Cela fait maintenant six ans que Nicolas Escudé accompagne la marque Artengo dans son développement. Vainqueur de la Coupe Davis en 2001, joueur du circuit jusqu’en 2004 avec quatre titres à son palmarès, son rôle est essentiel pour la mise au point notamment des produits core de la marque (raquette, cordage, balle). Interview.
Nicolas, quel est ton poste exact chez Artengo ?
Je suis l’un des ambassadeurs pour les différentes campagnes de communication qui sont mises en place, mais cela c’est juste ce que l’on voit ! En fait, j’ai notamment été choisi pour participer au développement des produits. En tant que joueur, je me suis toujours intéressé à tout ce qui touchait à ma raquette, au cordage, à mon équipement. J’étais très méticuleux, et même encore maintenant, je le suis. Quand Artengo a évoqué l’idée que je pouvais les accompagner dans leur développement, le challenge m’a tout de suite plu. J’ai senti qu’il y avait une vraie volonté de collaborer, qu’ils attendaient de moi une expertise, que j’allais participer directement à la conception des produits. L’autre point qui m’a convaincu, c’est l’esprit d’équipe qui règne au sein de la marque et aussi son envie de faire progresser le jeu, d’innover.
Aujourd’hui, la marque Artengo est plus connue, mais à l’époque cela pouvait être considéré comme un vrai risque…
Non, je ne le crois pas. Dès le début, la stratégie de la marque m’a semblé cohérente et ambitieuse. Aujourd’hui, les résultats obtenus sont le fruit d’un vrai travail en amont, d’une analyse des besoins, de l’idée de proposer des produits performants pour tous les types de joueurs et toujours avec un excellent rapport qualité.
Explique‐nous concrètement, à quel moment interviens‐tu dans la conception du produit ?
Du lancement à la finalisation du produit, en passant par sa mise ses différentes mises au point. Mes interventions se font à tous les niveaux, même si effectivement la partie test sur le terrain est un axe majeur. Mais lors de nos réunions‐produits, je fais aussi part de mes convictions, de mes intuitions. Comme je suis encore souvent sur le circuit, au contact des joueurs, j’ai aussi un œil attentif sur la concurrence, les choix technologiques qui arrivent sur le marché et les grandes tendances de consommation.
Concentrons‐nous sur les tests, comment cela se passe‐t‐il concrètement ?
Il y a un vrai protocole. Une fois que le moule a été validé, on reçoit les premiers prototypes. Là, il s’agit de les tester en situation sur un court. Non pas dans le but de réaliser des points, mais vraiment de se mettre avant tout dans des situations qui nous permettent d’avoir un ressenti optimal. L’idée, ce n’est pas que Nicolas Escudé aime ou pas le cadre, c’est qu’il réponde au mieux au cahier des charges défini par le chef de produit. Je fais ce travail avec Éric [Briet, ndlr], et maintenant que l’on se connaît un peu, je dois dire que l’on est plutôt efficace. Cela me permet aussi de rester en forme [rires], ce qui est un vrai plus.
Lors de sa sortie, la TR900 a beaucoup fait parler d’elle, est‐ce un produit dont vous êtes fier ?
Oui, c’est un produit totalement abouti, le premier de notre gamme « expert ». C’était un véritable enjeu, nous avons mis plus de deux ans à faire des ajustements. On savait que l’on nous attendait sur ce créneau et qu’il ne fallait pas décevoir nos clients passionnés. Au final, vu les retours, on peut dire que l’on a réussi notre pari.
Il faut dire qu’en plus d’être performante, elle est belle !
C’était l’un des axes que nous avions intégrés. Et les discussions ont été animées sur ce sujet. Il fallait que nous trouvions notre identité. Personnellement, j’ai tout de suite adhéré à cette idée du cœur de la raquette en couleur. C’est unique sur le marché, et on sait que l’on va pouvoir le décliner.
On sent beaucoup d’enthousiasme.
Je ne vais pas dire le contraire. J’ai été un joueur du circuit et on est souvent seul, loin de notre famille, etc. Là, je fais partie d’une équipe, je vais souvent à Lille, on se challenge. C’est vraiment très motivant. Et je ne manque pas de participer à des événements de la marque lorsque celle‐ci forme ses équipes (vendeurs, cordeurs, enseignants sous contrat, etc). C’est vraiment enrichissant et c’est une vraie respiration à côté de mes rôles de consultant sur Eurosport et de directeur du tournoi de Brest.
Qu’est-ce que l’on peut vous souhaiter au sein de la marque Artengo ?
Que l’on continue ainsi, que l’on puisse encore proposer des produits performants. Si sur la raquette « expert » nous en sommes encore au début, je me souviens bien de tous les essais que l’on a effectués en ce qui concerne les chaussures. Aujourd’hui, quand je vois la qualité de ce produit, et surtout son taux de pénétration, je me dis que nous avons bien travaillé.
Éric Briet : « Nicolas a une vraie sensibilité produits »
Le chef de produit chez Artengo revient pour GrandChelem sur sa relation avec l’ancien membre de l’équipe de France de Coupe Davis.
Quelles sont les principales qualités de Nicolas Escudé ?
Il est curieux de tout, et surtout il sait aussi être à l’écoute. Les tests sont un vrai plaisir. Nous avons la même approche que des préparateurs pour une voiture de Formule 1. Nous sommes dans une véritable recherche de précision. Le dialogue est permanent et constructif et je peux vous dire que nous ne comptons pas le temps que nous passons sur les courts.
Est‐ce qu’il a progressé depuis le début de votre collaboration ?
Il est certain que l’on se connaît mieux, et quelquefois je sais à l’avance ce qu’il va me dire [rires]. J’essaie de toute façon de lui donner un maximum d’informations. Quand il vient à Lille, je lui concocte un programme assez dense pour qu’il puisse échanger avec le maximum d’interlocuteurs. Et c’est vrai que nous avons progressé ensemble, acquis confiance et expérience dans le développement des produits, nous avons de vrais automatismes maintenant.
Nicolas nous a expliqué qu’il régnait aussi un véritable esprit d’équipe et que cela lui plaisait beaucoup.
Nous sommes une équipe de passionnés de tennis. Nous avons des ambitions, nous voulons faire bouger les lignes, nous faisons le maximum pour anticiper les désirs de nos clients. Et cette année a constitué un véritable renouveau avec la mise sur le marché de notre gamme « expert » et l’Artengo Tour. Tout cela est très positif et nous ne comptons pas en rester là.
Cela va donc encore donner lieu à quelques séquences de tests mouvementées…
C’est une certitude, et Nicolas va encore prouver qu’il a une vraie sensibilité sur les produits, que son approche est celle d’un véritable professionnel. Je m’en réjouis par avance, car partir d’une feuille blanche pour finaliser un produit, que ce soit un cordage, une chaussure, du textile ou une raquette, c’est toujours une sacrée aventure humaine et industrielle.
Publié le jeudi 6 décembre 2018 à 12:32