L’entame de match…
Au premier set, il n’y avait pas un grand tennis, mais c’est ce qu’il fallait. Il n’y avait pas énormément de fautes, ça faisait des points. Ce n’était pas forcément tactique. C’était plus à celui qui allait rentrer dans le terrain, qui allait oser. Il l’a mieux fait sur les points importants. La balle de set en est vraiment la preuve, il a dominé. j’ai eu deux ou trois occasions, que je ne saisis pas. A 6–5, je perds une balle de break. J’essaye de faire un échange trop long. Je joue trop sur son coup droit. En fait, j’aurais dû viser son revers. Pareil pour la balle de set : je pense être agressif, mais je ne le suis pas pour mon deuxième service. Je suis trop mou, lui donne trop de temps pour que lui m’agresse.
Le couac
Derrière, j’ai manqué de lucidité. Au deuxième set, je me suis complètement perdu. J’ai beaucoup de regrets sur cette deuxième manche, c’est vraiment ça la grosse déception pour moi. Si je veux améliorer mon niveau, je dois apprendre à gérer ces moments‐là. J’ai perdu le premier set, certes, mais j’aurais dû être plus concentré sur le deuxième. Je me suis agacé tout seul ! Et j’ai commis des fautes un peu bêtes. Pour battre ces joueurs‐là, il faut que j’arrive à rester à 100 % dedans. Lui donner tout de suite lui donner le message que je m’agaçais, ce n’était pas bon. Au troisième, même si je me remets dans la partie, c’est cadeau pour lui. Il mène deux sets à zéro, peut se relâcher. C’est différent. Auparavant, j’aurais pu couler tout le match. Là, j’ai réussi à me relever. C’est ce manque de lucidité au deuxième set qui me déçoit le plus. Mais je vais apprendre par cette défaite.
L’expérience a‑t‐elle primé ?
On peut le voir comme cela. Mais je ne le vois pas ainsi. Aujourd’hui, il a été plus fort que moi. Il a mieux joué que moi, a mieux vu le jeu. C’est la deuxième fois que je le rencontre à peu près à ce stade. C’est plus que son jeu me fait bien chier ! Il me fait plus chier que les autres… A moi de travailler, de trouver des solutions, de rester plus constant. Cela me plaît. C’est un nouveau challenge. C’est rare… Non, pas rare, mais j’arrive de plus en plus à ce stade. Si je veux vraiment prétendre à gagner un titre, il faudra que je batte de tels joueurs. Je vais jouer de plus en plus souvent, j’espère. Cela me fait plaisir.
L’état d’esprit
Si je veux prétendre gagner un Grand Chelem, je ne peux pas avoir un moment off comme je l’ai eu dans le deuxième set. Après, le jeu tactique, il n’y a pas de problème. C’est un match. J’ai fait mon match. Mentalement, il faut savoir rester fort à ce moment‐là…
Le genou
Aujourd’hui, ça allait. Je n’ai pas trop changé mes habitudes. Je vais continuer à le soigner. On arrive sur gazon. Ce sera plus dur pour moi physiquement par rapport au genou. Je vais continuer à beaucoup travailler dessus. La machine (le « Zamar ») est à Londres. Ils sont basés à Londres je crois. Je pourrais continuer avec. Je pourrais même en acheter une ! (sourire) Je fais un quart de finale ici, dans trois semaines j’ai encore la possibilité de briller en Grands Chelem. Je reste très concentré pour les trois semaines qui arrivent.
Coup de mou…
A un moment, je ne me suis pas senti bien. J’avais un peu mal au ventre, un coup de moins bien physiquement. J’ai demandé au Doc (Montalvan, ndlr) des vitamines. Je sais qu’il y a des gels très riches en sucre. Ça m’a donné un coup de boost. Je pense que je n’ai pas engrangé suffisamment de matches en fait. Je n’étais pas vraiment en pleine forme.
Pourquoi Federer est gênant
Contre moi, il arrive toujours à changer sa façon de jouer. Parfois, il est super agressif. Quand il prend la balle tôt, je ne sais pas forcément me positionner. Il arrive à bien lire mon déplacement. C’est un des seuls mecs qui arrive à me faire glisser. Il joue beaucoup derrière moi, en contre‐pied. Ça va tellement vite… C’est un des seuls face à qui, lorsqu’il attaque, je me retrouve comme tout le monde. D’autres personnes peuvent attaquer, je vais courir, il n’y a pas trop de problème. Face à lui, je pars un peu d’un côté. Il « masque » parfaitement… Et puis il y a un moment important : son petit chip court. Il pète un peu les c……. J’en chie ! A la fin, c’est rageant. J’ai l’impression que je l’ai, mais il me fait un truc pourri. Je le sais mais je ne peux rien faire.
Mots échangés sur la poignée de main
Je lui ai dit « bon courage », et que j’espérais que celle‐là serait pour lui…
Pourquoi Federer a de fortes chances de gagner enfin Porte d’Auteuil
Il joue bien, c’est vrai. Je pensais qu’il allait faire plus de fautes directes. Mais il n’en a pas perdu beaucoup. Il reste encore deux matches difficiles pour lui à jouer, mais il peut le faire. Il a vraiment des très bons résultats sur terre battue. Il a déjà fait trois fois finale ici, et est très motivé. Pourquoi pas ?
Wimbledon
Je ne vais pas tarder à partir à Londres pour le Queens. Après, je ne sais pas trop. Je vais peut‐être partir ce week‐end. Roger Rasheed (mon entraîneur) m’a dit qu’il avait une bonne recette pour moi. Il m’en parlera plus tard, là, il me laisse respirer. Il m’a dit des choses positives : qu’il pensait avoir la solution pour que j’aime un peu plus le gazon, que si je l’écoutais bien on allait faire un grand Wimbledon.
Le public
Le public français respecte beaucoup Roger. Ils ont plus de mal à se lâcher. Au début, il était vraiment partagé. A la fin, 2 sets à zéro, 4 partout, ils sont là. Ce n’est pas trop tard, mais bon… Ce n’est pas facile. C’est plus dur lorsque l’on joue un joueur comme lui. Il est vraiment respecté. Les gens ont envie qu’il gagne une première fois ici. Avoir l’aide du public est plus difficile dans ce contexte que dans d’autres matches.
Gael, peut‐être trop respectueux de « Rodgeur »?…
Non, je ne le pense pas. J’ai réussi à franchir ce cap. L’aide du public m’aurait été utile, mais je comprends vraiment. En ce qui me concerne, j’espère vraiment le battre un jour…
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Publié le mercredi 3 juin 2009 à 20:38