AccueilDocuHaillet : "Les joueurs jouent, ils ne peuvent pas tout faire"

Haillet : « Les joueurs jouent, ils ne peuvent pas tout faire »

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Ex‐joueur de Coupe Davis, membre du Club France et obser­va­teur avisé, Jean‐Louis Haillet a un avis plutôt tranché sur l’actualité du circuit. Instructif.

On a l’impression que les joueurs ont décidé de prendre le pouvoir. Qu’en penses‐tu ?

Si les joueurs prennent le pouvoir aujourd’hui, c’est parce qu’il y a des patrons, des orga­ni­sa­tions qui ne sont pas à leur place. L’ATP, c’est dans neuf cas sur dix des mecs qui viennent de Disney. Quant à l’ITF, ce sont des personnes qui ne viennent de nulle part. 

Est‐ce que cela a toujours été le cas ?

Pas au début. Philippe Chatrier, qui fut le patron de la Fédération inter­na­tio­nale de tennis, était quand même un ancien joueur. Le premier président de l’ATP fut Cliff Drysdale, un ancien bon joueur. Et le président d’honneur lors de la créa­tion de l’ATP en 1973 fut Jack Kramer que l’on ne présente plus. 

Est‐ce que tu partages l’idée que tout explose, car on a des joueurs fabu­leux dont la valeur est très élevée sur le plan marketing ?

Si tu regardes les chiffres, le tennis n’a toujours pas la même valeur écono­mique que le golf, qui s’est mieux débrouillé que nous, donc il faut relativiser.

Comment fait‐on pour orga­niser un tournoi aujourd’hui ? Roger Federer a telle­ment fait grimper les garan­ties que les autres se sont alignés, d’où une infla­tion impor­tante et un vrai déséquilibre…

Ils ont fait comme au golf à un moment avec Tiger Woods… 

Mais l’économie du golf présente plus de spon­sors, cette compa­raison est un raccourci…

Si tu veux. Alors regarde et analyse de très près les chiffres et tu t’apercevras que la WTA fonc­tionne mieux que l’ATP.

Tu es critique envers l’ATP. Est‐ce que ce n’est pas juste­ment aux joueurs d’être plus actifs ? Après tout, c’est leur association !

Les joueurs jouent, ils ne peuvent pas tout faire. Mais il ne faut pas me dire que le patron de l’ATP ne pour­rait pas être un Stan Smith, ce genre de personne. On aurait ainsi une vue plus globale du tennis entre la gestion des fédé­ra­tions et des profes­sion­nels. Je pense qu’il serait plus logique d’avoir une gouver­nance plus tennis, je dirais.

Et pour­quoi pas un Stefan Edberg ?

Il y en a plein, et si on réflé­chit sur un plan franco‐français, je pense qu’une personne comme Pascal Portes, qui s’occupe des coupes du monde de foot­ball, serait un sacré patron. Mais au‐delà de l’ATP, ce qui me gêne le plus c’est la guerre entre la fédé­ra­tion inter­na­tio­nale et l’ATP.

Il est vrai qu’elle est main­te­nant complè­te­ment inscrite…

Oui, elle est inscrite, et je pense, comme mon ami Jean‐François Caujolle, que la prési­dence de Francesco Ricci Bitti a créé les condi­tions pour cela. Si l’ITF avait été bien gérée et ouverte, elle ne serait pas dans cet état et on ne serait pas dans cette situa­tion. On parle quand même du tennis, un sport devenu plané­taire avec des événe­ments très prestigieux.

On te sent remonté !

Oui, car nous avions tous fait le même constat. Si on parle de la Coupe Davis par exemple, est‐ce que tu connais un sport où le tenant du titre peut perdre son trophée deux mois après ? C’est ridi­cule. Comment faire une belle promo­tion de ton sport dans ces condi­tions ? C’est impossible.

Quelle était ta solution ?

J’étais partisan de réta­blir le chal­lenge round. Quand Federer et Wawrinka ont battu la France à Lille en 2014, l’année suivante, ils auraient attendu le vain­queur chez eux à Bâle, tu crois qu’ils ne l’auraient pas jouée ? Et puis le fina­liste, tu le mets en demi‐finale ! Sur 16 équipes, il y en a toujours trois ou quatre qui n’ont pas le niveau, donc mettre 12 équipes au lieu de 16, cela ne change pas grand‐chose… Cela me paraît évident, surtout sur un plan marke­ting. Je ne parlerai pas des joueurs, même si on peut défendre le cas de joueurs qui n’ont pas envie d’aller jouer en février contre je ne sais qui. Pour la personne qui orga­nise la finale de la Coupe Davis en chal­lenge round, en matière de « packa­ging », c’est aussi la possi­bi­lité d’organiser un événe­ment incroyable.

Jean‐Louis Haillet compte deux sélec­tions en équipe de France de Coupe Davis à la fin des années 1970. Il a été consul­tant TV et aussi orga­ni­sa­teur d’événements. Il a atteint la 47ème place mondiale en 1980.

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