Voilà quelques jours que Roland Garros est terminé, l’heure pour nous de faire un petit bilan des différentes performances de nos Françaises et de nos Français. Période d’examens oblige, nous leur avons attribué des notes, de mention très bien à non reçu. De manière générale, les joueurs tricolores nous ont offert un très beau tournoi. En espérant juste que, l’année prochaine, un Français puisse obtenir la mention excellente…
Mention très bien : Tsonga et PHM
Au début du tournoi, Jo‐Wilfried Tsonga disait qu’il était impossible pour un Français de remporter Roland Garros. Certes, c’est – encore – Rafael Nadal qui s’y est imposé, mais Jo n’aurait jamais pensé autant s’y rapprocher. Qui aurait pensé qu’à un point près, il éliminerait le numéro 1 mondial, Novak Djokovic, et se hisserait en demi‐finale ? Alors, malgré une entame de tournoi plutôt difficile avec des sets laissés en chemin au profit de Kuznetsov ou encore Stebe, le Français à réussit un Roland Garros au‐delà des espérances. Et, surtout, au‐delà des siennes.
Des espérances, Paul‐Henri Mathieu en avait peu pour le Majeur parisien. Eloigné des courts pendant 15 mois à cause d’une opération du genou gauche et retombé autour de la 700ème place au classement, PHM se serait sans doute satisfait d’au moins gagner un match. Au lieu de cela, il a vécu trois incroyables batailles. Trois rencontres en cinq sets, dont deux victorieuses, alors que Paulo avait seulement six matches sur le circuit ATP dans les jambes, avant le début du tournoi. Parmi ces batailles, celle face à Isner (n°10) sort, évidemment, du lot. 5h40 de jeu, 18–16 au dernier set pour le deuxième match le plus long de l’Histoire de Roland Garros : il est difficile de se dire, qu’il y a encore peu, c’est pour le fait de pouvoir rejouer au tennis que Paulo se battait…
Mention bien : Gasquet, Clément, Mahut, Roger‐Vasselin, Devilder et Razzano
Pour la quinzième et dernière participation d’Arnaud Clément Porte‐d’Auteuil, le Français a fait les choses à son image : en ne lâchant rien et en véritable marathonien. Victorieux en cinq manches face à Bogomolov Jr. au premier tour, il ne connaîtra pas pareille satisfaction, malgré, là aussi, cinq sets disputés, face à la révélation Goffin au tour suivant. Mais, pour la Clé, l’important n’est pas dans le résultat. Ayant « du mal à être triste » à l’issue de son dernier match, il retenait surtout « une chance de dingue d’avoir pu vivre ça pendant tant d’années ».
On retiendra aussi, chez les femmes, la belle histoire écrite par Virginie Razzano. Minée par de lourds problèmes personnels il y a encore un an, la Française réussit l’exploit d’éliminer une des favorites de ce tournoi et peut‐être l’une des meilleures
joueuses de l’Histoire, Serena Williams. Alors menée d’une manche et 5–1 au tie‐break, dans la deuxième, Virginie parvient à trouver des ressources morales insoupçonnables pour finalement l’emporter. Un an après un premier tour joué, suite à une promesse respectée, et fini en pleurs, sur ce même court Central, Razzano démontre au monde quelle championne elle est. Championne sur le terrain, mais aussi dans la vie.
On attendait beaucoup de Richard Gasquet. Fort d’un quart de finale à Rome, avec en prime une victoire sur Andy Murray, c’était un Gasquet en forme qui se présentait Porte‐d’Auteuil. Solide contre Zopp, puis magique, par moments, contre Dimitrov et Haas, le Français butte finalement en huitièmes contre… Murray ! Malgré un premier set remporté 6–1, Richard ne réussira pas à faire abstraction du « cinéma » orchestré par le Britannique. On attend souvent beaucoup de Richard Gasquet. Et c’est l’une des premières fois où il ne nous a pas vraiment déçu.
