On poursuit la publication de notre enquête sur les surfaces du numéro 57 de Grand Chelem avec le directeur de l’Open Sud de France revient sur son rapport à la surface en tant que joueur bien sûr mais aussi en tant que patron d’un tournoi ATP 250.
Sébastien, qu’est-ce qui a changé entre le moment où vous étiez joueur et aujourd’hui au niveau des surfaces ?
« À mon sens, je trouve que le principal et seul changement se situe au niveau des tournois en indoor. À mon époque, on pouvait trouver plusieurs types de revêtement en salle. Il y avait ce que l’on appelait le Taraflex. Depuis une dizaine d’années, il n’est plus utilisé. On tend donc vers une uniformisation puisque tous les courts en salle sont construits de la même manière avec un plancher qui est posé au sol sur lequel on pose une résine. »
On consacre une page à la vie et la mort du Taraflex. Quels souvenirs en avez‐vous ?
« Sur le Taraflex, le rebond était plus bas, c’est une certitude. C’était finalement l’inverse de ce que l’on trouve aujourd’hui car les courts sont beaucoup moins rapides avec un rebond plus haut. Personnellement, lorsque j’ai joué le Grand Prix de Tennis de Lyon pour la première fois, c’était du Taraflex, comme quand j’ai gagné à Bercy en 2001. Je jouais sur les surfaces qui étaient en place. Je ne me posais pas la question de savoir si c’était bien ou pas. D’ailleurs, je ne me rappelle pas avoir été gêné plus que cela. »
Comment peut‐on s’adapter aux différents changements de surface ?
« J’ai envie de dire que c’est le propre de la vie d’un joueur de tennis (sourire). Toutes les semaines, on doit accepter que les conditions vont être différentes. Si la surface est l’un des éléments majeurs, il faut bien sûr tenir compte aussi des décalages horaires, des voyages. Après, selon moi, les tournois indoor permettent de produire souvent un excellent tennis car aucun élément extérieur ne vient perturber la qualité du jeu, notamment le vent qui est quand même le meilleur ennemi du tennis. Il est donc plus facile de bien jouer en salle et cela se confirme chaque année sur le circuit. Il ne faut pas oublier qu’un joueur doit également s’habituer à la balle utilisée qui peut aussi varier chaque semaine. Tous les détails comptent, même si évidemment c’est la surface qui reste l’élément le plus décisif. »
Aviez‐vous des exercices pour vous habituer aux différentes surfaces ?
« Oui, mais c’était finalement assez simple. Sur gazon, il fallait être très explosif sur les premiers déplacements car le rebond était très bas. On devait donc être très fléchi, très souple aussi. Je me servais plus souvent du slice, y compris sur le service. Je venais plus régulièrement au filet et je m’appuyais sur des frappes à plat. Sur la terre battue, je cherchais à bomber mes trajectoires pour repousser l’adversaire au fond du court, pour gagner du temps aussi. »
Avez‐vous des souvenirs de surfaces que l’on pourrait qualifier d’étranges ?
« Je ne dirai pas étrange, mais je me souviens avoir joué sur bois. C’était une surface qui était très fréquente dans les clubs qui possédaient des courts couverts. Le rebond fusait énormément. Ce qui rendait le jeu extrêmement rapide ! Les terrains en bois étaient très beaux mais ils s’usaient assez vite, ils demandaient aussi beaucoup d’entretien. Or, aujourd’hui, les clubs ont besoin de terrains qui durent dans le temps pour éviter des coûts récurrents importants. C’est pour cela que selon moi le bois a disparu. »
Aujourd’hui vous êtes directeur de l’Open Sud de France de Montpellier. Quels sont les retours ou demandes des joueurs concernant la surface ?
« On travaille depuis plusieurs années avec « Greenset ». Les balles utilisées sont celles qui sont partenaires de l’ATP (Head). Autrement dit, on met tout en œuvre pour obtenir des conditions de jeu proches des autres tournois. Le but est qu’il n’y ait pas de différences majeures pour les joueurs. Par rapport aux retours que j’ai eus, les joueurs sont contents et satisfaits de ce qui se fait ici, à Montpellier. Ils reviennent, ce qui constitue un signal fort. Si jamais ils n’étaient pas ravis, croyez‐moi, ils iraient voir ailleurs (sourire). »
Publié le mardi 4 avril 2017 à 20:47