Après son match‐suspens qui a fait monter le palpitant de nombreux spectateurs du Lenglen, Gaël est arrivé très calme en conférence de presse. Pas d’excentricités, pas de débordements de joie, le Français s’est juste montré lucide et posé. Extraits.
Vous l’avez gagné à deux reprises, dans des conditions différentes certes, mais sans doute y a‑t‐il une similarité entre ces des matchs. Quelle est selon vous votre arme qui vous permet de neutraliser Ferrer ? Est‐ce votre service, qu’est‐ce que cela peut être ?
J’aime son jeu. Je pense qu’il aime mon jeu. Il aime le rythme. À chaque fois on est très proche. Le match est très disputé. Je dirais que j’ai sans doute plus gagné de points sur mon service et peut‐être aussi sur mon coup droit. Je pense que ce sont de petits éléments‐clés à chaque fois.
Est‐ce qu’après l’interruption, hier, et la reprise aujourd’hui, vous avez réussi à maintenir votre concentration, ou est‐ce que le report vous a agacé ? Deuxième question : lorsque vous avez raté les deux premières balles de match, notamment sur une double faute, sur le coup droit, est‐ce que vous avez douté, est‐ce que vous avez eu peur ?
Pour votre première question : en fait, j’étais plutôt content que l’on reporte au lendemain parce que hier à ce moment‐là je ne voyais plus sur le court. C’était mieux pour moi. En plus, je voulais prendre du temps pour reposer ma cheville. J’étais plutôt content. Deuxième réponse sur la balle de match : quand j’ai raté, cela allait. En fait, c’est la deuxième balle qui m’a surtout fait ce que j’ai car je lui ai montré que je me précipitais un peu sur le point et que j’avais un petit peu peur d’avoir un échange long sur la balle de match. J’étais un petit peu plus vulnérable sur la deuxième balle de match. Ensuite, j’ai essayé de me reconcentrer sur mon jeu, je me suis dit : très bien je vais tenir mon service et s’il me donne une opportunité sur le deuxième service, eh bien je vais essayer de frapper, d’être agressif. Oui, j’ai eu un petit peu peur mais j’avais toujours confiance dans mes coups et j’étais toujours fort dans ma tête.
Comment expliques‐tu que tu arrives à changer de niveau ? À chaque fois tu dis que c’est imprévisible et finalement tu arrives à le reproduire souvent ce changement‐là ?
Oui, c’est pour ça qu’il faut arrêter de me tailler un peu au début ! Je l’avais bien dit avant. Je l’avais bien dit, à partir du moment où je sais qu’il va falloir changer un peu de niveau, je pense que j’ai cette capacité à changer, en plus encore plus à Paris, ici. Je savais qu’en jouant comme j’ai joué les premiers matchs, j’allais me faire déchirer. Je l’ai dit, il me restait deux entraînements. Et j’ai senti tout de suite que je jouais 10 fois mieux. Je me suis remis un coup physique en plus pour reprendre la balle un peu plus tôt, taper plus fort, physiquement ressentir un peu plus mes coups, avoir des coups plus physiques, mais agressifs. Et avec la réussite en plus…
Quelle nuit vous avez passée, est‐ce que vous avez beaucoup dormi ou pas ?
J’ai dû m’endormir à 2 heures 45, 3 heures du matin. C’était une nuit un peu pénible, avec celle qui m’arrivait là encore… J’aime bien avoir un jour pour décompresser, pour être tranquille. Alors que là… Il faut faire semblant d’être faux culs, c’est chiant… C’est un peu chiant… C’est basique… J’ai bossé longtemps avec mon kiné, on avait un peu peur pour la cheville, j’étais quand même fatigué hier. J’ai dû finir de bosser avec lui à une heure et demie du matin. Après, je me suis fait quelques épisodes d’une petite série, deux, trois pages de bouquin et hop, je dors !
Tu vas retrouver Roger pour la troisième fois ici. En quoi le match de demain est‐il complètement différent des deux précédents en termes de contexte, de ta forme, de ce que tu as vécu dans la quinzaine avant le duel ?
Il est différent parce qu’il est différent, parce que c’est un autre match. Cela va rester encore un gros match à faire demain. Roger, pareil, je pense que l’on n’en parle pas beaucoup, mais je crois qu’il déchire quand même tous ses adversaires depuis le début du tournoi, cela va être encore un match dur et peut‐être même plus dur que ceux que j’ai eus par le passé avec lui, parce que je pense que les médias n’en ont pas trop parlé mais moi, j’ai eu l’occasion de parler avec lui au début du tournoi et de voir ses matches, et là il était en grande forme et je pense qu’il a pas mal de choses à prouver. Je m’attends à un match super dur.
Ce sera dur etc. mais cette fois‐ci tu l’auras battu. Tu l’as battu à Bercy en fin d’année dernière, ça compte pour toi et est‐ce qu’avant tu as eu un petit complexe par rapport à lui ?
Cela compte énormément de savoir que j’ai réussi à le battre à Paris. C’est sûr que ça va jouer pour moi pour me relâcher un peu plus. Mais chaque match est différent. Avant, j’y croyais aussi, mais je pense qu’il jouait mieux que moi… J’étais peut‐être un peu plus jeune dans la tête, c’était peut‐être un peu plus dur, maintenant ce sera peut‐être un peu plus différent. Et j’ai eu l’occasion de jouer en début de tournoi avec lui et je m’attends à un match très dur.
Comment tu te sens physiquement. C’est presque un match que tu as disputé aujourd’hui, tu as joué hier, tu rejoues demain ?
Je suis un peu fatigué. Mais c’est toujours pareil, à partir du moment où on arrive à Roland Garros, fatigue ou pas, blessure ou pas, on conclut. Quand je me suis tordu la cheville, j’ai tout de suite dit à mon kiné : « ne panique pas, même cheville cassée, j’arriverai à courir », j’ai bien des courbatures mais je vais jouer ma vie demain encore sur le terrain et on verra bien.
Ta demie 2008 t’avait laissé pas mal de regrets, tu pensais l’emmener dans un cinquième, c’était un match qui t’avait marqué à l’époque ?
Oui, c’était ma première demie en Grand Chelem et la seule. Je commençais à voir Roger piquer un peu du nez physiquement, c’est sûr que je n’étais pas si loin que ça d’être prêt du cinquième. J’avais quelques regrets, mais c’est « oublié », ça va être un tout autre match demain.
De votre envoyée spéciale à Roland Garros
Publié le lundi 30 mai 2011 à 19:35