AccueilDocuJulien Boutter, sa boite à souvenirs du Moselle Open

Julien Boutter, sa boite à souve­nirs du Moselle Open

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Édition par édition, le direc­teur du tournoi revient pour welovetennis.fr sur les événe­ments qui ont marqué le Moselle Open. Document.

2003…

Ce n’est pas compliqué, je suis encore joueur et j’es­père bien parti­ciper au tournoi. Mais je me blesse à l’épaule, j’ai aussi le dos en compote. Et je dois me rési­gner. C’est un crève‐cœur, j’aurai pu jouer chez moi. Ainsi démarre presque ma recon­ver­sion, même si je déteste ce mot, je dirai plutôt ma tran­si­tion profes­sionnel, c’est plus cohé­rent. Cela repré­sente beau­coup pour moi d’être dans le staff du tournoi, je me souviens forcé­ment des moments vécus par exemple à l’Open de Lorraine qui se jouait une fois à Nancy et une fois à Metz. Comme tous les passionnés, je rêvais d’être pro et j’avais donc été ramas­seur d’un certain Guy Forget… Bien sûr, je n’ou­blierai pas de souli­gner que cette première édition avait pu voir le jour grâce à la téna­cité d’un certain Patrice Dominguez. Sans lui, il ne se serait rien passé, c’est évident. L’anecdote aussi impor­tante me concer­nant, c’est que comme je suis forfait pour le tableau, Patrice me dit que ce serait peut‐être utile que je m’oc­cupe (rires) en jouant le rôle de consul­tant sur Paris Première qui retrans­met­tait les matches. C’est donc comme ça que j’ai débuté cette nouvelle carrière.

Allez‐vous recon­naître le petit Julien…

2004…

Je suis défi­ni­ti­ve­ment en dehors du circuit joueur. Je sais que je ne pourrai reprendre la raquette. Je décide donc de m’in­vestir encore plus dans l’or­ga­ni­sa­tion, d’en apprendre tous les rouages. Mais comme on veut aussi faire un clin d’œil aux spec­ta­teurs, on m’im­pose par surprise une wild‐card en double avec mon pote Olivier Mutis. Quelle rigo­lade ! On est loin d’être ridi­cule d’ailleurs mais on perd au premier tour face à Ljubicic‐Seppi, pas de quoi être déçus donc car le Croate jouait pas mal à ce moment‐là (rires).

2005…

On a super « entry list » avec Nadal, Grosjean. On est donc prêt à rece­voir un plateau de fou. Et de semaine en semaine, les forfaits s’ac­cu­mulent. Je panique un peu car je sens que cela gronde. On a vendu des stars nais­santes, des joueurs confirmés et notre tableau devient très inégal. Heureusement, Gasquet fait demi‐finale, mais cela a été une édition vrai­ment compliquée.

2006…

Je découvre un certain Novak Djokovic. Il est au début de sa carrière média­tique et on lui reproche beau­coup d’or­ga­niser sa commu­ni­ca­tion. Or, quand on le côtoie, le mec est vrai­ment naturel et sympa­thique. Bien sûr, il enfile le maillot de l’équipe de France pour soulever le trophée, mais je trouve que le joueur est déjà dans sa ligne, que rien n’est laissé au hasard dans ses entraî­ne­ments, ses prépa­ra­tions d’avant‐match.

2007…

Après Novak Djokvic, on reçoit Andy Murray. Et ce n’est pas la même ambiance. A l’époque, il est coaché par Brad Gilbert qui n’est pas le mec le plus sympa­thique de la terre. En finale, il affronte Tommy Robredo. L’Écossais mène 6–0, 2–0 et j’ob­serve Brad dans la player’s box qui fait le malin. 1H30 plus tard, l’Espagnol remporte le titre en donnant une leçon tactique à Andy. Brad, lui, baisse la tête, mais il connaît sa respon­sa­bi­lité dans cet échec.

