Avec sa place de finaliste au dernier US Open, sa qualification au Masters, et son début de saison tonitruant, Andy Murray s’affirme comme un sérieux prétendant à une victoire en Grand Chelem en 2009. S’il est loin d’être le seul, il semble cependant en ce début de saison avoir pris une longueur d’avance sur ses rivaux, tant il donne actuellement une impression d’invincibilité. Retour sur un parcours digne d’un futur numéro un mondial.
Curieux personnage que ce Andy Murray : 21 ans il a déjà publié une biographie, sortie en 2008, au titre peu évocateur : « Hitting back » que l’on peu traduire par « retour en force », peut‐être en référence au massacre de l’école de Dunblane en 1996 quand il était enfant, et dont il a pu réchapper en se cachant avec son frère. Sans doute y a‑t‐il dans ce drame un élément d’explication à la volonté hors du commun qui l’anime quand il s’agit de se donner les moyens de devenir le meilleur. Mais « retour en force » plus sûrement en référence à toutes les épreuves traversées pour parvenir à se constituer un corps suffisamment solide lui permettant de prétendre à atteindre les sommets sur la planète tennis.
Son geste de montrer son biceps une fois la victoire obtenue (NDLR : Comme il l’a fait contre Gasquet à Wimbledon) a pu être interprêté comme illustrant son envie d’humilier son adversaire, le rendant peu sympathique ailleurs que dans le monde anglo‐saxon. Il a en fait une tout autre signification qui permet de mieux comprendre sa formidable progression en 2008.
Il est d’abord une réponse à tous ceux ayant publiquement émis des doutes sur sa capacité à avoir un jour une condition et une solidité physique suffisantes pour atteindre défier les meilleurs, en raison de ses blessures lorsqu’il était plus jeune. Un chiropracteur français, Jean‐Pierre Bruyère, avec qui il travailla pendant plus d’un an lui conseilla la marche à suivre : « Prends soin de toi. Je ne veux voir personne te stopper dans ta progression en te faisant aller trop loin tant que tu es jeune. Si tu es blessé, ne tiens pas compte de ce que l’on te dira, ne joues pas. » Bruyère sait de quoi il parle : entre ses mains sont passés des joueurs tels que Tim Henman, Greg Rusedski, Vera Zvonareva et Richard Gasquet. En 2004, il commença à s’occuper du jeune Andy Murray (17 ans), blessé depuis 6 mois, et que plusieurs médecins avaient conseillé de mettre un terme à sa carrière. Deux semaines après avoir commencé à s’occuper de lui, Murray participait à Wimbledon junior, et deux mois plus tard gagnait l’US Open ! Cependant il ne tint pas tout de suite compte des bons conseils du Dr Bruyère.
En effet lorsque Brad Gilbert son ancien coach lui fit rencontrer Michaël Johnson, le sprinter médaillé d’or olympique, et Mark Grabow, un préparateur physique qui avait travaillé avec les Golden State Warriors, la fameuse équipe de basket californienne, Murray, enchanté de son nouvel environnement, se laissa convaincre de travailler encore plus dur pour renforcer certains éléments de son jeu, en particulier son service. Au début tout alla pour le mieux : Murray poursuivit sa progression et parvint à s’étoffer physiquement. Puis à Hambourg, en mai 2007, il se blesse au poignet. Sans accuser personne « cela aurait très bien pu m’arriver avec une autre équipe autour de moi » il laisse clairement entendre qu’il va changer certaines choses : « »le risque existe toujours, mais peut‐être aurait‐on pu le réduire. »
A la fin de l’année 2007, Murray donne un nouvel aperçu de sa force de caractère : il se débarasse de Gilbert pourtant embauché spécialement pour lui par la fédération britannique pour un contrat de 3 ans, à raison de 700 000 livres sterling par an (un million d’euros de l’époque) ! Or, il reste à Gilbert deux ans de contrat mais Murray sait ce qu’il veut : « Le temps est venu de passer à la prochaîne étape de ma carrière. Je gagne assez d’argent maintenant, je vais embaucher moi‐même une équipe de sept ou huit experts qui joueront un rôle spécifique dans ma carrière. » Il s’entoure de Miles Maclagan, ancien joueur de coupe Davis pour la Grande‐Bretagne, de Louis Cayer, reprend son ancien entraîneur Leon Smith, et recrute deux préparateurs physique : Jez Green et Matt Little. Son agent Patricio Apey vient compléter l’équipe. De plus, la fédération britannique met à sa disposition un physiotérapiste : Andrew Ireland.
Désormais en confiance et s’estimant plus solide qu’à peine quelques mois plus tôt, Murray effectue une préparation hivernale intensive après être passé tout près d’une qualification aux Masters après sa défaite face à Gasquet à Bercy. Cette préparation à base de Bikram yoga, permet de réduire le risque de blessures musculaires : « Je n’ai jamais travaillé aussi durement de ma vie que lors de ces semaines à Miami à Noël dernier. ».
En 2008 les faits allaient‐ils lui donner raison ? Peut‐être a‑t‐il pensé à tout cela à Flushing Meadow au moment de servir à cinq partout dans le tie break du troisième set, alors qu’il était mené deux sets à zéro contre l’autrichien Jurgen Melzer, et donc à deux points de la défaite au troisième tour. Un service à 222 km/h lui permit de faire basculer le match en sa faveur et de l’emporter en cinq sets au terme desquels il refit le même geste que lors de sa victoire contre Gasquet à Wimbledon. « La première fois que j’ai joué à Wimbledon, je n’avais jamais joué 4 sets de ma vie, alors cinq… j’ai donc commencé à travailler dur. Mais il faut respecter son corps, ne pas le pousser trop loin lorsque l’on est jeune. Maintenant je suis suffisamment mûr pour m’entraîner beaucoup plus durement que lorsque j’avais 16 ou 17 ans. » La leçon du docteur Bruyère a cette fois‐ci été retenue et Andy Murray est la « star » de ce début d’année 2009, reste à le confirmer lors de l’Open d’Australie dans une semaine !
Publié le samedi 10 janvier 2009 à 18:42