Rafael Nadal a connu plusieurs blessures plus ou moins sérieuses dans sa carrière. Le Majorquin est à la fois l’incarnation de la puissance physique, mais aussi de la fragilité. Un paradoxe qui cultive tout le mythe du septuple vainqueur de Roland Garros. A 26 ans et tenu éloigné des courts pour une blessure au genou, Rafa ne sait pas à quel niveau il reviendra. Mais un regard sur son passé peut probablement apporter un élément de réponse.
« Il y a cinq ans, beaucoup de gens se demandaient s’il serait encore sur le circuit à cet âge », explique Stephen Tignor sur son blog ESPN, dont nous nous inspirons pour ce billet. Il est vrai que Rafa est très précoce. Un premier titre du Grand Chelem à 19 ans, ça ne court pas les rues. Et ça montre aussi que le joueur est déjà physiquement au point et apte à endurer un match de très haut niveau. On ne fait pas chuter successivement David Ferrer et Roger Federer à Roland Garros comme ça. C’est cette dimension physique qui depuis a toujours collé à la peau de Nadal. « Regardez ce bras gauche » s’exclament souvent les gens en voyant la musculature du Majorquin. Et ça se ressent sur un court. Il frappe fort. Très fort. Bien souvent trop pour ses adversaires. Le spécialiste de la terre battue est aussi d’une endurance folle, capable d’enchaîner les tournois sans discontinuer. Tout ceci couplé à un fair play indéniable font de Rafael Nadal une légende vivante.
Mais le revers de la médaille a souvent fait douter le gaucher. Il n’a jamais été épargné par les blessures. En 2006, il n’avait pas pu jouer l’Open d’Australie pour un pied douloureux. Un mois d’arrêt. En 2009, ce sont les tendons de ses genoux qui lui jouent des tours. Voilà que Rafa manque Wimbledon. Il revient pour l’US Open fin août mais là encore, le joueur est atteint par une déchirure abdominale. Cette année, c’est une fois de plus son genou qui le fait souffrir. Une nouvelle contrainte avec laquelle le joueur doit composer, mais cette fois‐ci beaucoup plus longtemps que d’habitude. Absent des courts depuis le 2e tour de Wimbledon (perdu face à Rosol), Nadal ne sait toujours pas quand il reviendra au plus haut niveau. On a parlé de Melbourne, puis d’Abu Dhabi et maintenant de la Coupe Davis et du Masters. Mais dans quel état ? Stephen Tignor a peut être une réponse.
« Nadal utilise ses moments faibles comme une motivation. Il se développe quand il est en phase de retour ». L’histoire ne ment pas. Mais il subsiste bien souvent une condition. En 2006, Rafa revient après sa blessure au pied. Il alterne le bon et le moins bon, tapant Federer et déjouant contre James Blake ou Carlos Moya. Ce qui lui permettra de se relancer ? L’argile pardis ! « La terre battue, comme souvent pour Rafa, a toujours été la réponse à ses problèmes », explique Stephen Tignor. Et comment ! Cette année là, il enchaîne 26 victoires en autant de matchs sur la surface ocre. Une performance ahurissante, et qui signe le retour au premier plan de Rafa. Son fait d’arme ? Roland Garros. En 2009, il revient mal. Le Majorquin passe à côté de son Masters avec une élimination en poule. Sans glaner un seul set. Son véritable retour ? A Monte Carlo évidemment. A partir de cette victoire à Monaco, le voilà qui remporte trois Grand Chelems et retrouve sa place de numéro un perdue l’année précédente.
« Tout ce que cela signifie, c’est qu’il sait que le processus de retour vers les sommets ne se fait pas sans souffrir et qu’il prend cette douleur comme motivation. Souffrir, comme il aime à le dire, c’est bon pour lui », poursuit Stephen Tignor. « Si Rafa est intelligent, il va se concentrer sur la terre battue à l’avenir et réduire ses participations sur les tournois joués sur dur », conclut‐il.
Voilà qui fait logiquement écho aux récentes déclarations de Rafael Nadal sur cette possibilité.
Publié le jeudi 4 octobre 2012 à 13:14