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Sharapova, l’in­vi­ta­tion au voyage

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Roland Garros, c’est terminé. A la Rédaction, nous avons débriefé ce matin : nos joies, réus­sites et décep­tions. A l’heure de choisir une image marquante, c’est le sacre de Maria Sharapova qui s’est imposé. Le bonheur immense de cette immense cham­pionne méri­tait bien un hommage – et vibrant, s’il vous plaît.

« C’est un long voyage, qui a commencé lorsque j’étais très jeune et qui n’est pas encore terminé. Ce n’est pas fini pour moi, croyez‐moi. J’en suis loin, j’ai encore beau­coup de choses à réussir. » Tout est dit. Ces quelques mots, Maria Sharapova les a prononcés avec émotion, soula­ge­ment, plaisir et pléni­tude, après sa victoire à Roland Garros. Ces quelques mots consti­tuent la légende d’une des belles images de cette quin­zaine. La grande Maria qui s’age­nouille sur la terre d’Auteuil après un ultime revers raté de Sara Errani. Elle se prend le visage dans les mains, se recro­que­ville, avant de lancer ses bras vers le ciel. Comme si elle se fondait en elle‐même pour mieux embrasser l’uni­vers, comme si la fini­tude de son corps explo­sait sous l’in­ten­sité de sa joie, comme si le bonheur débor­dait de son accom­plis­se­ment en un partage profond avec celles et ceux qui la regardent. Avant d’en­chaîner des bonds impro­bables qui reste­ront dans l’his­toire du tournoi féminin. 

Elle est ainsi, Maria. Sous sa cara­pace de concen­tra­tion, son regard noir à l’ad­ver­saire, sa bestia­lité sonore et son masque de tueuse des courts se cache la même enfant qui avait triomphé à Wimbledon en 2004. Mais cette enfant fait preuve d’une grande matu­rité à l’heure d’ob­server le chemin parcouru. Elle parle de « son travail », le tennis, un travail qu’elle aime plus que tout, pour lequel elle est prête à tous les sacri­fices. Comme de se battre afin de revenir au plus haut niveau après son opéra­tion de l’épaule en 2008. « J’adore mon boulot, j’adore jouer au tennis. J’aurais pu aban­donner, fran­che­ment, quand j’ai été blessée… J’avais déjà gagné beau­coup d’argent, j’avais remporté des Grands Chelems… Mais, quand vous aimez quelque chose, même si c’est gelé dehors, vous sortez, même si vous savez que vous aller vivre une journée diffi­cile, vous vous levez et vous l’affrontez. Il n’est que de cette façon que vous pouvez accom­plir de grandes choses. Et c’est ce qui m’a toujours portée. »

« J’ai encore beau­coup de choses à réussir »

Le voyage de cette jeune fille, loin d’être la froide sibé­rienne qu’on a voulu décrire, mais assez faci­le­ment souriante et chaleu­reuse, a trouvé un point d’ac­com­plis­se­ment samedi dernier, en finale de Roland Garros. Un point d’ac­com­plis­se­ment, qui en ouvre bien d’autres, à la manière du barou­deur qui, en pous­sant une porte, en découvre des dizaines encore à explorer. Et qui donne autant de profon­deur aux points déjà atteints et déjà dépassés. Top 100 à 15 ans, premier trophée à 16, cham­pionne à Londres à l’âge de 17 ans, numéro un mondiale à 18, titrée à l’US Open et l’Open d’Australie… A 25 prin­temps, la voilà de nouveau installée dans le trône réginal du circuit féminin, dans celui de l’his­toire, avec son Grand Chelem en carrière comme dossier de velours. Vient Wimbledon, terre de ses premiers exploits. Tout est possible et voilà peut‐être une nouvelle époque qui commence pour Mademoiselle Sharapova – Madame, dans peu de temps… « Je me suis toujours fiée à mon propre talent et à mon équipe, aux gens qui m’aimaient. J’ai beau­coup de foi et de fierté en ce que je fais. » C’est ce qui lui permet d’avancer, toujours et encore, et « vivre, c’est avancer sans cesse » – Théodore Monod nous entend.

A l’heure du bilan d’un tournoi, c’est ce qui reste : l’image de la déter­mi­na­tion et d’une forme de courage. D’une force qui anime Maria Sharapova. « L’univers est suspendu à un baiser », écri­vait un roman­cier russe. Le 9 juin dernier, il l’était devant la Coupe Suzanne Lenglen et sa cham­pionne. Peut‐être le sera‐t‐il le 8 juillet prochain devant l’écrin d’un viride Centre Court. Et peut‐être encore dans les semaines qui viennent. Et peut‐être… L’histoire est toujours à écrire. Croyez‐nous, Maria manie très bien sa plume et les rames de sa barque. 

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