AccueilSimon : "Content de m'en être sorti"

Simon : « Content de m’en être sorti »

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Gilles, si l’on t’avait dit avant la rencontre que tu gagne­rais en cinq sets, tu aurais a priori signé tout de suite. Quel senti­ment domine à la fin de ce match ? Le soula­ge­ment ? Le senti­ment du devoir accompli ?
Je suis très content d’avoir gagné parce que j’at­ten­dais un match très dur, celui‐là. Il y avait autant de chance que je le gagne ou que je le perde. Je suis bien content de m’en sortir.

C’est un match qui fait du bien, après une période un peu plus délicate ?
Ce qui fait du bien, c’est de gagner un match à la bagarre, alors que, les derniers, je les ai perdus chaque fois. J’en gagne un. Pendant 3 heures et demie, j’ai fait beau­coup d’ef­forts et, fina­le­ment, je suis arrivé à gagner. Je suis content.

Tu as dit que tu regar­dais Roland Garros à la télé­vi­sion quand tu étais petit. Au moment d’en­trer sur le court, par rapport au fait d’être sur le Central, comment te sentais‐tu ?
C’est toujours mitigé. On est impa­tient d’y aller, parce que c’est pour cela qu’on joue au tennis. Il faut le recon­naître, on a aussi un peu peur d’aller sur le terrain, parce qu’on ne sait jamais comment cela va se passer. J’ai essayé de bien préparer ce match dans ma tête afin, dans les moments diffi­ciles, d’ar­river à passer au dessus, d’essayer de faire l’ef­fort de gagner chaque point, chaque jeu que je pouvais. Manière ou pas manière, l’im­por­tant est de réussir à gagner.

Avec cette victoire, peut‐on dire que le vent est en train de bien tourner ? Ou est‐ce trop tôt pour le dire ?
C’est beau­coup trop tôt. J’ai eu beau­coup de désillu­sions ces derniers temps, de matches où j’ai bien joué et, juste derrière, de salles défaites. Je prends match par match. Je suis content d’avoir gagné ce match parce que c’était diffi­cile. Mon adver­saire était constant, faisait peu de fautes, me faisait courir. Il a fallu que j’aille le cher­cher. Je ne retiens que cela aujourd’hui.

Quand tu dis « manière ou pas manière », c’est limite « on s’en fout ». Tu es axé sur « il faut gagner ». Le jeu d’at­taque, tu oublies, tu reviens aux schémas que tu connais, sur lesquels tu es en confiance ?
Oui. Je ne me voyais pas arriver sur le terrain, jouer super bien et gagner en 3 sets. Je m’at­ten­dais plus à un match diffi­cile. Après, je pense que cela a été la clef du match, les moments où j’ai été le cher­cher, où j’ai frappé plus fort et fait des points gagnants. Quand j’étais trop atten­tiste, il me bala­dait. Il m’a fait beau­coup courir, c’était fati­gant. J’ai été perfor­mant sur mon service aujourd’hui. J’ai fait beau­coup de points gratuits avec mon service ou avec des balles courtes à jouer derrière. Je suis bien aller le cher­cher, sauf si parfois je retiens.

Tu n’étais pas un peu trop loin de la ligne ?
Pourquoi, on ne me voyait plus à la télé­vi­sion ? (Rires) ça arrive. Par moments, j’avais du mal à prendre le dessus. Il sert toutes les zones, il varie beau­coup en première et en deuxième. Quand il a pris le jeu avec son coup droit, il le masque bien. Ce n’est pas facile d’an­ti­ciper où il va jouer. Même s’il ne joue pas très vite, il trouve beau­coup d’angles. Lorsqu’il a l’échange en main, il est très dur de reprendre l’as­cen­dant, de frapper fort. Chaque fois, j’étais loin derrière ma ligne, oui, mais aussi loin dans le couloir. Ce n’est pas super agréable comme posi­tion pour frapper fort.

C’était une première sur le court central. Il n’y avait pas 15 000 spec­ta­teurs, mais plusieurs milliers de spec­ta­teurs qui criaient « Gillou ». On a envie de gagner pour eux ?
C’est sûr que cela aide. Sentir le public qui est là, qui nous encou­rage, cela donne beau­coup de force. Des personnes handi­ca­pées sont au bord du court ; quand tu es fatigué et que tu les regardes, tu as envie de courir, de te déchirer. Si aujourd’hui je gagne, alors que les semaines précé­dentes je ne passais pas toujours sur les matches diffi­ciles, c’est en grande partie grâce à cela. Ils ne m’ont pas lâché du début à la fin. Cela fait beau­coup de bien.

Comment te sens‐tu au niveau de la confiance après un tel match ?
Mieux. Mais cela met du temps à revenir. Cela fait du bien parce que, jusqu’au bout, ce n’est pas fini. A 54, il faut faire les points, il faut faire le jeu. Le jeu est dur, à 54 au cinquième. Quand je sers, je commence à avoir mal partout. Je suis très content de le finir, surtout en faisant trois points gagnants dans le jeu.

As‐tu douté à un moment ?
Non jamais. C’était facile ! (Rires) Bien sûr, il y a eu beau­coup de moments diffi­ciles, surtout au début du cinquième. Je sauve des balles de break en servant bien. Si je m’étais fait breaker, cela aurait pu être autre chose.

Tu dis que le public t’a porté. Cela peut aussi crisper ? La peur de mal faire, d’être sorti au premier tour peut crisper ?
Oui, cela crispe beau­coup, mais c’est dans un premier temps. Quand on rentre sur le Central, on a envie de bien faire. Il y a du monde, on a envie de bien jouer. On tape. Cela ne va pas comme on veut, mais il faut faire avec. Quand cela fait plus de 3 heures que l’on est sur le terrain, le cerveau ne réflé­chit plus beau­coup. C’est pour cela que l’on joue mieux. On est plus en sensa­tions. On gère mieux son effort. A ce moment‐là, on oublie tout. On essaie de ne garder que le positif. C’est là que l’on se rend compte que le public fait énor­mé­ment de bien.

Cette cris­pa­tion est‐elle liée au fait que c’est Roland Garros ou on la retrouve dans d’autres tournois ?
On la retrouve partout. C’est toujours la même, à diffé­rents degrés. Certains jours, on a peur, mais ça va. Certains jours, on a très peur. Il faut juste arriver à passer au‐dessus.

Penses‐tu avoir touché le fond des problèmes à Dusseldorf ?
J’ai plutôt trouvé mes réponses à Dusseldorf. J’ai arrêté de me poser des ques­tions. A partir du moment où l’on essaie de recons­truire quelque chose, on reprend du début. On reprend de zéro. Cela met du temps.

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