Au lendemain de sa victoire en finale de l’Open d’Australie, le champion olympique a tenu à aborder l’épineuse question du calendrier. Il s’est adressé aux autorités du tennis pour rappeler que la fréquence des tournois sur dur est éprouvante, voire dangereuse pour les organismes des joueurs.
Rafael Nadal aura attendu de remporter son premier tournoi du Grand Chelem sur dur pour hausser le ton, évitant que certains l’accusent de chercher à avant tout défendre ses propres intérêts. « Le calendrier sur dur, plus chargé que celui sur gazon ou terre battue, fait mal à l’organisme et nous jouons de plus en plus sur cette surface » a lancé le numéro un mondial. « Selon mon humble opinion, il faut changer ça. Je peux dire ça parce que j’ai gagné un Grand Chelem sur dur. Parce que si je dis ça, beaucoup de gens vont penser : « Il veut changer parce que c’est un joueur de terre battue ». Mais croyez moi, je ne réfléchis pas en fonction du fait que je sois un joueur de terre battue ou pas. »
L’année passée, le neveu de Toni avait atteint les demi‐finales à l’Open d’Australie et à l’US Open. En 2008, il avait au total disputé 10 tournois sur dur et amassé deux titres sur cette surface.
Pour cette édition 2009 à Melbourne, Rafa a notamment dû lutter durant 5 heures et 14 minutes ‑le plus long match de l’histoire du tournoi‐ face à son compatriote Fernando Verdasco en demi‐finale. « Faire face à cette agressivité et jouer sur ce rythme tout le temps du 1er janvier au 31 décembre est impossible », a‑t‐il ajouté.
En décembre dernier, son oncle et entraîneur Toni, plus coutumier du fait, avait déjà critiqué la lourdeur du calendrier et l’importance conférée à certaines surfaces. Il s’en était alors pris ouvertement à Etienne De Villiers, l’ancien patron de l’ATP : « Je crois que l’on doit changer beaucoup de choses…, avait dit Toni. La première, la plus importante : qu’il n’y ait pas trop de blessures. J’en ai parlé avec l’ancien président de l’ATP, Etienne De Villiers. Je lui ai dit : « C’est incroyable que vous ne pensiez pas à la santé des joueurs, que l’on pense plus au spectacle ». Aujourd’hui, si Rafael, Tsonga, Gasquet se blessent, qu’est‐ce que cela signifie ?… La balle va trop vite, la surface est beaucoup trop dure. Et l’on joue 11 mois sur 12 ! Chaque fois, la rivalité est plus forte, l’écart de niveau se réduit. Chaque match est trop dur pour l’organisme. Alors j’ai dit à De Villiers : « Oui, tu as fais un changement… Tu veux rabaisser l’importance des tournois sur terre, rétrograder ces tournois‐là, alors que la terre est la meilleure surface pour les joueurs. C’est incroyable ! S’il y a bien une surface où les joueurs ne se blessent pas trop, c’est la terre battue. Ou l’herbe, à la limite. Parce ce ne sont pas des surfaces trop dures. Je crois que c’est mal pour Roland‐Garros si l’importance de la terre battue baisse. Si Roland‐Garros n’est plus le 1er tournoi du monde, ou le 2e ou 3e, ce n’est pas bien. La santé des joueurs, c’est le plus important ».
Avant d’entamer le premier tournoi du Grand Chelem de la saison, Rafael Nadal avait déjà rejoint l’idée du président du conseil des joueurs, Roger Federer, de décaler l’Open d’Australie de quinze jours.
Publié le lundi 2 février 2009 à 14:44