Consultant sur Eurosport, Nicolas Escudé s’est confié à GrandChelem / WLT sur Rafael Nadal et le bilan du clan français. Entretien.
Rafael Nadal peut‐il être embêté par Diego Schwartzman ?
Il peut toujours l’embêter, maintenant, quand on regarde le début de cette quinzaine, le niveau de jeu de Rafa et le jeu que peut pratiquer Diego, je ne donnerai pas cher de sa peau. Il peut le gêner sur un voire deux sets, mais sur la durée d’un match en cinq sets, Rafa est archi favori.
Êtes‐vous encore impressionné par Rafael Nadal ?
Rafa nous épate encore après dix victoires ici à Roland‐Garros. Il arrive en tant qu’archi favori et il marche sur l’eau depuis le début de la quinzaine, malgré quelques petites alertes avec des breaks concédés. Néanmoins, ça reste des victoires en trois sets. Il est clairement au‐dessus du lot dans cette partie de tableau. Thiem m’a impressionné dans son match face à Nishikori. On ne peut pas parler du match face à Zverev comme ce dernier était blessé, mais pour moi, Thiem est le seul qui peut espérer quelque chose face à Rafa, d’autant plus qu’il l’a battu à Rome et Madrid ces deux dernières années. Après toutes ses victoires, on pourrait penser qu’il lâche un peu, ce n’est absolument pas le cas. Il en met toujours autant dans la balle et il fait évoluer son jeu. Il y a quelques années, il pouvait se contenter d’attendre la faute de l’adversaire et de le « matraquer ». Aujourd’hui, ses schémas de jeu se jouent en trois ou quatre frappes de balle. Il a su faire évoluer son jeu et c’est remarquable.
« La Coupe Davis est l’arbre qui cache la forêt »
Quel bilan faire du tournoi des Tricolores ?
Le bilan n’est pas bon et c’est logique. Il ne faut pas s’en étonner. Déjà à l’Open d’Australie, nous n’avions pas de Français en deuxième semaine et aucun joueur et aucune joueuse ne sont sortis des qualifications. Malheureusement, c’est dans la continuité de ces derniers temps. J’ai tendance à penser que la Coupe Davis est l’arbre qui cache la forêt. C’est évidemment très bien d’avoir remporté cette compétition, car cela fait plusieurs années que l’on courait après, surtout pour cette génération. À titre individuel, on a une génération qui se fait vieillissante avec pas mal de pépins physiques. Lucas (Pouille) peine encore sur les tournois du Grand Chelem à pouvoir arriver régulièrement en deuxième semaine.
Est‐ce inquiétant ?
On a toujours connu au changement générationnelle un petit moment de flou. Je me souviens, fin des années 90, quand je suis arrivé dans le Top 100, on était quatre Français avec Cédric Pioline qui était aux portes du Top 10. On a aussi eu pendant plusieurs années une génération avec quatre dans les 15. C’était exceptionnel et on a surfé dessus. Lucas prend le relais mais il est un peu seul.
N’est-ce pas le problème ?
C’est problématique à partir du moment où quand Lucas perd, il n’y a plus personne derrière. Ces dernières années, quand Jo n’était pas là, il y avait Gaël, Richard ou Gilles. Ils ont avancé ensemble et évolué ensemble. Lucas s’est aussi servi d’eux pour arriver là où il est. À ceux qui sont derrière de se servir de Lucas pour intégrer le Top 100 ou le Top 50.
De votre envoyé spécial à Roland‐Garros
Publié le mercredi 6 juin 2018 à 12:32