu plus mûr. « J’ai pris du recul sur beaucoup de choses. J’ai vu d’autres choses et cela m’a mis une claque. J’ai pris conscience qu’il n’y a pas que le tennis. C’est ce que l’on aime, mais par rapport à la pression que l’on se met, se prendre la tête sur des futilités, ce n’est pas la vraie vie. J’avais besoin de voir autre chose. Alors j’ai fait un petit tour du monde, deux mois de reportage photo, de montage vidéo. J’ai passé des semaines entières dans des studios de musique. J’ai sillonné toute l’Europe en voiture avec des amis, en dormant sous la tente, pour faire des photos de dingue en se levant à des heures impossibles. […] Je n’ai jamais autant bossé que depuis ma blessure. En voyage, je faisais mes deux heures par jour de préparation physique en suivant le programme de Marc Raquil, mes potes me prenaient pour un fou. […] J’ai toujours eu une bonne hygiène de vie, ce sont les gens qui sont dans un délire. Cela me fait rire, mais j’ai l’image de quelqu’un qui se couche tard, mange du saucisson, va en boîte… »
Le doute est permis… A moins que Gaël ne soit tout simplement un sur‐homme ?
Publié le jeudi 27 septembre 2012 à 14:41