L’équipe de GrandChelem / welovetennis.fr est chanceuse : nous avons pu découvrir et tester le premier club 100% gazon naturel en France situé à Deauville. Une expérience passionnante.
Un rêve devenu réalité. Voilà comment je résume l’expérience vécue au Lawn Tennis Club de Deauville‐Normandie. Pour la première fois de ma jeune vie, j’ai eu le privilège de jouer sur gazon. Amoureux de la petite balle jaune, jouer sur la surface verte, mythe de Wimbledon, relevait d’une véritable expérience initiatique. Depuis un an, cela est désormais possible grâce au pari de Grégory Brussot et Martin Besançon, les deux co‐fondateurs du premier club 100% gazon naturel en France.
A peine arrivé, l’atmosphère y est unique. Pas de temps à perdre : j’enfile mes chaussures (pas besoin de picot car une telle paire abimerait encore plus les courts) pour découvrir le jeu sur un gazon taillé au millimètre près. Les sensations sont immédiatement agréables mais forcément plus exigeantes en raison d’un rebond plus bas que sur une autre surface. Néanmoins, je m’attendais à ce qu’il soit encore plus bas. Le slice fut mon meilleur ami et je me suis même pris pour Patrick Rafter avec des enchaînements service‐volée. Bref, le kiffe total. Oui, j’ai eu l’impression d’avoir fait mon Wimbledon à moi.
Grégory Brussot : « On jouait dans la pelouse du jardin de mon père »
Après cette séance, Grégory Brussot est revenu sur la création d’un tel projet, unique dans l’Hexagone. Avec comme déclenchement un article de presse. « Ce projet a une véritable histoire. Avec Martin (Besançon), qui est aussi mon meilleur ami, on jouait dans la pelouse du jardin de mon père. La genèse de ce projet remonte donc a plus de 30 ans (sourire), se souvient Grégory Brussot. L’article du journal L’Équipe en juin 2007 (qui évoquait l’absence de courts en gazon en France) a été un déclic. Je me revois très bien le lire dans ce bar du 12e arrondissement. Il m’avait fait cogiter. J’ai ensuite appelé Martin pour lui dire que l’on pouvait creuser l’idée… »
Et l’idée est sortie de terre le 8 juin 2016 après des travaux débutés en 2014. Alors un an après l’ouverture, l’heure est au bilan : « Il est positif car le retour des joueurs est excellent, ce qui signifie que le produit est de qualité, appuie Grégory Brussot. On a été un peu déçu de la fréquentation sur la première année (plus courte) avec 1 500 joueurs mais depuis cette saison, il y a plus de monde. Les choses vont dans le bon sens. On a offert la possibilité à tous les passionnés de faire leur Wimbledon à eux (sourire). Il y a des offres pour toutes les attentes : tournois, locations, stages… »
Grégory Brussot : « L’objectif final est un tournoi ATP »
Martin Besançon et Grégory Brussot permettent donc à tous les passionnés de venir découvrir le jeu sur gazon puisque l’on n’est pas obligé d’être membre, comme c’est le cas dans la plupart des clubs en Europe. Ce « Wimbledon normand », comme il aime être surnommé, va aussi très vite devenir le repère des joueurs tricolores. La semaine dernière Quentin Halys ou encore Pauline Parmentier y étaient pour préparer le Grand Chelem britannique. Lucas Pouille était prévu mais il a changé son programme en raison d’une wild‐card reçue pour Stuttgart. A terme, le but est d’organiser un tournoi. Les co‐fondateurs ont ainsi débuté ce rêve par un CNGT remporté par Roberto Bautista Agut. Pas mal comme vainqueur. « 2018 sera sans doute un peu tôt pour un Challenger. Je pense que ce sera plus pour 2019. En tout cas, oui, l’objectif final, est un tournoi ATP » ambitionne Grégory Brussot.
Wimbledon est attentif au projet des Frenchies
Pour cela, il compte sur l’aide de Wimbledon. Le plus célèbre des tournois du Grand Chelem a suivi avec attention le projet des deux Frenchies. « Au départ, Wimbledon nous a dit qu’ils seraient là pour nous aider si le projet était sérieux. Quand ils sont venus pour la première fois en mai dernier, ils ont été agréablement surpris. Ils ont testé les courts et ils les ont trouvés très bons ! Autant dire qu’ils savent de quoi ils parlent (rire), se réjouit Grégory Brussot. Maintenant, on doit les revoir prochainement avec un projet pour voir comment ils peuvent nous aider. C’est dans leur intérêt car cela s’inscrit dans une démarche globale du développement du jeu sur gazon. Je veux faire un Challenger, je vais donc leur demander de devenir un partenaire financier. Maintenant, l’aide de Wimbledon ne s’arrête pas là. Quand ils sont venus, le jardinier britannique estimait que l’on devait plus rouler nos courts. Or, nous n’avions pas de rouleau. Ils nous en ont offert un… »
Cette première sur gazon était également l’occasion d’échanger avec le greenkeeper de la maison, le jardinier en chef Vincent Savourat. « Nous avons deux courts absolument identiques à ceux de Wimbledon, à savoir qu’ils sont en terre végétale. Les neuf autres sont en substrat fibré, raison pour laquelle Wimbledon nous regarde avec beaucoup d’intérêt. Cette méthode permet une remise en jeu beaucoup plus rapide après la pluie. Par exemple, un court en terre végétale arrêté 24 heures ne le sera que 2 heures sur un court en substrat fibré. »
Rouleau Tonte et Traçage aujourd’hui et…jeu pic.twitter.com/FGn2QJg0z1
— LTCDN GREENKEEPER (@LTCDNGREENKEEP1) 9 juin 2017
Wimbledon a changé son gazon
Concernant la tonte, la différence est infime entre Deauville et Wimbledon : « Wimbledon tond à 8mm et nous 10mm. Le court est un plus résistant à 10mm. L’an dernier, j’avais tondu à 8mm et je ne m’exclus pas de le refaire cette année car d’un point de vue esthétique, c’est plus beau. Entre 8mm et 10mm, la différence est inexistante selon les joueurs. En revanche, si on laisse pousser la plante, on aura un plus grand amorti de la balle. Entre 8 et 10mm, on élimine le problème de la plante et le rebond vient du sol. » Nous y voilà. Lorsque l’on compare le jeu à Wimbledon d’il y a 15 ans à aujourd’hui, l’usure a été déplacée du « T » au fond. Un ralentissement du jeu voulu comme l’explique Vincent Savourat : « D’après ce que j’ai compris, Wimbledon a cherché des solutions afin d’avoir des matchs plus longs, donc à ralentir le jeu. Ils ont mis en place des techniques sur la surface afin de freiner la vitesse de la balle. Pour cela, ils utilisent des aérations du sol différentes, ils apportent des matériaux différents comme le salle et ils ont changé l’espèce de gazon. Désormais, ils sont en 100% ray‐grass anglais. »
Quelques chiffres :
Objectif de 10 000 joueurs par an d’ici cinq ans
20 euros par personne de l’heure
11 courts : 2 en terre végétale et 9 en substrat fibré
1 court central de 1000 places avec une possibilité de 5000
Publié le lundi 19 juin 2017 à 18:30