Une société espagnole a développé une technologie qui, au lieu de se baser sur une interprétation de la trajectoire, propose tout simplement le vrai cliché de l’impact de la balle. Foxtenn est donc une solution qui devrait changer la donne. Elle a été utilisée pour la première fois au Moselle Open en 2017. Entretien avec son fondateur, Javier Simón.
En quoi vous différenciez‐vous du Hawk‐Eye ?
Ce n’est pas la même approche. Foxtenn, c’est 40 caméras installées sur le court, il n’y a pas d’interprétation de trajectoire. On est dans la réalité complète et non dans le virtuel. Notre marge d’erreur est donc nulle contre trois millimètres pour le Hawk‐Eye, bien que le calcul de la trajectoire réalisée par les dix caméras placées au‐dessus du court ait toujours été un peu opaque. Nos caméras traitent 3 000 images/seconde contre 600 pour le Hawk‐Eye.
Pourquoi avez‐vous développé cette technologie ?
Foxtenn, c’est une garantie pour les sportifs de ne plus avoir aucun doute. De plus, la disposition des 40 caméras permet d’exploiter de nombreuses statistiques pendant ou après la rencontre pour analyser la performance des joueurs avec une précision chirurgicale.
Comment la société Hawk‐Eye, qui avait le monopole, a‑t‐elle réagi à votre arrivée sur le marché ?
C’est à eux qu’il faut poser la question (sourire). Nous, on se contente encore de faire évoluer notre produit grâce aux retours des joueurs et organisateurs. Pour répondre plus concrètement à la question, je trouve plutôt saine cette concurrence car cela oblige tout le monde à améliorer la qualité de ses prestations.
Plus le temps passe et plus il nous semble qu’il faudrait également utiliser cette technologie sur terre battue. Qu’en pensez‐vous ?
Ce n’est pas moi qui vais vous dire le contraire, cela me paraît évident et cela permettrait d’éviter quelques erreurs car l’analyse d’une trace n’est pas une science exacte. Elle dépend de tant de critères. En fonction du vent, il peut même y avoir une trace alors que l’impact a lieu quelques millimètres plus tard. Foxtenn a été utilisé sur le tournoi de Barcelone, mais uniquement pour les télévisions. Il faut donc savoir être patient sur ce sujet car il y a des idées encore bien ancrées au sein des instances qui dirigent le tennis, et c’est bien normal.
Avec votre système, on pourrait presque s’abstenir d’avoir des juges de ligne…
Ça c’est vous qui le dites, mais l’idée d’un court presque autonome en termes d’arbitrage au niveau des lignes n’est pas une illusion, c’est faisable techniquement. Mais la dérive qui consisterait à oublier l’intervention humaine n’est pas la solution, il s’agit de trouver le bon dosage.
Julien Boutter : « Foxtenn a prouvé son extrême fiabilité »
Le directeur du Moselle Open a été le premier à faire le pari Foxtenn. Il ne regrette pas son choix, bien au contraire.
Comment le système d’arbitrage Foxtenn a‑t‐il atterri au Moselle Open ?
On a toujours en tête l’idée d’innover et de proposer des outils qui favorisent le spectacle. De plus, personnellement, je trouvais un peu incohérent que l’on nous recommande fortement d’utiliser de l’assistance à l’arbitrage alors qu’une seule société était habilitée à proposer ses services. L’arrivée de Foxtenn était donc une vraie opportunité, d’autant que sa technologie est unique.
Quel bilan tirez‐vous de cette grande première ?
J’ai envie de dire qu’il n’y a pas photo. Voir l’image de cette balle au point d’impact sur les écrans géants est un vrai plus. J’ai été habitué au Hawk‐Eye en tant que directeur de tournoi mais aussi consultant TV (on l’utilise pour les statistiques), eh bien Foxtenn va beaucoup plus loin. Et un détail : les caméras de Foxtenn se posent sur le sol. Là aussi, d’un point de vue technique, c’est beaucoup plus facile que le Hawk‐Eye pour un organisateur.
Foxtenn, par sa technologie qui ne laisse plus place à l’erreur, devrait ouvrir le champ des possibles comme celui d’une assistance vidéo sur terre battue. Qu’en pensez‐vous ?
J’y suis absolument favorable, mais au tennis, pour faire bouger les choses, il faut savoir être patient. La trace, c’est aussi un petit folklore avec l’arbitre qui descend de sa chaise ; ça fait partie du décor, d’un tout.
Conseilleriez‐vous Foxtenn à d’autres tournois ?
Bien évidemment, d’autant plus que financièrement, c’est plus accessible que le Hawk‐Eye. Il ne faut donc pas s’en priver !
Publié le jeudi 26 juillet 2018 à 16:30