Roger Federer est probablement l’une des personnalités les plus traquées au monde. La star interplanétaire entretient par conséquent des relations particulières avec les médias. Une sorte de « je t’aime, moi non plus » permanent, teinté d’ambiguïtés et de compromis. Un jeu constant qui s’est instauré au fils des ans, et qui constitue probablement une grande partie de la légende du champion.
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Nous devons l’écriture de ce billet à un article relativement intéressant, tiré de L’Illustré du 2 octobre. Un article qui met parfaitement en relief toute la complexité des relations entretenues entre la légende Roger Federer et les médias qui l’entourent. Les médias qui le traquent même. Au point de faire de son image un trophée sans autre égal. « Malgré son statut de star internationale, le Bâlois n’a pas abandonné ce rêve très suisse et un peu illusoire de vivre « comme tout le monde », explique Laurent Favre, journaliste de l’Illustré. Une idée fort bien mise en avant par une photo de Roger et Mirka. Une photo où les tourtereaux se trouvent dans un parc à New York et s’embrassent sous un soleil parfait. De l’or en pixels pour n’importe quel paparazzi ! Mais aussi la démonstration que Roger Federer est une personnalité à plusieurs facettes.
Sa situation en Suisse n’est pas la même que dans le reste du monde. Là‐bas, comme le révèle l’article, l’artiste occupe des relations sereines avec les médias locaux. Un « pacte tacite », comme aime à l’appeler Laurent Favre. Pas de photos de sa maison, de celle de ses parents et de l’endroit où il est né. On n’importune pas non plus le champion à la sortie de l’entraînement. Bref, c’est un peu ce Roger Federer que beaucoup connaissent. L’incarnation même de la méthode. L’homme qui gère de main de maître son espace privé tout en sachant laisser filtrer ce qu’il faut pour entretenir le mythe. Pourtant, le Suisse dément vouloir agir dans ce sens là. « Ce n’est évidemment pas si agréable lorsque des photographes surgissent par « pure coïncidence » quand je retrouve ma famille. C’est embêtant et c’est quelque chose que je n’ai ni recherché ni apprécié jusqu’ici », comme il le confiait au magazine du Credit Suisse à une époque. Une déclaration sur laquelle beaucoup de journalistes ont rebondi.
Parce qu’il est vrai que le joueur ne se cache pas. Et il ne cache pas non plus sa vie privée à tout bout de chant. Pour preuve, ses deux jumelles sont constamment exposées au grand jour. Présentes dans les tribunes, elles sont là, sous l’oeil des photographes. « Il en fait des personnages publics et encourage les photographes à se sentir libres de prendre des clichés, y compris en dehors des tribunes d’un court de tennis », selon Laurent Favre. Mais c’est aussi parce que Roger Federer est un personnage ambigu. L’homme ne veut pas que l’on dévoile des informations ou des clichés de sa vie. Pourtant, il pourrait presque lire son propre quotidien dans les médias. Et pour cause, il sait jouer avec. Interdiction de prendre des photos de ses filles ? Voilà qui ne l’empêche pas d’en mettre lui‐même sur les réseaux sociaux. Mais est‐ce seulement un jeu ? Laurent Favre répondrait sûrement que non. Roger Federer est aussi un homme comme les autres. Un mari comme les autres. Un père comme les autres. « Pour Federer, le dilemme est le suivant : afficher son bonheur au grand jour – quitte à voir ses enfants en photo dans les magazines – ou les préserver en se frustrant d’une joie paternelle légitime », explique le journaliste.
Federer n’aime pas se cacher. C’est son agent qui en parle le mieux. « Roger n’aime pas voir sa famille prise en défaut mais il aime encore moins devoir se cacher. Que devrait‐il faire ? Ne plus fréquenter les lieux publics ? Il tient à mener une vie normale. Dire que nous ne voulons pas voir ces photos publiées ? Les rédactions n’en tiendraient certainement pas compte… Les choses changeront sans doute d’ellesmêmes dans quelques années, lorsqu’il aura arrêté sa carrière et que ses filles iront à l’école ». Roger n’aime pas non plus créer de problèmes ou de polémiques. Le champion n’a jamais attaqué de médias, comme le révèle l’article. Il n’est pas du genre à relire non plus ses interviews. Il sait que la confiance doit régner entre lui et les journalistes.
Pour son bien d’une part. Mais aussi pour le leur.
Publié le mercredi 3 octobre 2012 à 12:53