Très attendu après l’officialisation de sa nomination, Yannick Noah s’est exprimé pour la première fois ce mardi. Le nouveau capitaine se dit enthousiaste à l’idée de commencer ce troisième mandat à la tête des Bleus. Mais il n’hésitera pas à faire preuve d’autorité. Extrait de sa conférence de presse.
Pourquoi revenir…
« On m’a proposé réellement de revenir. Fin août j’ai eu les premiers contacts avec la Fédération pour savoir si j’étais intéressé. C’était le cas. Il y avait quelque chose d’essentiel : je devais parler aux joueurs. Je voulais être sûr qu’ils adhérent et qu’ils soient prêts à travailler à ma manière : définir un cadre bien précis, ma façon de travailler, mes critères de sélection, ce que j’attends d’eux avant et pendant les rencontres. Cela a donné lieu à de très belles conversations avec les joueurs que je connaissais déjà très bien ou d’autres que je ne connaissais pas comme Gilles (Simon). C’était très intéressant. À partir du moment où j’ai senti les joueurs à 100% derrière mon projet, j’ai accepté cet honneur. »
Son état d’esprit…
« Je suis honoré, très excité et pleins d’espoirs. Je suis très motivé après les différentes conversations que j’ai pu avoir avec les joueurs. J’ai la conviction que l’on peut vraiment s’améliorer. Il s’agit de faire jouer de très grands joueurs afin qu’ils arrivent dans les meilleures conditions pour donner le maximum le jour J. J’ai eu le sentiment, et je ne me suis pas caché pour le dire, que ce n’est pas le cas depuis des années. J’ai cet espoir fou de redonner, de recadrer et de réorganiser certaines choses. J’ai cette conviction profonde que je peux le faire, avec les joueurs bien évidemment. Je suis très confiant. »
Sur son fonctionnement…
« Je sais qu’il va y avoir un vrai travail pour apprendre à connaître les joueurs. Et je veux le faire de manière directe, pas au travers de leur entourage, la presse… J’ai déjà commencé. C’est vraiment possible. Un champion est quelqu’un qui a de l’égo et tu ne peux l’être sans en avoir un. Il faut le gérer et mettre tous ces égos au service de notre objectif, notre équipe. Pour ça, il faut un cadre bien précis et ne pas en sortir. À partir de moment où le cadre est défini avant la saison, celui qui s’écarte du cadre, il sort. Il n’y a pas d’avertissement. C’est comme ça que je vois les choses. Donc oui parfois il faut faire preuve d’autorité et prendre des décisions qui peuvent être douloureuses. Et je pense que parfois ça a manqué. Mon rôle est d’organiser un environnement dans lequel il se sente bien. Ce n’est moi qui vais dire à Gilles sur la balle de break de bien regarder la balle et de plier ses jambes. Ce sont des champions. Je dois les protéger, les motiver. »
Sur Arnaud Clément…
« J’imagine qu’Arnaud doit être blessé. Et à sa place je le serais aussi. Ce n’est pas à moi de juger mais la famille du tennis sera unanime pour dire qu’Arnaud est quelqu’un de très valable. Il est arrivé à un moment difficile avec des joueurs différents. C’est quelqu’un que l’on respecte. Il sait qu’il est respecté. Pour moi, Arnaud a toujours été quelqu’un de droit, ce qui n’est pas le cas de tous, irréprochable dans sa manière de s’investir. C’était un vrai joueur de Coupe Davis. On parle d’état d’esprit, il incarnait la Coupe Davis en tant que joueur. Ensuite, est‐ce que son message passait ? C’est à lui de voir, aux joueurs. Mais à la fin, on est tous responsable. Il a été mis de côté et ce n’est pas agréable. Il a le respect de tous (…) J’ai toujours été disponible pour Arnaud (Clément) à travers des messages. Je respecte son mode de fonctionnement, mais il ne m’a jamais rappelé. Je suis prêt à la rappeler, mais je sais qu’aujourd’hui il n’est pas en état. J’espère qu’on pourra le faire, mais pour le moment ce n’est pas d’actualité. »
Sur son plan…
« On va travailler, beaucoup, parfois ce sera des sacrifices. Et il va falloir les faire. J’ai un plan très clair, précis. Et quand je leur en parle, c’est quelque chose de nouveau pour eux ! C’est étonnant. C’est passionnant car on ne peut faire que mieux. Alors mieux, est‐ce que ce sera gagné, je ne sais pas. Mais si on donne le meilleur de nous‐mêmes sur quatre rencontres, je pense sincèrement que l’on peut gagner (…) Les informations (concernant son plan, ndlr) doivent rester dans le vestiaire. Et pour moi, il est hors de question que les joueurs le découvrent dans la presse. »
Sur l’urgence de gagner…
« Il y a une espèce d’urgence car il y a eu beaucoup d’espoirs avec ces joueurs. Et cette génération est en train de tranquillement passer. On doit travailler dans l’urgence. Même avec les juniors. C’est aujourd’hui que le message doit être compris, pas l’année prochaine. Je pense que c’est très bien que la Fédération décide, que ça vienne d’en-haut et montre qu’il y existe une hiérarchie. Aujourd’hui, ça flotte un peu car une génération de joueurs a pensé qu’elle décidait, mais ce n’est pas le cas. On veut leur avis et la Fédération doit avoir leur ressenti, mais à la fin la Fédération choisit. Ça se passe comme ça dans tous les sports. »
Sur son mandat…
« J’ai toujours dit que je ne voulais pas de contrat. Je ne veux rien signer. Je veux vivre une aventure humaine, donner le maximum, aller au bout… Si jamais on a envie d’y retourner, on se voit en fin de saison avec les joueurs, la Fédération, Arnaud (Di Pasquale) pour faire un point. Tant que l’aventure sera belle, on continuera… »
Sur son staff…
« Je suis en train de monter mon staff, je suis très avancé, mais ce n’est pas encore définitif. Je l’annoncerai assez rapidement, d’ici une semaine, dix jours. Je le ferai avant Bercy, c’est une certitude. »
De votre envoyé spécial à Roland‐Garros
Publié le mardi 22 septembre 2015 à 17:03