Éliminé en quart de finale du Masters 1000 de Montréal, Rafael Nadal a perdu aujourd’hui sa place de numéro 2 mondial au profit d’Andy Murray. Loin d’en faire un drame, l’Espagnol souhaite surtout retrouver le rythme de la compétition. Se voulant rassurant mais peu expansif, le tournoi du quadruple vainqueur de Roland Garros n’a pas donné de grandes indications sur son réel état de forme.
« Je suis très heureux de le voir se battre sur le court. C’est bien pour tout le monde de le voir de retour. » Après avoir éliminé Rafael Nadal, Juan Martin Del Potro, finaliste du Masters 1000 de Montréal, était plein de respect pour son aîné. Absent depuis Roland Garros, Rafa avait décidé de jouer simple et double à Montréal. Eliminé au deuxième tour avec son partenaire d’entraînement, Francisco Roy, Nadal est arrivé en quarts de finale du simple au Masters 1000 de Montréal sans avoir dû jouer de match référence.
En effet, bénéficiaire d’un bye lors du premier tour, le numéro 3 mondial avait profité de l’abandon de David Ferrer au bout de sept jeux. En huitièmes de finale, Philipp Petzschner a joué une parodie de match, preuve que même après plusieurs semaines loin du circuit, l’ancien numéro 1 mondial, à l’instar d’un Federer, ou d’un Murray, gagne des matchs avant d’entrer sur le court, quand son adversaire joue contre Nadal et ne joue pas au tennis.
Le phénomène Rafael Nadal est donc de retour sur le court. Le joueur ne l’est pas encore. Éliminé 7–6(5), 6–1 par l’Argentin, après avoir mené 5 points à 2 dans le jeu décisif, le numéro 3 mondial n’a pas encore retrouvé tous les réflexes des meilleurs joueurs du monde. « C’est normal… Après deux mois sans compétition, c’est difficile de jouer à ce niveau. C’est mieux que ce que j’escomptais. J’ai fait jeu égal pendant un set avec le joueur le plus en forme du moment, no ? » On le voit, le verbe traditionnel du Majorquin est également là, mais le flou persiste sur son réel état physique.
En fait, les performances de Nadal résident dans une équation à deux inconnues. Il s’agit pour lui d’accumuler les kilomètres pour être performant, mais s’il en fait trop, la mécanique s’enraille. Il a poussé au bout cette logique lors des six premiers mois de la saison, et ses genoux l’ont stoppé et privé de Wimbledon. Il regrettait d’ailleurs le fait d’avoir joué à Madrid. Mais comment le tournoi de Ion Tiriac pouvait‐il se passer du meilleur Espagnol de l’histoire du tennis et numéro 1 mondial en mai ?
Cette pause forcée a permis à Nadal de se retrouver dans sa position préférée, celle du chasseur, outsider jusqu’à l’extrême. Le meilleur défenseur du circuit n’aime pas être la proie. C’est pourquoi il place Federer devant, sous le spectre du joueur plus doué, plus talentueux. Il vient de se rétrograder derrière Del Potro sous la définition du joueur en forme. Viendra le tour d’Andy Murray, quand sortira une phrase en forme de refrain. « Il est numéro 2 et moi numéro 3, il est le favori logique, no ? » La pression, Rafa n’aime pas et essaye de s’en débarrasser, quand Federer en joue et s’en délecte.
Interrogé par le quotidien suisse, Le Temps, Paul‐Henri Mathieu admet que l’Espagnol devra attendre avant de retrouver son meilleur niveau. « Il ne va pas changer d’approche, je n’y crois pas. Je le vois plutôt travailler dur pour retrouver sa plénitude physique et redevenir le joueur qu’il était. » C’est toute la délicatesse d’un retour sur les courts pour Nadal. Il lui faut du temps pour à nouveau courir normalement, pendant que les autres continuent à sprinter. Tout simplement, il sera incapable de faire un retour à la Sampras ou à la Federer, quand l’Américain et le Suisse, blessés en septembre, étaient revenus en vainqueurs au Masters de novembre. Cet exploit a été réalisé en 1999 par Sampras, et en 2004 par Federer, qui a vécu la même fin de saison en 2005, battu, à deux points près par David Nalbandian en finale à Shanghaï.
« Contrairement à Federer et sa pléthore d’options tactiques, Nadal est vite amoindri lorsqu’il n’est pas au point physiquement », avance Arnaud Di Pasquale, faisant écho de Paulo. « Cette année, on l’a senti dès le tournoi de Madrid. Il était moins précis dans son placement, ses frappes faisaient moins mal. Le moindre souci physique le transforme d’un numéro 1 mondial potentiel à un joueur entre 10 et 30 ATP. » Une déclaration qui colle à la réalité, puisqu’en 2007, Nadal était 11ème mondial en termes de résultats d’août à novembre.
Présent à Cincinnati, Nadal va continuer sa rééducation de joueur de premier plan, entre l’impact physique et les moments clés des matchs à haute tension que cela réclame. « Les genoux vont bien, donc je ne peux qu’être satisfait de mon tournoi », a‑t‐il déclaré après son élimination au Canada. L’US Open commence le 31 août prochain, soit trois semaines après son retour sur les courts. Suffisant pour être prêt ? Le tournoi de Cincinnati sera un autre indicateur, mais seul le clan Nadal sait où son prodige se situe réellement.
Publié le lundi 17 août 2009 à 17:30