Que de regrets ! Alors qu’il a eu quatre balles de match dans le quatrième set, Jo‐Wilfried Tsonga n’a pas réussi à se remettre de la perte de cette manche. Novak Djokovic finit le cinquième en roue libre pour finalement l’emporter, 6–1 5–7 5–7 7–6(6) 6–1. Il retrouvera en demies Roger Federer, pour une revanche de l’an passé.
« J’aurais aimé me battre encore plus. » C’est par ces mots que Jo‐Wilfried Tsonga a conclu son aventure à Roland Garros, édition 2012. Des mots qui montrent le regret d’un homme qui est passé tellement près de son exploit. De celui de tout un pays. Par quatre fois, le Français a eu l’occasion de gagner le match. Mais pas seulement. A quatre reprises, il aurait pu mettre un terme à la série de 25 victoires consécutives en Grand Chelem du numéro 1 mondial, Novak Djokovic. A quatre reprises il aurait pu mettre fin au rêve serbe de remporter les quatre Majeurs à la suite. A quatre reprises il aurait pu devenir le premier Français depuis Monfils, il y a quatre ans, à jouer les demi‐finales Porte d’Auteuil. Tant de choses qu’il aurait voulu réaliser. Mais qui ne l’ont pas été. A une balle près.
Pourtant, à la vue du premier set, il était difficile de s’imaginer que Tsonga aurait à un moment la possibilité de mettre Djoko à terre. En 20 minutes, Jo n’arrive à aucun moment à mettre son jeu en place et est dominé dans tous les compartiments du jeu. Manque de longueur, manque de force : il n’y est vraiment pas. Et le début de la deuxième manche n’est pas plus rassurant, bien au contraire. Le Manceau se fait breaker d’entrée et concède un septième jeu d’affilée quand, de son côté, Nole contrôle parfaitement la partie et fait preuve d’une sérénité totale. Alors qu’il n’a réussi seulement deux coups gagnants en… onze jeux (!) le Français se rebelle d’un seul coup. Débreakant à 3–4, il commence à lâcher les chevaux et son attitude devient de plus en plus positive. Au point de commencer à user des volées, un secteur dans lequel il était invisible lors du premier acte.
Malgré tout, quelques fautes plutôt grossières viennent polluer le jeu de Jo. Un jeu qui se met doucement mais sûrement en place, un peu à l’image de son premier tour où, là aussi, il était mené 6–1. Les joueurs se tiennent mais, suite à un énorme bras de fer conclu par Tsonga pour mener 6–5, un déclic s’opère dans l’esprit du Français. Car, en plus d’égaliser à un set partout, il va remporter le deuxième, et ainsi comprendre que l’exploit est vraiment possible. On assiste alors à un superbe mano à mano entre deux joueurs qui se rendent coups sur coups. Lobs, volées amorties, frappes en bout de course : tout y passe et c’est Jo qui semble le plus à même de l’emporter. Une impression qui se confirme à la fin du quatrième set. A 5–4 puis à 6–5, il se procure, en tout, quatre balles de match. Des balles de match qui seront superbement effacées par Djoko. En immense champion.
Sur ces balles là, Tsonga n’a que très peu de regrets à avoir tant Nole les a jouées de manière parfaite. Le Serbe l’emmène alors vers un tie‐break d’une importance cruciale. Et peut‐être décisif. A ce petit jeu là, c’est Jo qui commence le mieux en menant 4–2. Revenu à 6–6, il se retrouve même, une nouvelle fois, avec la victoire à portée de vue. Mais, une nouvelle fois, Djokovic se comporte de magnifique manière et remporte la manche. Usé physiquement par Wawrinka, usé psychologiquement par Nole, Tsonga n’en peux plus. Sa chance est passée et il le sait. Le dernier set, perdu largement, 6–1, relève de l’anecdotique, tant Tsonga a semblé accuser le coup. Il pourra cependant retenir qu’il a fait trembler le meilleur joueur depuis un an et demi. Et, à un point près, il aurait pu le terrasser.
A l’image des performances réalisées par d’autres Français – PHM, Gasquet, Devilder ou Mahut – Tsonga nous aura procuré énormément d’émotions et aura contribué au très bon Roland Garros 2012 côté tricolore. Un excellent cru, même, sachant qu’ils ont battu le record de Français qualifiés pour le deuxième tour. Pour Tsonga, il faudra attendre pour atteindre la demi‐finale dans un troisième Grand Chelem, après l’Open d’Australie et Wimbledon. Et, il le dit lui‐même, cette défaite « peut m’aider à croire en mes chances car je me dis qu’au fond si je parviens à titiller les meilleurs sur terre, alors sur gazon, j’ai encore un plus la foi de réaliser quelque chose de grand ». Quelque chose de grand, c’est justement ce que Djokovic cherchera à faire, vendredi, en affrontant Roger Federer. Un match qui sentira la revanche puisque c’est Roger qui, l’année dernière, avait mis fin à la série d’invincibilité en 2011 du Serbe. Le Suisse est, en plus, l’avant‐dernière marche avant de pouvoir réaliser son Grand Chelem tant espéré. Une marche qu’il a failli ne jamais atteindre. A une balle près.
Publié le mardi 5 juin 2012 à 20:24