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« Ne pas déna­turer le beach tenni »

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L’été approche… Avec ses chaleurs et ses vacances telle­ment atten­dues, vous prenez, heureux et soulagés, la direc­tion des plages, de la mer et du farniente. Mais le tennis ne s’arrête pas pour autant… Et, plutôt que de suer toute l’eau de votre corps meurtri par une année de boulot – de métro et de dodo aussi – sur des courts en goudron brûlants, c’est le moment de vous lancer dans une autre disci­pline : le beach tennis. Du sable, une raquette et des vagues à deux pas… Le pied ! GrandChelem est parti à la décou­verte de ce sport à part entière, à l’esprit unique, qui surfe sur une vague formi­dable d’initiatives et de profes­sion­na­li­sa­tion. Un sport qui était, hier, un sport de demain, et qui est, aujourd’hui, réso­lu­ment, un sport… de maintenant.

DOSSIER SPECIAL BEACH TENNIS.

Aujourd’hui, partons à la décou­verte de ce sport avec Olivier Samaran et David Mottin, joueurs, passionnés et force­ment impli­qués dans le beach tennis. Ils ont accepté de jouer le jeu d’une inter­view croisée. Plutôt logique qu’ils relèvent ce chal­lenge, amou­reux d’un sport qui se pratique exclu­si­ve­ment en double…

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Comment en êtes‐vous venus à jouer au beach tennis ?

Olivier Samaran (OS) : En fait, j’ai été seconde série au tennis (3÷6). Mais, à un moment donné, j’ai manqué de moti­va­tion et d’envie. J’ai eu l’op­por­tu­nité de tester le beach tennis ; cela m’a tout de suite plu. Le fait de jouer avec un pote, l’am­biance des compé­ti­tions… Je me suis rendu compte que, ce qui me plai­sait réel­le­ment jusque‐là, c’était les matches par équipe plus que les tour­nois pour améliorer mon clas­se­ment. Comme j’étais aussi un amateur de beach volley depuis toujours, le beach tennis est arrivé au meilleur moment. 

David Mottin (DM) : Moi, j’avais orga­nisé à Toulouse, en 2001, un concept qui s’ap­pe­lait « tennis plage ». L’idée, c’était de jouer au bord de la Garonne, sur du sable, avec un terrain de mini‐tennis. C’était un peu les prémices du beach tennis. Depuis, je ne me suis jamais arrêté (rires).

Cela veut dire que vous avez arrêté de jouer au tennis traditionnel ?

OS : Oui, car c’est dur de faire les deux de façon opti­male. Maintenant que je parti­cipe au circuit mondial, je dois avoir une certaine rigueur d’en­traî­ne­ment pour être compé­titif. D’autant que le niveau augmente chaque année… Et je sais de quoi je parle, car je fais partie des pion­niers (rires). Je m’oblige à jouer au moins deux fois par semaine et à être au top physi­que­ment également.

DM : Non, moi je pratique encore les deux. Je suis profes­seur dans mon club, je ne me vois pas privi­lé­gier un sport par rapport à l’autre, je n’ai pas envie de faire un choix. Mais, en beach, je n’ai pas le niveau d’Olivier (rires)… enfin, pas encore !

Le beach tennis, c’est dur physiquement ?

OS : Le dépla­ce­ment dans le sable est fati­guant et il faut le travailler pour savoir écono­miser son énergie. Cela passe par un travail spéci­fique du jeu de jambes qui n’a rien à voir avec celui du tennis tradi­tionnel. L’autre point central du beach tennis, c’est le coup d’œil, il faut réagir vite, anti­ciper… parfois plonger (rires) !

DM : C’est certain que le beach tennis solli­cite d’autres muscles, c’est un sport de sensa­tions. Déjà le contact des pieds nus avec le sable change la donne. Et celui de la raquette avec la balle est aussi très particulier.

De plus en plus de nations s’in­ves­tissent dans le beach tennis. Avez‐vous eu le loisir de voyager pour le vérifier ?

OS : Oui, c’est tout à fait vrai. J’ai eu la chance de parti­ciper à des tour­nois en Floride, en Italie, bien sûr, mais aussi à Saint Martin ou à l’île Maurice. A la Réunion, égale­ment, et dans le temple de la disci­pline, à Aruba. Partout, j’ai constaté que cela prenait.

