A l’occasion de cette finale France‐Suisse, nous avons voulu en savoir plus sur le Club France Coupe Davis. Logique, donc, de rencontrer son Président, Michael Llodra. Interview.
Mika, tout le monde ne connaît pas forcément le Club France Coupe Davis. Peux‐tu nous dire exactement comment il a été créé ?
En fait, à partir de la victoire de l’équipe de France en Suède, à Malmö, en 1996, sous l’impulsion d’Arnaud Boetsch, l’idée de créer une association dans laquelle les joueurs qui avaient défendu la France se retrouveraient de temps en temps a progressivement fait son chemin. Par la suite, une fois que les critères d’admission ont été définis, l’association s’est très vite concentrée sur l’objectif d’aider les anciens joueurs en difficulté. Aujourd’hui, c’est cet état d’esprit qui est notre objectif premier, notre colonne vertébrale. Le Club France Coupe Davis a pour mission de soutenir ces membres quand ils sont dans une situation compliquée.
Mais quels sont réellement les critères pour faire partie de ce cercle très fermé ?
C’est très simple : sont sociétaires tous les joueurs ayant eu une sélection en équipe de France ou qui ont remporté une médaille aux Jeux Olympiques. Aujourd’hui, le Club France Coupe Davis est donc composé de 53 membres.
Une sélection, cela veut dire que le membre a obligatoirement joué pour la France ?
Non, sélectionné, cela veut dire être dans le groupe qui représente la France. D’ailleurs, à ce sujet, j’ai une anecdote assez drôle. Michel Leclerq, à son époque, avait été sélectionné, mais, comme l’équipe n’avait pas les moyens de payer le déplacement aux quatre joueurs, il était resté à Paris, tout en faisant partie de l’équipe. Et, bien qu’il n’ait pas joué, il est un membre du Club France Coupe Davis à part entière. Arnaud Di Pasquale, grâce à sa performance aux JO de Sydney, a aussi fait évoluer les choses. Je crois, d’ailleurs, que les critères sont bons et qu’il ne faut pas les élargir à d’autres compétitions ou autres performances que la Coupe Davis et les Jeux Olympiques. Autrement, cela n’aurait plus le même sens. L’idée, c’est d’avoir représenté les couleurs de son pays.
Est‐ce que la Fédération reconnaît votre utilité ?
Oui, et elle nous aide financièrement. Nos rapports sont plus que cordiaux, tout le monde a bien compris qu’on était là pour servir les intérêts du tennis en général et ceux des champions qui avaient défendus les couleurs du drapeau national.
On imagine que jouer le rôle de président, tout en étant encore dans le groupe, cela doit être lourd à gérer…
Tu plaisantes (rires) ! Ce n’est que du plaisir ! En ce moment, j’ai un peu de temps, vu que je suis blessé (NDLR : l’entretien a eu lieu début octobre). Plus sérieusement, je ne suis pas tout seul. J’ai un bureau très actif avec Gilles Moretton, Lionel Roux, Stéphane Simian et Julien Benneteau.
Oui, dans le milieu, on dit que c’est le gang des Lyonnais…
J’ai entendu cela (rires) ! Quand je me suis positionné pour être Président, c’était aussi dans le but d’être actif, de proposer des idées et de faire évoluer un peu les choses.
- « Le Club France Coupe Davis a pour mission de soutenir ces membres quand ils sont dans une situation compliquée »
Tu parles d’une mission d’aide… Comment est‐ce que le Club France parvient à financer ses actions ?
En organisant des événements. Pendant la Coupe Davis, par exemple, nous commercialisons des packs de relations publiques avec un petit plus, car on implique nos membres. Ils sont présents aux cocktails, dans les loges avec nos clients ; ils peuvent jouer avec eux également. Là encore, l’idée n’est pas de se transformer en société d’événementiel, mais de valoriser notre savoir‐faire en s’appuyant sur notre compétition : la Coupe Davis. Évidemment, quand la France joue toute l’année à domicile, on a beaucoup de travail.
Avec France‐Suisse, cela doit dépasser l’entendement…
Comment dire… France‐Suisse, 26 000 spectateurs… difficile de faire mieux en termes d’affiche.
En‐dehors de la Coupe Davis, vous avez d’autres envies ?
L’équipe de France de Coupe Davis, cela représente beaucoup dans notre pays. Ce Saladier fait vraiment partie de notre culture, ce n’est pas le cas de partout. L’aura d’un joueur qui a porté le maillot bleu est forte. Il n’y a qu’à voir l’ambiance qu’il y a à chaque rencontre pour comprendre que l’on sort du cadre classique du tennis. D’ailleurs, j’en profite pour remercier encore le club des supporters de l’ASEFT, qui fait un boulot fantastique. Quand on est sur le court, cela fait souvent la différence. Mais, pour revenir à la question (rires), on travaille sur différentes pistes. Il y a des idées classiques d’exhibitions, d’un trophée annuel… Encore une fois, cela doit répondre à nos critères, à savoir, venir en aide.
A quoi peuvent servir les revenus de cette année, par exemple ?
Clairement, nous avons tous été en état de choc quand nous avons appris ce qui arrivait à Jérôme Golmard (NDLR : il souffre de la maladie de Charcot). Naturellement, on s’est retroussé les manches en se disant qu’il fallait tout mettre en place pour lever des fonds, générer des revenus, afin de lui venir en aide pour ses traitements, ses soins. C’est aussi cela, l’objectif. Avoir des fonds qui peuvent servir au moment opportun.
On te sens très « leader ». Est‐ce que tu es déjà dans une forme de reconversion ?
Il ne faut pas m’enterrer trop vite, quand même (rires). En 2015, j’ai décidé de faire encore toute la saison, mais simplement en double avec Nenad Zimonjic. Inutile de te dire que l’on a de vrais objectifs. Néanmoins, ma carrière est plus derrière moi que devant, je dois le reconnaître… Mais ma présidence du Club France est indépendante de mes futures activités, il ne faut pas tout mélanger. Je travaille déjà sur plusieurs sujets, notamment avec mon équipementier Sergio Tacchini, avec qui il y a un bon feeling. Cela a été une vraie rencontre, l’équipe est très motivée, avec des passionnés. On a quelques beaux projets qui vont voir le jour.
Un pronostic pour la finale ?
Tu oses me poser cette question, c’est incroyable ! La France, évidemment, peu importe le score et la manière. Mais la France, oui…
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Publié le samedi 15 novembre 2014 à 14:00