AccueilDocuBorg-McEnroe, ouvrez grand les yeux (2/2)

Borg‐McEnroe, ouvrez grand les yeux (2÷2)

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Tous les passionnés atten­daient un vrai film de tennis. Avec Borg‐McEnroe ce vœu a été exaucé. Cette plongée dans l’âge d’or du tennis se révèle jouis­sive surtout quand certains détails de spécia­listes sont respectés. Revue en cinq points très précis de ce qui fait la force de ce Borg‐McEnroe à ne manquer sous aucun prétexte.

Des acteurs effi­caces et incarnés

« Dès le début j’ai pensé à Shia Labeouf pour inter­préter John McEnroe, il a cette énergie qui était carac­té­ris­tique du joueur améri­cain » explique Janus Metz. Et on le comprend tant le rôle était diffi­cile à résumer. Shia Laboeuf s’en sort bien même si c’est Sverrir Gudnason, la star du film puis­qu’il s’agit quand même du biopic de Bjön Borg. L’acteur islan­dais est juste une incar­na­tion quasi parfaite du suédois avec cette tranche de mystère, cette inquié­tude perma­nente, et ces rituels surréa­listes, cette froi­deur viking. Autant dire que l’on adhère tout de suite. On devient supporter d’un cham­pion en plein doute, star sans l’être, regar­dant défiler devant lui une hystérie collec­tive dont il ne comprend pas le sens. On notera aussi le rôle impor­tant de Stellan Skarsgärd qui incarne le coach légen­daire du suédois Lennart Bergelin. Juste et précis, il trace déjà les contours de ce qu’est un coach pour un joueur de haut niveau avec une justesse dans les atti­tudes que ne nieraient pas les grands entraî­neurs actuels comme Toni Nadal par exemple.

Le mystère Björn Borg enfin éclairci

Comme Roger Federer, dans sa jeunesse, Björn Borg n’ac­cep­tait ni la défaite, ni l’échec. À tel point que son compor­te­ment anti‐sportif aurait pu briser sa carrière. Cette partie du cham­pion est un peu ignorée des spécia­listes et le réali­sa­teur la met en avant en ayant la finesse de faire joueur le rôle du Björn Borg jeune par son fils Léo. Tout prend alors une autre dimen­sion, et l’on comprend alors que si Björn Borg devient impas­sible et calme en tant qu’a­dulte c’est pour mieux contrôler le volcan qui existe en lui. Son adver­saire et rival a eu lui le chemin inverse comme l’a expliqué John Mc Enroe lui même : « Contrairement à Björn Borg on ne m’a pas interdit de jouer au tennis pendant six mois quand j’étais jeune. Je ne me suis jamais mal comporté sur un court en tant qu’a­do­les­cent, c’est par la suite que cela s’est gâté sauf face à un seul adver­saire Björn Borg. »

Trois riva­lités, trois époques, trois tendances

Borg‐McEnroe, pop tennis et rock stars

Si le film retrace surtout la vie de Björn Borg à travers sa riva­lité avec John McEnroe, il pose aussi l’idée réelle que le sport se sublime quand deux adver­saires donnent le meilleur d’eux‐mêmes surtout quand leurs styles se complètent. Avec Borg‐McEnroe, on a donc tous les ingré­dients de ce schéma et ce n’est pas un hasard si cette riva­lité a pris une dimen­sion planétaire.

Sampras‐Agassi, busi­ness is business

Si Björn Borg et John McEnroe ont donné une dimen­sion socié­tale à leur riva­lité, celle de Pete Sampras et André Agassi n’a pas pu fran­chir ce palier. Il fallait donc se contenter du court pour magni­fier leur riva­lité. D’ailleurs, si Borg et McEnroe se sont toujours respectés et sont même devenus des amis pour la vie ce n’est pas le cas de Sampras et Agassi. Si André Agassi, grâce à son livre Open, a pris une vraie dimen­sion en tant qu’homme, Pete Sampras reste là ou il était, presque nulle part sauf sur les palmarès, et c’est déjà beau­coup pour un joueur de tennis.

Rafael Nadal – Roger Federer, pour l’éternité

Palmarès inégalé, aura inter­na­tio­nale surdi­men­sionnée, le duo Federer‐Nadal est un rouleau compres­seur. D’abord dans les chiffres des titres accu­mulés par les deux cham­pions mais aussi par la vraie frater­nité qui existe dans leur rela­tion. Combattants sur le court mais complices en dehors, ayant compris qu’ils étaient avant tout des ambas­sa­deurs de leur disci­pline. Reste main­te­nant à savoir si cette amitié perdu­rera quand ils auront décidé de ranger leurs raquettes au placard.

Borg‐McEnroe, ouvrez grand les yeux (1÷2)

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