DM : Je n’ai pas vrai­ment eu l’oc­ca­sion d’aller à l’étranger régu­liè­re­ment. Mais je dirais que je voyage via les réseaux sociaux qui sont très impor­tants pour que notre commu­nauté bouge et se donne des infor­ma­tions. Pour répondre à la ques­tion, c’est clair que la disci­pline est en train de grandir partout aux quatre coins du monde. 

Tous les acteurs qu’on inter­roge sont impli­qués dans des projets de clubs ou d’évé­ne­ments… C’est aussi votre cas ?

OS : C’est l’une des forces de cette disci­pline : elle est jeune et c’est aussi à nous de l’ac­com­pa­gner dans sa progres­sion. Je suis basé à Montpellier, j’ai démarré, au tout début, par une compé­ti­tion sur la plage de Palavas‐Les‐Flots. Et, main­te­nant, je me suis investi dans Factory Beach Tennis, une section que j ‘ai mise en place. Pour cela, je peux m’ap­puyer sur une struc­ture couverte où je partage ma passion avec ceux des autres disci­plines dites de « sable ».

DM : Pour moi, c’est le plus impor­tant, car l’avenir appar­tient aux prati­quants. Dans mon club (NDRL : le Tennis Club de Castanet), j’ai insisté pour qu’un court soit construit. Tout de suite, cela a fonc­tionné. D’ailleurs, je pense que le beach tennis est aussi une chance pour les jeunes : on s’y amuse très rapi­de­ment, l’ap­pren­tis­sage se fait beau­coup plus vite que dans le tennis tradi­tionnel ; et, comme on sait que les jeunes sont moins patients que par le passé, je vous laisse imaginer les pers­pec­tives de développement.

L’une des clefs, c’est d’avoir des struc­tures couvertes ?

OS : Au très haut niveau, c’est une évidence, car nos concur­rents possèdent ce type d’ins­tal­la­tions ou béné­fi­cient de condi­tions météo­ro­lo­giques maxi­males. Cela va venir, je ne suis pas inquiet, on va vite voir que c’est indis­pen­sable. Mais il ne faut pas non plus déna­turer notre sport qui se joue quand même majo­ri­tai­re­ment sous le soleil et au bord de la mer, sur une plage. 

Vous n’avez pas peur que l’es­prit beach tennis s’éteigne avec le déve­lop­pe­ment de la disci­pline, l’organisation, le prize‐money…

OS : J’ai déjà pointé quelques petits signes, mais rien d’alar­mant. En fait, je trouve qu’il y a des joueurs qui roulent un peu des méca­niques main­te­nant qu’ils ont un clas­se­ment mondial, alors que cela n’en vaut pas vrai­ment la peine. Mais notre ADN sera plus fort et la nature‐même de notre disci­pline évitera de tomber dans ces pièges. On peut faire du sport de très haut niveau sans se prendre toujours au sérieux. 

DM : Le niveau augmente et, forcé­ment, il y a des joueurs qui sont de mieux en mieux préparés. Cela implique qu’ils y passent plus de temps et qu’ils abordent les compé­ti­tions de manière un peu moins détendue que par le passé. Mais, atten­tion, l’es­prit est là et il sera toujours là. Là‐dessus, je n’ai aucune inquiétude. 

Amener des joueurs de tennis de haut niveau à se recon­vertir dans le beach pour lui donner un espace média­tique, c’est une possi­bi­lité et une bonne solution ?

OS : Au début, il fallait bien cibler des joueurs poten­tiels, donc on a cherché à attirer des secondes séries, c’était logique. Néanmoins, je ne pense pas que notre explo­sion passe par la visi­bi­lité de grands joueurs de tennis qui vien­draient faire notre publi­cité. Ce ne serait pas cohé­rent, car, je le répète, on est vrai­ment une disci­pline tout à fait diffé­rente, avec ses spécificités.

DM : Ce serait vrai­ment une mauvaise idée et cela ne serait pas effi­cace. Si des pros veulent venir, ils seraient bien sûr accueillis, mais je ne suis pas certain qu’ils aient le temps (rires).

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