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Gil de Kermadec, premier réali­sa­teur de tennis

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Premier DTN de l’his­toire de la FFT, proche de Phillipe Chatrier, Gil de Kermadec a été un pion­nier dans l’idée de « filmer le tennis » pour en comprendre toute la tech­ni­cité. Il était donc logique de lui rendre hommage dans ce dossier en posant quelques ques­tions clés à son fils Blaise.

Quel est l’hé­ri­tage du travail de Gil de Kermadec ?

Pas facile de répondre à cette première ques­tion. Il y a, à ma connais­sance en tout cas, au moins deux héri­tiers à l’INSEP, en tant que réali­sa­teurs : Nicolas Thibault et Julien Faraut. Sinon il faudrait se rensei­gner pour voir si d’autres sports (ou maga­zines de sport) ont utilisé les tech­niques de Gil, ou bien si des fédé­ra­tions d’autres pays se servent de ces films dans l’apprentissage.

En quoi Gil de Kermadec a été un précurseur ?

Allier un œil ciné­ma­to­gra­phique et une narra­tion litté­raire à une obses­sion du mouve­ment sportif.

On connaît tous le fameux Kaléidoscope et la fameuse décom­po­si­tion du mouve­ment, il semble que Gil recher­chait toujours le geste parfait.

Technichorama. Je dirais, en défi­ni­tive, que le geste parfait est esthé­tique, effi­cace et économique.

D’un point de vue tech­nique, de quel maté­riel disposait‐il ?

Nous possé­dons dans les collec­tions du musée de Roland‐Garros la caméra de Gil de Kermadec. Il s’agit d’une Caméflex 35 mm avec objectif Kinoptik.

Pensez‐vous qu’il aurait pu appri­voiser toutes les nouvelles tech­no­lo­gies (caméras embar­quées, etc…) pour aller encore plus loin dans sa démarche ?

Bien sûr, il n’était pas du genre à avoir la nostalgie de la super 8.

Enfin, person­nel­le­ment si je vous dis Tennis et Cinéma, vous me répondez quoi ?

Le dernier film de Julien Faraut qui va sortir prochai­ne­ment au cinéma et qui est basé exclu­si­ve­ment sur les rushes non utilisés de Gil en vue de son film docu­men­taire sur John McEnroe. Ce film de sortira en mai prochain. Il s’in­ti­tule « l’empire de la perfec­tion » (rapport à McEnroe et à Gil).

Ses travaux sont au chaud

En atten­dant l’ou­ver­ture du musée dans le nouveau Roland‐Garros, l’en­semble des travaux de Gil de Kermadec sont précieu­se­ment conservés comme l’in­dique son direc­teur Michaël Guitard : « Le fonds Gil de Kermadec de la Fédération Française de Tennis est composé de 9 300 néga­tifs pour une période allant de 1953 à 1959. Ces éléments sont aujourd’hui classés et rangés dans des clas­seurs de conser­va­tion. De plus, ces images ont fait l’objet d’une numé­ri­sa­tion sélec­tive de 8 500 images. Cette numé­ri­sa­tion garantie la bonne conser­va­tion des néga­tifs. Expositions au musée ou édition de la FFT, les photo­gra­phies de Gil sont incon­tour­nables dans le récit de l’his­toire de Roland‐Garros. La FFT a notam­ment édité une « Carte blanche » Gil de Kermadec en 2003. Ce recueil est aujourd’hui très rare. Enfin, consa­crer une expo­si­tion à Gil dans le futur musée est une véri­table possibilité. »

L’avis éclairé de Benjamin Rassat

« Il y a des gens qui ont fait des écoles de cinéma, d’autres qui ont fait leur appren­tis­sage par l’ana­lyse des chefs‐d’oeuvre et des grands réali­sa­teurs : Hitchcock, Kubrick, Lynch, Ophüls. Moi, tout ce que je sais de la mise en scène, je le tiens d’un film de Gil de Kermadec : Roland‐Garros avec John McEnroe. Et pour qu’on ne prenne pas ça pour une provo­ca­tion, je rajoute qu’à chaque fois que j’ai prononcé le nom de Gil de Kermadec devant n’im­porte quelles person­na­lités du tennis, joueur ou enca­dreur, star ou anonyme, cham­pion d’au­jourd’hui ou d’hier, le silence du respect s’est tout de suite fait dans les yeux de mon inter­lo­cu­teur. Alors il faudra peut‐être encore des années pour que les réali­sa­teurs du sport aient leur vraie recon­nais­sance et pour comprendre à quel point Gil de Kermadec a une écri­ture ciné­ma­to­gra­phique qui vaut bien celle de grands noms du 7e art. Mais en ce qui me concerne, vous avez là l’ex­pli­ca­tion de l’om­ni­pré­sence des images de Gil dans Le Crépuscule des Dieux. Maintenant, que le public se fasse lui‐même son idée en se procu­rant ses films auprès de la Fédération. »

Retrouvez gratui­te­ment et en inté­gra­lité le numéro 60, le dernier numéro de notre maga­zine GrandChelem… Bonne lecture !