2008…

Quand un tournoi a vécu plus de dix éditions, il n’est pas rare d’avoir un vain­queur que je quali­fierai d’exo­tique. Le Russe Tursunov fait un peu partie de cette caté­gorie. A l’époque, il est l’un des seuls à balancer un peu comme ça se fait aujourd’hui sur Twitter. C’est aussi sur cette édition que le public découvre un certain Adrian Mannarino qui atteint les demi‐finales après s’être extirpé des qualifications.

2009…

Monfils l’emporte et c’est un vrai bonheur. Que ce show man enflamme les Arènes, c’est chouette. Gaël a toujours été apprécié par les passionnés, et pour un direc­teur de tournoi, c’est un joueur clé. Alors si en plus il se met à gagner le tournoi, c’est forcé­ment une édition réussie.

2010…

Tout se passe merveilleu­se­ment bien et puis c’est la tuile. Richard Gasquet qualifié pour les demi‐finales déclare forfait à la dernière minute. Il est malade… On se retrouve avec un seul match le samedi, ce n’est pas possible. On cherche une solu­tion. Finalement, on impro­vise avec Santoro, Ascione, Bahrami, El Aynaoui une petite exhi­bi­tion. Le public répond présent. On peut respirer, mais on a frisé la petite crise. 

2011…

Le tournoi doit grandir, on est à l’étroit avec les Arènes. On décide donc de partir à Metz Expo. C’est un chan­ge­ment radical. On crée fina­le­ment un complexe avec deux courts d’en­traî­ne­ment où les spec­ta­teurs peuvent voir les joueurs. J’ai un souvenir très précis et cette édition car c’était une forme d’abou­tis­se­ment. On offrait un tournoi d’une autre dimen­sion. C’était un vrai chan­ge­ment pas dénué de risques d’ailleurs. On avait aussi choisi de faire le court en noir et gris. Sur le site, c’était fabu­leux, un peu moins à la télévision.

2012…

Jo Wilfried Tsonga est notre ambas­sa­deur depuis 2011 et il le démontre sur le terrain. Jo porte nos couleurs, le public est ravi, il exprime toutes ses qualités notam­ment avec son service puis­sant. En dehors du court, il joue le jeu à fond, il est chez lui en fait. On surfe sur une superbe dyna­mique, même si Metz Expo nous coûte un peu d’argent.

2013…

Gilles Simon ne doit pas venir car le timing n’est pas bon. Il va être papa et il veut en profiter, il a donc d’autres chats à fouetter comme on dit. Finalement, à la dernière minute, il complète le tableau. Il arrive donc sans pres­sion, tran­quille, et… remporte le titre ! C’est une belle histoire car il n’au­rait jamais dû venir faire cette édition.

2014…

On revient aux Arènes car cela est plus sain écono­mi­que­ment. En revanche, cette fois, on obtient les auto­ri­sa­tions pour agrandir notre village et avoir un réceptif encore de meilleur qualité. David Goffin s’im­pose et le chan­ge­ment de lieu ne se fait pas trop ressentir même si je suis nostal­gique de « Fenêtres sur court », cette terrasse que l’on avait mis en place à Metz Expo qui était au‐dessus des courts d’en­traî­ne­ment. En tout cas, ce retour aux Arènes de Metz est un succès donc c’est l’essentiel.

2015…

Jo devient le joueur le plus huppé du palmarès avec trois titres et ce n’est que justice. Certains trouvent que c’est redon­dant, person­nel­le­ment, je sais les efforts que cela néces­sitent et Jo est un sacré cham­pion donc je ne boude pas mon plaisir.

2016…

C’est une édition très spéciale car tout le monde sait que le tournoi est plus ou moins à vendre. Ce n’est pas très sain de travailler dans ces condi­tions. Selon moi, il s’agit du tournoi le plus abouti spor­ti­ve­ment avec une finale Pouille‐Thiem de très haut niveau, avec deux cham­pions en devenir. Au moment de la remise des trophées, je suis très nerveux car je sais qu’il peut s’agir de la dernière. Heureusement, l’his­toire ne m’a pas donné raison. Quelle aventure…

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