Du côté des autres tricolores qui ont bien réussi à se comporter durant cette quinzaine, mentions spéciales à Nicolas Mahut et Edouard Roger‐Vasselin qui, malgré des tirages difficiles face aux ogres Federer et Del Potro, ont réussi à prendre un set à leur adversaire respectif. Enfin, jolie performance de Nicolas Devilder, moins bien classé du tableau, qui passe deux tours avant de tomber contre Djokovic.
Mention assez bien : Johansson et Benneteau
Mathilde Johansson restera la joueuse française ayant eu le meilleur parcours à Roland Garros, avec un troisième tour. Seule qualifiée à ce niveau là, autant dire que le niveau chez les filles était bien bas, Mathilde avait pourtant un bon coup à jouer pour aller en huitièmes. Un coup qu’elle n’a pas su bien négocier, malheureusement. Mais un troisième tour, meilleure performance de la Française à Roland, reste très positif, surtout pour une joueuse sans sponsor et achetant ses tenues en boutique.
Pour Julien Benneteau, le seul fait d’avoir pu participer au Grand Chelem est une réelle performance en soit. Blessé à une cheville à Monte Carlo, jouer à Paris semblait fortement compromis. Mais, motivé par la possibilité d’encore se qualifier pour les JO et de jouer devant son public, Julien s’est armé de courage et à réussi à être de la partie. Sans être à 100% de ses moyens, il réalise malgré tout un bon tournoi, éliminé seulement au troisième tour par un Janko Tipsarevic (n°8) qu’il aura tout de même embêté.
Pas de mention : Simon, Foretz‐Gacon, Pavlovic et Feuerstein
Tête de série numéro 11, on attendait un peu plus qu’un troisième tour pour Gilles Simon. Pourtant devant – deux sets à un – face à Wawrinka, on espérait un duel franco‐français en huitièmes avec Tsonga. Malheureusement, Gilou a craqué et a envoyé le Suisse en découdre avec Jo. Après deux premiers tours dont il s’est sorti de justesse, Simon doit se rendre à l’évidence qu’il doit changer quelque chose dans son jeu. Plus d’agressivité ? Moins d’attentisme ? Ce qui est sûr, c’est qu’il est un des Français qui auront le moins brillé durant cette quinzaine, alors qu’il jouait sur sa surface favorite – la moitié des tournois qu’il a remportés dans sa carrière étaient sur ocre.
Avec Razzano, Johansson et Bartoli, Stephanie Foretz‐Gacon, Irena Pavlovic et Claire Feuerstein sont les seules joueuses à avoir passé un tour à Roland, cette année. Du fait de leur faible nombre, cela méritait bien d’être mentionné. Si Foretz‐Gacon et Pavlovic avaient peu de chance de s’imposer face à Li Na et Medina‐Garrigues, Feuerstein avait, elle un bon coup à jouer. La Grenobloise menait 4–0 dans la troisième manche face à Bratchikova avant de se faire rejoindre puis battre.
Pas reçues : Bartoli, Cornet et Garcia
Si, du côté des hommes, les éliminations prématurées de Rufin, Dasnières de Veigny ou Mannarino ne sont pas vraiment une surprise, on attendait plus de Marion Bartoli, Alizé Cornet et Caroline Garcia, chez les dames. Demi‐finaliste l’an passé, la numéro 1 française n’a pas fait mieux qu’un deuxième tour. Minée par ce problème récurrent avec la fédération concernant la Fed Cup et les JO, et ayant connu une préparation catastrophique, cette contre‐performance n’est pas étonnante. Il n’y a qu’en soulageant son esprit qu’elle soulagera son tennis. C’est donc en partie à cause de la méforme de Marion que l’on croyait aux chances de Cornet, finaliste la semaine passée à Strasbourg, et Garcia, qui avait posé les pires difficultés à Sharapova à Roland 2011. Mais les deux ont disparu dès le premier tour, dans le plus relatif anonymat. De plus, si Caroline veut avoir l’avenir que Murray lui prédit – « un jour, elle sera numéro 1 mondiale ! » – il va falloir qu’elle se mette sérieusement à faire ses devoirs. Et peut‐être qu’un jour, elle finira Roland Garros sans la moindre fausse note.
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Publié le mercredi 13 juin 2012 à 15:00